Le Duel : Donnarumma VS Buffon
Placement ou réflexes ?
Deux critères bien distincts qui néanmoins fonctionnent de paire. En effet, un bon placement garanti déjà une sécurité certaine. Un effort de moins à faire dans la conquête du ballon qui file atterrir dans la lucarne ou le petit filet. Et sur ce plan là, Buffon a fait du déplacement constant sa marque de fabrique. Soucieux jusque dans les moindres détails, on le voit souvent se déplacer minutieusement pour faire face à l’action et fermer les angles de tir au maximum. Avec le passage des années, ces ajustements sont devenus presque naturels et lui permettent de compenser des réflexes moins tranchants ou spectaculaires. Car ce qui fait la vraie force de Buffon, c’est sa capacité à être déjà là où le ballon va atterrir. Peu d’arrêts miracles donc, mais une sérénité continue qui lui a permis d’aller décrocher le record d’invincibilité, il y a quelques semaines, en Serie A. Rien que ça.
La situation est particulièrement différente pour le jeune Donnarumma qui mise sur une longue détente (1 mètre 96 le « petit ») et des réflexes de félin pour rattraper un placement parfois approximatif. Faut dire qu’à 17 ans, l’expérience, on connaît pas. Il compense avec une autre approche, au feeling, digne de l’adolescent qu’il est en somme. Mais sa fougue, combinée à ses qualités, est un atout indéniable. Ses sorties aériennes sont très autoritaires et rassurent son monde. Nul doute que Gigi et Gigio s’envient leurs qualités respectives. Reste que le jeune gardien milanais a encore beaucoup de choses à apprendre mais du temps. Une chose qui manque cruellement à notre Buffon national.
Vainqueur : match-nul
Balle au pied
La Juventus, en Europe comme en Italie, ne rechigne pas à rester confinée en défense. Si elle joue plus le cuir en Serie A, elle ne s’en débarrasse jamais et le fait souvent tourner pour trouver la faille. Tout le monde y passe, même Buffon qui touche donc particulièrement souvent le ballon. Depuis les premières années Conte, il a la consigne de ne jamais balancer et de jouer avec ses défenseurs, de se montrer disponible. Néanmoins, il ne semble jamais vraiment à l’aise avec ses pieds. Ses contrôles de balle donnent parfois des frissons. Rigide, il trimbale parfois difficilement sa carcasse pour se défaire du marquage d’un défenseur. Gardien depuis son plus jeune âge, on sent bien qu’il n’apprécie guère d’avoir le ballon dans les pieds et ne se risque jamais à un crochet. Sûrement sa seule faiblesse.
Gigetto est quant à lui plus joueur. S’il ne cache pas son admiration pour son aîné et modèle italien, Donnarumma avoue étudier le bavarois Neuer, notamment en ce qui concerne son jeu balle au pied. Plus jeune, plus fou, plus joueur il tente parfois quelques crochets bien (ou mal) sentis et n’hésite pas à se faire presser pour libérer un défenseur et lui passer la balle. Bosseur, c’est d’ailleurs un des points qu’il travaille le plus à l’entraînement. Une façon de plus de se démarquer du modèle type de gardien à l’italienne, très précis et appliqué.
Vainqueur : Donnarumma
Gestion de la défense
Le temps et l’expérience ont fait leur œuvre. À tel point qu’aujourd’hui Gigi semble diriger sa défense par la pensée. Prolongement naturel de la BBC bianconera, les trois lieutenants Bazagli-Bonucci-Chiellini ont été moulés les indications de son gant et le souffle de ses reproches. Des ajustements de placement, une demande de marquage sur corner ou un retour au calme après avoir encaissé un but. Une communication constante qui fait que la Juventus se retrouve aujourd’hui avec l’un des quatuor défensif les plus solides d’Europe. Et qui a encore le temps de se perfectionner. Car Buffon semble en avoir encore sous la pédale et ne veut pas ranger ses gants avant la Coupe du Monde 2018. Gourmand.
Donnarumma a vu les doublettes de défenseurs centraux s’enchaîner. Et si le poste fixe de Romagnoli semble donner quelques certitudes, son affiliation à tantôt Alex, tantôt Zapata rend les choses instables. Pour Donnarumma, cela ne semble pas changer grand chose et, comme il le dit mi-février dans la Gazzetta Dello Sport, il « ne pense qu’à bien jouer, lui« . Pourtant, la continuité pourrait lui apporter une plus grande sérénité lui permettant, sans aucun doute, de créer une alchimie semblable à celle décrite plus haut.
Vainqueur : Buffon
La rédac’ tranche
Malgré un duel accroché, Buffon s’en sort aux points et à l’expérience, tel Apollo Creed contre Rocky Balboa. Une victoire sûrement influencée par la légende qu’il est et que nous avons la chance de voir plonger tous les week-end à travers la péninsule. Reste que Donnarumma est, pour son âge, impressionnant. Espérons qu’il ne se brûle pas les ailes trop vite, car tout le monde en Italie lui a trouvé son prochain job. Même Gigi.
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