Les meilleurs joueurs du Milan AC : 5ème
Comment un joueur directement arrivé de la Juventus a-t-il réussi à devenir l’une des plus grandes icônes de l’histoire du Milan AC ? A bien y réfléchir, il fallait une dose de mystique pour réussir cette prouesse. Une sorte d’aura magique entourait Filippo Inzaghi du temps de sa gloire. Lorsqu’on s’y penche, on se rend même compte que dans toute sa carrière, Superpippo n’a jamais autant fasciné que lorsqu’il ne touchait pas le ballon. Fascinant, il l’était dans son sens du placement. Si l’effusion statistique avait été telle qu’aujourd’hui lorsqu’il était au sommet de son art, chacun aurait pu s’assurer que notre phénomène sprintait assez peu. Fascinant, il l’était aussi dans son sens de la célébration. Loin des Henry ou Balotelli incapables de manifester ou transmettre de la joie, Inzaghi explosait presque littéralement. Le but constituait une libération, un souffle de vie qui donnait l’impression de lui être aussi indispensable que l’oxygène ou l’eau. Et cela se voyait, forcément. Cette affirmation maladive de la joie de vivre, de marquer était aussi sa patte. S’il fallait trouver un contraire au triomphe à la Pyrrhus, il faudrait parler de triomphe à la Inzaghi. Entier, total, indivisible. Même lorsque le fameux but était le quatrième ou le cinquième de la partie. Même s’il ne signifiait rien pour les autres. Il signifiait tout, toujours, le but. C’est la petite mort du footballeur, c’est la petite mort du supporter. Mais rarement un joueur n’a autant ressemblé à ses propres tifosi.
L’homme sans qualités ?
« Né hors-jeu », selon la célèbre formule de Sir Alex Ferguson, Pippo était-il au fond un renard des surfaces implacable sans réelle qualité ? Faux procès. Injuste, même. Car Inzaghi était incontestablement un excellent joueur de tête, d’abord. Il a d’ailleurs marqué certains de ses plus jolis buts grâce à cet immense talent. Pour le reste, Inzaghi était un attaquant formé à l’ancienne, en 9 un peu statique focalisé sur son placement. La belle affaire! Oui, le natif de Plaisance n’était pas un surdoué. Il ne partait pas dans la vie comme dans le football avec des dons particuliers qui lui auraient permis de survoler les choses. C’est un besogneux, un travailleur. Et c’est peut-être pour cela qu’il a toujours réalisé la valeur de son salaire, de son absolu, le but ! Car son travail, à lui, c’est d’en planter un maximum. C’est d’être au bon endroit, au bon moment, quitte à ce que cela signifie se mettre en travers d’un coup-franc de son compère Pirlo en finale de Champions League, pour mieux détourner le ballon dans les buts de Reina. C’est de savoir précisément où et quand le ballon va finir, qu’il vienne d’une passe millimétrée de Seedorf ou d’un simple coup de billard. Comme en 2006, lorsqu’il suit à merveille une frappe de Shevchenko face à l’Olympique Lyonnais: elle tape les deux poteaux, avant d’arriver sur un Inzaghi parfaitement placé. But, mythe, larmes de joie. Toujours le même enchaînement empreint de gloire et de grandeur.
Immense et inoubliable
Ce que l’Equipe d’Italie n’aura pas été assez intelligente pour lui offrir en terme de destin (malgré un sacre en 2006), c’est justement le Milan AC qui le lui a donné. Et Dieu sait qu’il a su rendre jusqu’à l’ultime denier ! L’histoire d’Inzaghi en rossonero est jalonnée de souvenirs qu’aucun supporter digne de ce nom n’oubliera, jusque sur son lit de mort. Commençons peut-être par le plus beau, si beau qu’il ne l’a pas marqué lui-même. C’est la campagne de 2002-2003 en Champions League, un quart de finale difficile face à l’Ajax d’Amsterdam. 0-0 chez les Néerlandais, 2-2 à la 90ème minute à San Siro. Peut-être sur la dernière offensive milanaise, Maldini balance un ballon dans le paquet, déviation d’Ambrosini, ballon ardu pour Pippo. Et là, la magie opère. Geste insensé d’un athlétisme aussi inhumain que peu académique, pour lober le gardien de l’Ajax. C’est Tomasson qui finira de près, mais ce but, c’est justement tout ce qui façonnera Inzaghi au Milan AC par la suite. Des buts cruciaux, auxquels personne n’osait plus rêver, qui rallument la flamme de l’espoir et font naître tant de joie ! Qui sait ce qu’il serait advenu du Milan AC des Sénateurs si, ce soir-là, l’Ajax était sorti qualifié de ce quart de finale ? La réalité, c’est qu’il ne suffit pas d’un article ou d’un top 30 pour dire tout l’amour du peuple milanais pour son véritable héros. L’action du but, pour Pasolini, était le sel poétique du football. Si ses impardonnables bourreaux l’avaient laissé vivre, il aurait sûrement trouvé en Inzaghi une muse pas comme les autres, un modèle vivant de l’amour du but. Pour toutes ces raisons, et parce qu’une année de galère sur le banc milanais ne changera rien à ce qu’il représente, Filippo Inzaghi est « notre » 5ème plus grand joueur de l’histoire du Milan AC depuis 1990.
Palmarès et stats au Milan AC
Matchs : 325
Buts : 136
Scudetti : 2
Champions League : 2
Coppa Italia : 1
Supercoppa : 1
Supercoupe d’Europe : 2
Coupe du Monde des Clubs : 1
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