L’AS Roma et une colonne vertébrale touchée

Par Anthony Maiorano publié le 09 Mar 2018
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Pour les supporters romains, cela est désormais devenu une fâcheuse habitude. Celle d’affronter les moments d’une saison caractérisés par des passages à vide compromettant les éternelles ambitions du début. Voici une année, un collectif sous la houlette d’un parfois regretté Spalletti mettait à mal tous les objectifs préfixés en l’espace de quelques sorties. Discours identique lors de l’ultime mission du lieutenant Rudi Garcia qui lui avait occasionné une inéluctable mise à pied dès mi-parcours. Avec Di Francesco en chef de file, le départ a été plutôt prometteur avec une assimilation précoce de ses idées de jeu. Les évènements ont pris une tournure regrettable avant Noël avec une succession de mauvais résultats et une entrée de force dans une spirale négative agaçante. Les raisons peuvent être multiples, entre affaissement mental et physique, une impuissante lucidité en zone offensive mais également les performances en deçà du milieu de terrain giallorosso. Réputé comme l’un des meilleurs au niveau national, l’empire du milieu romain est actuellement en alerte rouge.

Radja, le casse-tête chinois

Bonhomme providentiel, le Belge a probablement été l’élément le plus pénalisé par les ajustements exigés par son coach. Positionné en meneur de jeu depuis maintenant deux ans avec des résultats probants à la clé, ce dernier a dû reculer d’un cran et ses velléités offensives ont subi les effets secondaires du 4-3-3 à la Zeman de Di Francesco (prônant tout de même un majeur équilibre de l’équipe, en témoigne le statut d’une des défenses les plus solides du pays). Beaucoup plus éloigné du territoire de vérité, il a bien évidemment un mineur impact dans la construction qu’il compense toutefois par un abattage illimité. Un repositionnement qu’assume pleinement le natif d’Anvers malgré les blâmes incessants des tifosi romains sur les réseaux sociaux réclamant un changement de configuration et un retour au 4-2-3-1. Chose récemment effectuée et qui a vu une légère amélioration des automatismes et mis en valeur certaines individualités. Or, qu’il semble loin le Ninja percutant, régulier dans la performance et décisif du passé. A l’heure actuelle, il comptabilise deux seules réussites contre dix la saison passée à la même période. Mais pas que. Au niveau des tentatives de tir (37 vs 50), des frappes cadrées, ou encore de la présence dans les 16 mètres adverses, les chiffres sont en baisse. Aussi en matière de ballons interceptés (0.61 vs 0.90), récupérés (6.50 vs 6.57) et de duels remportés (1.11 vs 1.43). Alors, simple problème de position ?

Di Francesco : « À comparer de cette saison, chaque frappe de Nainggolan de l’exercice dernier finissait volontiers sa course sous la latte du gardien. » Le témoin Handanovic est appelé à la barre.

Un jeu amorphe et stéréotypé

Il serait injuste de se focaliser uniquement sur le cas de Nainggolan. A ses côtés, ses coéquipiers sont également souvent en perdition depuis quelques temps. Strootman n’est plus que l’ombre de lui-même et ses prestations de haut vol se comptent sur les doigts d’une pauvre main. Difficile de lui faire porter le chapeau de manière absolue en sachant les dures épreuves que l’ancien joueur du PSV a enduré. Dès lors, son manque de rythme et d’idée sont flagrants. Lorenzo Pellegrini prend lui gentiment ses marques et connaît déjà les méthodes de son actuel entraineur. Doté de bonnes qualités techniques et d’une vista appréciable, le Transalpin, dans un bon jour, semble être le seul capable d’amener de la variation ainsi qu’un brin de fantaisie au milieu qui manque à l’appel depuis le départ de Miralem Pjanic. Même si elle monopolise le ballon dans la plupart des rencontres, l’équipe peine énormément à produire un foot vertical, rapide et varié, plus particulièrement lorsqu’elle est opposée à des blocs compacts et bien regroupés. Souvent, par manque de courage, d’inspiration ou encore de mouvements aux avant-postes, les Romains se contentent de faire tourner le ballon sans réelle intention au bout. En début d’exercice, le jeu se déportait souvent sur la gauche où l’effectif pouvait compter sur les débordements incessants et les formes étincelantes de Kolarov et Perotti. Depuis un compréhensible coup de moins bien de la part du Serbe notamment, des solutions ne sont que très peu trouvées, engendrant des pertes du cuir évitables et une identité tactique à peaufiner.

Depuis son retour de sa longue et usante convalescence, la machine néerlandaise carbure au ralenti (31 matchs, 1 but, 0 assist, 1.89 % de contribution aux réussites totales des siens). En y intégrant Gerson, 7 buts seulement sur 53 (13.21 %) ont été réalisés par les individus du milieu.

Quelles stratégies d’avenir ?

Le récent périple du directeur sportif Monchi à la rencontre du président Pallotta allait dans ce sens. Une discussion notamment axée sur un potentiel renouveau du contingent. Les sirènes étrangères viendront probablement à nouveau sonner du côté de Trigoria en été pour Nainggolan, Strootman ou encore Pellegrini et les dirigeants se devront d’être fins et intelligents dans le but d’œuvrer pour le bien du club. En outre, De Rossi bénéficie d’un des salaires les plus élevés mais est néanmoins en roue libre depuis un certain temps tandis que le pari Gonalons s’avère être un échec. De fait, la prochaine fenêtre des transferts pourrait s’apparenter à un total renouveau de la maison romaine, du moins dans ce secteur précis.

Roberto Pruzzo, idole des années eighties, déclarait même dernièrement : « Le milieu de terrain est un réel point faible de la Roma. Ceux actuels sont plus performants dans l’interdiction du jeu adverse que dans la création de situations offensives. Il leur faut un joueur de tout premier ordre. » Paroles d’évangile.




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Anthony Maiorano

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