Les meilleurs joueurs du Milan AC : 4ème

Par Romain Simmarano publié le 14 Avr 2017

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Etait-ce un centre mal ajusté au destin chanceux ? Ou était-ce bien une frappe si extraordinaire qu’elle fascine encore à bien la regarder aujourd’hui ? Quoiqu’il en soit, ce 9 décembre 2001, la légende de Fanta Sheva est déjà en marche. Il vient de claquer l’un des plus beaux et plus difficiles buts de sa carrière, face à un Gianluigi Buffon impuissant. Aidé par Javi Moreno, il passe 3 joueurs turinois, décale sur sa droite à quelques 35 mètres du but, et décoche cet improbable missile en lucarne opposée. L’Ukrainien est déjà solidement installé en Serie A à cette époque. Arrivé à l’été 1999 pour 25 millions de dollars, il décroche le titre de capocannoniere avec 23 buts dès sa première saison. C’est un exploit fondamental que seul Michel Platini avait réussi avant lui, en 1982. Il répétera d’ailleurs ce tour de force en 2003-2004, saison de toutes les reconnaissances pour le natif de Dvirkivščyna. Il y remporte le Championnat d’Italie, pour la première et dernière fois, et en tirera l’hiver suivant la distinction individuelle suprême, ce Ballon d’Or que ni Maldini ni Seedorf, ses glorieux coéquipiers, n’obtiendront. A Milan, il aura tout connu, tout gagné. En quantités limitées, certes, mais rien ne lui aura échappé en club sous la tunique rossonera. Mais ce n’est pas tout. Ce n’est pas qu’une histoire comptable, une histoire de galerie de trophées. Shevchenko, aux chiffres affolants, aux statistiques de bulldozer, est aussi le grand amour tourmenté des années 2000 au Milan AC.

Berlusconi, au nom du père

Quelques mois après son arrivée au club, Mykola Shevchenko, le père du bomber, est hospitalisé d’urgence. Il doit subir une opération à coeur ouvert sans quoi ses jours sont comptés. L’Ukrainien, en digne fils, s’occupe de tout et s’en ouvre à son Président, dont la proximité avec « ses » joueurs rend possible ce type d’échange si personnel. Ni une, ni deux, il Cavaliere mobilise un chirurgien de pointe, fait admettre Babbo Shevchenko à la prestigieuse clinique San Matteo de Pavie, celle où Berlusconi est soigné. S’installe entre les deux hommes une relation d’amitié qui ne s’éteindra jamais. Elle aura d’ailleurs conduit Shevchenko à faire de l’ancien Président du Conseil italien le parrain de son fils Jordan. Cependant, cette histoire d’amour de 1999 à 2006 s’installe aussi avec les supporters milanais. Personne dans les tribunes de San Siro n’a oublié le « regard d’Old Trafford » de l’Ukrainien. Ce regard de tueur implacable qu’il jette à Gianluigi Buffon avant d’aller le crucifier avec le tir au but vainqueur de la finale de Champions League. Ce regard vengeur, au terme d’une saison de galères et de blessures, pour Shevchenko qui marque de son empreinte ce trophée dont il n’a pas forcément été le principal artisan.

Regrets et souvenirs

En 2006, encore perclus de blessures, Shevchenko indique à son Président et son entraîneur Carlo Ancelotti qu’il veut aller voir ailleurs. En Angleterre, précisément. Le 14 mai 2006, Sheva regarde le dernier match de la saison des Milanais depuis la Curva Sud, aux côtés pour la dernière fois de ses supporters qui lui supplient de ne pas partir, de réviser son jugement. Peut-être aurait-il dû le faire et ne jamais quitter le Milan AC. Il aurait peut-être dû, lui, faire partie de ces Sénateurs jusqu’au bout. Tout cela aurait été logique. Tout cela lui aurait évité la désillusion de Chelsea et aurait bouclé cette formidable histoire de manière juste. Il n’en a rien été; ne restent que les souvenirs de l’insaisissable Ukrainien. Pour toutes ces raisons, pour tous ces buts, tous ces points rapportés à un club qui ne l’oubliera jamais, Andriy Shevchenko est « notre » quatrième plus grand joueur du Milan AC depuis 1990.