Dossier Mancini : genèse d’une évolution tactique – Partie 1/3 : Ses mentors
Pendant cet Euro, et depuis que Roberto Manicini a repris les rênes de l’équipe d’Italie en 2018, la Squadra Azzurra propose un jeu très intéressant et divertissant. Afin de comprendre la « Fabrique » de Roberto Mancini, nous allons, au sein d’un dossier consacré au sélectionneur, revenir sur sa trajectoire, et sur l’évolution de sa vision tactique.
Un joueur hors du commun
Comment parler de Roberto Mancini sans raconter l’histoire du joueur extraordinaire qu’il était. Joueur technique, au touché soyeux, il évoluait très souvent en meneur, ou en 9 et demi. Doté d’une excellente vision du jeu, il a formé l’un de duos les plus prolifiques de la Serie A avec Gianluca Vialli. Complémentaires dans le jeu, et ami dans la vie, les Gemelli del Gol ont contribué à faire de la Sampdoria l’un des clubs phares de la fin de années 80-début 90.
Après avoir été formé à Bologna, il débute en Serie A, avec la Sampdoria, qui l’achète en 1982, suite aux injonctions du visionnaire Mantovani, qui le courtisait ardemment. Il arrive en Ligurie en même temps que les stars anglaises Liam Brady et Trevor Francis. Son comparse Vialli le suivra deux ans plus tard, pour ne plus le lâcher. Il devient même adjoint du sélectionneur au sein de la Nazionale 25 ans plus tard.
Boskov, à la folie
C’est sous la baguette de Vujadin Boskov que la Sampdoria connaîtra l’une des plus belles pages de son histoire. C’est d’ailleurs l’entraineur Serbe, un vieux « loup » des bancs de touches, qui a déjà conquis un championnat d’Espagne et une Champions League avec le Real, pris les rênes du Real Saragosse, de l’Ascoli entre autre, qui lui donnera le gout pour la gestion des hommes et la science tactique. Il deviendra l’un des mentors de Mancini qui l’influenceront, au moins en début de carrière, sur sa philosophie de jeu.
Jeu d’instinct, pressing haut, équipe toujours en mouvement, n’hésitant pas à utiliser toute la largeur du terrain, armé d’ailiers virevoltants et de génies du ballon, les préceptes de Boskov, qui voulaient que le football soit « un jeu avant des résultats », propose un jeu total. Et il voyait dans le natif de Jesi, son relais parfait sur le terrain, un entraineur de talent en devenir. Ils auront tout gagné pendant cette période notamment le championnat, la Coppa Italia, la Coppa delle Coppe et atteint la finale de la C1 face au « grand » Barcelone de Cruijff.
Eriksson, le pragmatique
L’autre entraineur qui va largement influencer la carrière de Mancini sera Sven-Goran Eriksson. Après l’avoir coaché à la Sampdoria (où les résultats ne seront pas au rendez-vous hormis une Coppa Italia gagné) à la suite de Boskov, il retrouve le numéro 10 à la Lazio. Trop vieillissant pour les Blucerchiati (il a 32 ans), il va être du nouveau cycle triomphal de la Lazio de la fin des années 90-début 2000, et rafler de nouveau trophées, comme la Coppa Italia, la Coppa delle Coppe et bien sûr le dernier scudetto laziale en 2000.
A l’issue de la saison, il deviendra le bras droit d’Eriksson qui lui enseignera un football à l’antipode du philosophe Serbe. Le jeu du Suédois repose alors plus sur un bloc compact au milieu de terrain qui étouffe les adversaires, un 4-5-1 (fig. ci dessous) qui se meut très rapidement en un 4-2-3-1 ou 4-3-3 explosif, ou en 4-1-4-1 avec Almeyda devant la défense comme premier relanceur.
Composé d’un entre-jeu rugueux et agressif (Simeone, Almeyda, Sensini ou Veron), il s’entoure de défenseurs, durs sur l’homme, mais aux relances précises, comme Mihajlovic ou Nesta, pour lancer les flèches que sont Nedved, Stankovic ou Sergio Conceicao sur les côtés, les coursiers feux follets, et Mancini placé en milieu gauche en phase de repli.
Nous avons pris le temps de parler du jeu d’Erikson pour montrer l’influence, sur les choix tactiques de Mancini, du Suédois. Nous y reviendrons par la suite dans notre dossier. Lors de la saison 2002-2003, le Mancio, alors tout jeune entraineur, prend les reines de la Fiorentina. Les résultats seront en dents de scie, malgré une Coppa Italia gagnée, et l’équipe de Florence connaitra la pire saison de son histoire avec une rétrogradation et un état de faillite déclaré la saison suivante, qui ne permettra même pas à la Viola de s’inscrire en Serie B.
Dans la foulée, la Lazio le signe pour deux ans en 2004, au sein d’une équipe elle-aussi sujette à des vicissitudes financières et politiques (départ de Cragnotti, crise de l’endettement). Il remporte malgré tout une seconde Coppa Italia en tant qu’entraineur.
Et puis… et puis… lors de l’intersaison 2006, Moratti, le président de l’Inter, qui est un amoureux du Mancio, le recrute, pour écrire une autre partie de son histoire.
Dossier sur l’évolution tactique de Mancini :
1. La Genèse
2. Un football pragmatique : Inter et Manchester City
3. La crise existentielle
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