Mandzukic, le guerrier silencieux

Par Leo Carta publié le 08 Déc 2015
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mandzukic

Tête baissée

Juillet 2015. Mandzukic débarque à Turin devant des tifosi sceptiques. Après une saison en demi-teinte à l’Atletico, d’apparence seulement (20 buts en 43 matchs TTC), il rejoint la Juventus contre 19 millions d’euros pour combler le vide laissé par Tevez. Mais la rupture encore douloureuse du départ de l’Apache rend son arrivée insipide. Pire encore, le montant dépensé pour son recrutement semble injustifié face aux timides « ventes » du club (qui, rappelons-le, laisse l’Argentin et Llorente partir gratos) et pour beaucoup, son arrivée sonne comme une compensation maladroite, voire forcée. Telle une aventure éphémère que l’on s’impose dans le but d’oublier l’amour perdu. Et, malgré son but en Supercoppa contre la Lazio, ses premiers matchs avec la Juve ne font que confirmer ces doutes. Titulaire pour les deux premiers matchs de Serie A, Mario est, comme le reste de l’équipe, critiqué. Peut-être même plus que les autres. Car dans le jeu, le manque d’automatismes le rend presque inutile offensivement et ses premières prestations ne sont que de longues errances, de longs pressings à la recherche d’un ballon souvent dans les pieds adverses. Physiquement pas au top et techniquement limité, Mandzukic galère. Mais son acharnement et son abnégation le rendent indispensable aux yeux d’Allegri qui le sollicite à chaque match ou presque (12 titularisations, 3 entrées en jeu et un seul banc sur les 16 matchs auxquels il est convoqué). Un entêtement qui porte ses fruits pour la première fois en Champions League, contre Manchester City, où il marque son premier but de la saison. Tête baissée il bosse dur pour regagner une condition physique acceptable et rentrer dans les schémas de jeu bianconeri.

Tête blessée

À titre de comparaison, Mario Mandzukic est aux attaquants ce que Giorgio Chiellini est aux défenseurs. Un ouvrier, un généreux. Souvent sanguinolent, la tête (ou le coude) pansée. Crade dans son jeu et parfois provocateur, il aime jouer au contact des défenseurs. Corps à corps. S’engageant dans des duels loin d’être sensuels. Actif et tout-terrain, il devient surtout de plus en plus clair que Mandzukic recueille l’héritage de Tevez, que bon nombre voyaient destiné à Dybala. Au pressing ou à la récupération, le Croate ne se ménage jamais et termine souvent sur les rotules. Une marque de fabrique juventina chère aux tifosi. Physiquement imposant, il monopolise bien souvent plusieurs défenseurs, créant des espaces exploités par ses coéquipiers. En témoigne le but de Cuadrado lors du Derby de la Mole où, dans la surface, le Croate attaque le premier poteau et entraîne avec lui Moretti. Même chose contre le Milan AC ou contre la Lazio vendredi dernier. Chargé par deux -voire trois- défenseurs, il libère à chaque fois Dybala de marquages trop serrés et laisse l’Argentin faire parler la poudre. Et c’est cette association, proposée sans relâche par Allegri, qui commence à porter ses fruits et semble, sur le papier, la plus cohérente. Car Mandzukic est l’inverse du joueur que l’on attendait. Joueur de renom et d’expérience, Mario a gagné partout où il est passé. Humble, il ne s’en vante ni ne s’en contente. Il bosse. Altruiste, il se donne corps et âme, se sacrifiant au service de l’équipe. Statistiquement décisif, il ne score que des buts importants (ouvertures de score, égalisations, buts victorieux). Et City s’en souvient. Ces prestations sans étincelles mais pleines de cynisme ont d’ailleurs poussé le chouchou Morata sur le banc. Celui que l’on attendait tous et dont l’association avec Dybala nous faisait rêver. D’aucuns en veulent d’ailleurs au Croate de lui barrer la route ou à Allegri de moins solliciter l’Espagnol. Toujours est-il que Mario continuera à bosser. Et ce, malgré les critiques et le scepticisme. Car c’est l’histoire de sa vie. Lui l’ouvrier. L’ombre. Le généreux. Le guerrier silencieux.




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Leo Carta

Rédacteur Juventus



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