DOSSIER : Kean et la nouvelle réglementation

Par Christophe Mazzier publié le 16 Sep 2019
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Lors de cette intersaison, un transfert a surpris de nombreux amoureux du ballon rond. Le prodige, l’esthète, Moise kean a été recruté par Everton contre une somme de 27,5 M€. 13 M€ supplémentaires seront perçus sous la forme de bonus par la Juventus si l’intégralité des objectifs sont atteints par le natif de Vercelli. Le plus surprenant n’est pas forcément la somme dépensée par le club de Liverpool, qui aurait pu être plus élevée pour un tel espoir de 19 ans. Ni par l’étonnement qu’un club comme la Juventus laisse partir son plus grand espoir italien, même si sportivement on peut être dubitatif.

Une rupture annoncée

Pour tous les amoureux du football et des rouages économiques qui en découlent, une question était latente et brûlait la curiosité des plus avertis des passionnés. A quel montant la Juventus allait racheter le prodige et dans combien de temps. Les dirigeants de l’équipe, dont le siège est situé à la JVillage, nous avait habitués à utiliser le droit de recompra. Cette option de rachat, inscrite dans le contrat, donne la possibilité pour un club vendeur de racheter un joueur à une date donnée. Elle l’avait incluse lors des ventes de Cerri, Mandragora ou Orsolini à l’été 2018.

Toutefois le 19 mars 2019, le président de la FIGC, Gabriele Gravina, comme indiqué par Calciomio dans un article datant d’avril dernier, mettait un point d’honneur à liquider il diritto di Recompra. Après un an d’existence et une formule qui avait fait des émules (Inter, AS Roma), la question était de savoir comment les instances allaient s’y prendre.

Une formule qui a fait débat

Déjà en 2014, la FIGC abolissait la comproprietà. Ce mécanisme contractuel créait une opacité dans la circulation des flux monétaires entre les agents, les clubs et les sportifs. Cette fois, la fédération s’attaque aux plus-values inhérentes au fonctionnement de l’option de recompra. Il faut savoir que les clubs de Serie A, au 30 juin 2018, n’étaient débiteurs « que » de 65 millions d’euros alors qu’en moyenne, ils perdaient 315 millions chaque année depuis 2010.

Le principe venant d’Espagne et largement utilisé par Barcelone et le Real Madrid est simple. L’entreprise A achète un joueur Y à B. B fixe un droit de rachat au contrat deux après. A achète, certes, le joueur à un montant supérieur au marché mais a la sécurité d’avoir dans son effectif un joueur bien formé et la certitude de faire une plus-value à l’issue de la période contractuelle. B, quant à lui, tire profit de la vente puis s’en assure une autre en se réappropriant un joueur à très fort potentiel qui a joué avec constance.

La nouvelle norme inscrite à l’article 102, alinéa 4

Dans le nouveau règlement général voté par la FIGC, les clubs n’auront pas le droit de prêter un joueur sur lequel existe encore l’option de rachat à un autre club à moins que le joueur ou le détenteur de l’option ne le souhaite vraiment. De plus, dorénavant les options seront encadrées et ne devront être réalisées, ou non, le premier jour de l’ouverture du mercato estivale. Un troisième point, et non le moindre, est l’atténuation de l’effet comptable. Il prévoit que l’équipe qui cède le joueur ne peut enregistrer les résultats de la cession qu’une fois exercée l’option. Autrement dit, si Moise Kean est vendu 30 M€, qu’une option de rachat de 20 M€ est stipulée sur le contrat à la fin de la deuxième année, alors la plus-value réalisée par la Vecchia Signora aurait été déclarée deux ans après.

Pendant cette période estivale, la Juventus avait absolument besoin de faire des plus-values à la suite de l’acquisition de De Ligt pour un montant de 75 M€. Ainsi celle réalisée grâce à Moise Kean s’élève à environ 22,5 M€ (en déduisant frais divers). Cette culbute financière n’est pas négligeable pour rester dans les clous du Fair Play Financier. Toutefois la Juventus et Everton étant en bon termes, les bianconeri ont un « droit de préemption », soit un Gentleman Agreement avec son homologue anglais. En cas de cession future de l’international italien, le club du Piémont sera prioritaire pour racheter son ancien joueur s’il s’aligne sur les offres reçues par les anglais.

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Christophe Mazzier



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