Comment l’Italie a-t-elle pu en arriver là ?
La Nazionale ne participera donc pas à la prochaine coupe du monde… Une première depuis 1958. Au delà du niveau de jeu de l’équipe, de l’entraîneur, ou même du football italien de manière globale, l’idée est surtout de comprendre comment, d’un point de vue réglementaire et organisationnel, l’Italie a pu se retrouver dans cette situation. C’est donc l’occasion de se replonger dans les méandres du classement FIFA et du système de qualification pour la coupe du monde.
Le coup du chapeau
La squadra azzurra rate le coche en échouant lors de son barrage contre la Suède. Quand on sait que le Pérou, l’Iran ou le Panama se sont qualifiés, il y a de quoi trouver cela étonnant que deux nations comme l’Italie et la Suède doivent se disputer une seule place. Mais les règlements FIFA sont clairs, chaque continent a son quota d’équipes à envoyer en coupe du monde. Soit, cela s’entend, notamment si l’on est un défenseur de la représentativité (plus ou moins) équitable des différents continents lors des compétitions internationales. Mais alors pourquoi la Suède ? les équipes soit disant « têtes de séries » ne sont-elles pas censées s’éviter lors de barrages ? et bien sur le papier oui : tous les deuxièmes de groupes européens devant passer par les barrages sont regroupés dans deux chapeaux, un premier regroupant les équipes les mieux classées au classement FIFA (Italie, Suisse, Croatie, Danemark) ainsi qu’un deuxième regroupant les équipes les moins bien classées, le but étant que les équipes d’un même chapeau ne puissent pas se rencontrer. Sauf que voilà, la Suède faisait partie du chapeau deux à la vue de son classement FIFA, tout comme la Grèce, même si plus d’une vingtaine de places les séparaient. Pas de bol, comme on dit.
Organisation du tirage au sort pour les barrages d’accession à la coupe du monde 2018.
Le coup du chapeau, le retour
Mais du coup, comment l’Italie s’est-elle retrouvée en barrage ? surtout après un parcours en groupe de qualification plutôt rondement mené (23 points, une seule défaite). A titre de comparaison, la France et la Serbie ont terminé premières de leur groupe avec respectivement 23 et 21 points. La réponse ici est simple : si l’Italie a fini deuxième c’est évidemment dû à une équipe d’Espagne qui a survolé cette campagne de qualification (28 points sur 30 possibles), se plaçant comme un prétendant plus que crédible à la coupe du monde en Russie. Mais alors par quel miracle l’Italie et l’Espagne ont-elles pu se retrouver ensemble dans un groupe de qualification ? Surtout quand certains autres groupes n’avaient que la Serbie et le Pays de Galles ou la Pologne et le Danemark comme équipes majeures. Ici, la réponse se trouve dans l’organisation du tirage au sort des groupes de qualifications. Lors du tirage il y a 2 ans à Saint-Pétersbourg, les 54 équipes européennes étaient réparties dans différents chapeaux en fonction du classement mondial de la FIFA de juillet 2015. Les neuf meilleures équipes européennes de ce classement se retrouvaient automatiquement dans le chapeau 1 des têtes de série, et ainsi de suite jusqu’au sixième chapeau. L’Italie ne faisait tout simplement pas partie du chapeau 1. Elle était 17ème, aux portes du chapeau 3 (!). Les 9 premiers du classement européen étaient à cette époque, dans l’ordre, l’Allemagne, la Belgique, les Pays Bas, le Portugal, la Roumanie, l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Espagne et la Croatie. La Nazionale était donc vulnérable de tirer « du lourd ». Et ça a été le cas.
Chapeaux du tirage au sort pour les qualifications à la coupe du monde 2018.
L’échec de 2014
Mais alors, comment l’Italie a-t-elle pu se retrouver dans les tréfonds du classement FIFA, seulement 3 ans après sa finale d’Euro ? là encore, pour trouver des explications, il faut ressortir la calculette et essayer de comprendre le « théorème » FIFA et son calcul du coefficient. Le nombre de points qu’il est possible de gagner pour un match international dépend des facteurs suivants : Valorisation du résultat du match (victoire, nul, défaite); importance du match (allant d’un simple amical à un match de Coupe du Monde); valeur de l’adversaire selon son classement mondial + coefficient confédération. Ces facteurs sont combinés dans une formule qui permet d’obtenir les points qui font évoluer les équipes au sein du grand classement FIFA, né en 1993. L’Italie, qui avait grimpé à la 4ème place après sa finale d’Euro, a dégringolé pour une simple et bonne raison, sa coupe du monde 2014 catastrophique (élimination au premier tour, une seule victoire, deux défaites) mais également à cause d’une campagne de matchs amicaux assez terne et des prestations en début d’éliminatoires de l’Euro 2016 en demi teinte (deux nuls contre la Croatie et la Bulgarie). La bonne performance lors de l’Euro français a malheureusement eu lieu trop tard pour corriger le tir. Evidemment, si la squadra azzurra ne s’est pas qualifiée pour la prochaine coupe du monde, ce n’est pas à cause de deux matchs nuls en match amical contre l’Eire et le Luxembourg en 2014. Mais c’est certainement, même si c’est de manière indirecte, sa saison internationale 2014/2015 qui a plombé en partie ses possibilités de mettre toutes les chances de son côté pour aller en Russie. Et ça, au moins, Giampiero Ventura n’y pouvait rien…
Le comble dans toute cette histoire ? C’est que malgré la non qualification, l’Italie vient de gagner 2 places au classement FiFA après la mise à jour de fin novembre. Ironie quand tu nous tiens.
Evolution de l’Italie au classement FIFA de novembre 2013 à nos jours. Source : FIFA-world-ranking.com
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