L’Inter se réforme

Par Giuliano Depasquale publié le 11 Mai 2017

Crédits

La révolution interne à l’Inter ne date pas d’aujourd’hui, cela fait depuis 2012, avec l’arrivée d’Erick Thohir, que le club tente de se réformer. Pas question pour l’Indonésien d’effectuer de gros transferts, mais plutôt de redresser les comptes. Seulement, même si de nouveaux partenariats ont été créés et des méthodes marketing ont été mises en place pour renflouer les caisses, l’Inter a tout de même commencé l’exercice actuel avec une dette supérieure à 30 millions d’euros. L’UEFA a d’ailleurs demandé de réduire le montant en dessous du chiffre cité, dans le respect du fair play financier, au risque d’imposer des sanctions lors d’une prochaine qualification pour une compétition européenne, en plus d’une amende de 7M. Heureusement pour l’Inter, le groupe chinois Suning est venu apporter son aide en juin 2016, rachetant 70% du capital social du club, contre un investissement de 280M, tout en promettant un projet visant à redorer le blason des Milanais. À l’heure actuelle, la dette est descendue en dessous des 30M, alors qu’elle s’élevait à 110M en 2015. Dès lors, le club est convoqué devant l’UEFA, le 30 juin, afin de présenter un bilan équilibré.

Sabatini renforce le staff, Oriali arrive

C’est confirmé depuis ce mercredi matin : Walter Sabatini est le nouveau coordinateur technique de Suning Sports et donc de l’Inter. L’ancien de la Lazio, de Palermo et de l’AS Roma vient apporter son expérience et ses qualités, qui ont bien aidé les clubs par lesquels il est passé. On peut ainsi nommer quelques bons coups, tels que Kolarov, Behrami et Lichtsteiner qu’il a fait signer chez les Laziali, Pastore, Abel Hernández et Iličić chez les Siciliens, ainsi que Marquinhos et Lamela chez les Giallorossi, dont la vente a servi à renforcer l’effectif à travers les transferts de Strootman, Nainggolan ou encore Benatia. Evidemment, il y a également eu quelques loupés, comme Iturbe (24M) et Gerson (18M)… Quoi qu’il en soit, il arrive renforcer le poste de Piero Ausilio, directeur sportif de l’Inter dont le contrat est fraîchement renouvelé jusqu’en 2020. Ce dernier avait déjà « nettoyé » l’effectif interista après Marco Branca, rehaussant considérablement le niveau des joueurs. Ce noyau interne pour la gestion du sportif devrait se compléter cet été avec le retour de Gabriele « Lele » Oriali au poste de manager, alors qu’il officie dans le staff de la Nazionale depuis 2014. Cet ancien joueur nerazzurro connaît très bien le club, puisqu’il a occupé plusieurs postes techniques et sportifs de 1999 à 2010. Même si le fait d’avoir connu les grandes années du club ne garantit rien, avoir une personne qui connaît aussi bien l’Inter et ses valeurs ne peut être que bénéfique.

La question du coach

Il s’agit de la grande question qui alimente les journaux italiens depuis plusieurs mois : qui sera aux commandes de l’Inter la saison prochaine ? Malgré les mauvais résultats de l’équipe, Pioli demeurait parmi les noms, mais son limogeage a changé la donne, relançant d’autant plus les rumeurs sur Conte et Simeone. Cependant, si le premier devrait difficilement lâcher son poste de coach à Chelsea, avec qui il a une aventure européenne à mener, rien n’empêche le second, sinon son envie, de quitter l’Atlético. Certes, Suning aurait soumis des offres de 15M par an aux deux concernés, mais il s’agit là d’entraîneurs qui fonctionnent par passion, même si personne ne peut rester insensible à un gros chèque. Avec l’arrivée de Sabatini, les rumeurs concernant Spalletti se font plus insistantes, mais aussi pour Emery, que le nouveau coordinateur technique de Suning Sports voulait, à l’époque, attirer à l’AS Roma. Le choix de l’entraîneur sera certainement le point le plus important de la réforme du staff. Les tifosi ont d’ailleurs déjà établi leurs critères, demandant une personnalité forte, capable de motiver les joueurs et de les empêcher de se relâcher à la moindre déconvenue.

Et Zanetti dans tout ça ?

Si l’Inter manque d’une figure emblématique sur le banc, c’est aussi le cas parmi les dirigeants. Bien que président, Thohir ne s’est jamais imposé devant la presse pour parler clairement de la situation de l’équipe, en donnant un avis tranché, et le constat est encore pire du côté de Zanetti. La légende du club occupe naturellement un poste emblématique, mais il n’agit pas en fonction, se limitant à un rôle de représentant. Ses interventions après les matchs sont très rares et son implication dans la motivation de l’équipe ne semble pas faire partie de ses préoccupations. Certes, Zanetti n’a jamais été un grand meneur, laissant volontiers aux autres anciens, comme Cambiasso ou Materazzi, le soin de remotiver les troupes, mais la présidence du club lui tend les bras, alors que Thohir ne devrait plus faire long feu. Il s’agira donc pour l’Argentin de retrouver de l’assurance et d’assumer son rôle, à la manière de Massimo Moratti, avec moins d’excès quand même.

Finalement, à l’aube d’une véritable révolution qui, si elle est bien menée, pourrait marquer le début d’une nouvelle ère, l’Inter doit effectuer des choix cruciaux pour le futur du club et ainsi ramener l’espoir et la fierté auprès d’un public nerazzurro qui est à bout, après tant d’années médiocres. Les premiers changements, avec Suning, Sabatini et sûrement Oriali, laissent espérer des débuts prometteurs, avec enfin un projet sérieux mené par des personnes compétentes. L’été sera sans aucun doute décisif, avec en premier plan la venue du nouvel entraîneur, qui devra être capable de redonner confiance en l’équipe et la mener vers une qualification en Champions League, pourtant déjà impérative cette saison-ci.