Montella, année zéro
A l’aube d’une carrière, quand tout reste à gravir, l’ambitieux ne connaît pas encore son plus terrible ennemi, et cet ennemi s’appelle le déclassement. C’est une fois les premières étapes franchies, les premiers obstacles surmontés, que la peur de perdre son rang surgit. Il faut ainsi bien dire que celle-ci n’a rien d’anodin. D’ailleurs, la trajectoire de Vincenzo Montella le rappelle avec beaucoup d’efficacité. Hier, l’Aeroplanino était un entraîneur italien prometteur, peut-être l’un des plus brillants de sa génération. Le voilà, au terme d’une collaboration tumultueuse avec le Milan AC, ramené à une réalité plus cruelle : à 43 ans, sans réussite majeure, le technicien joue contre la montre. Cependant, il serait bien hasardeux de l’enterrer trop vite. L’ancien joueur de l’AS Roma a effectivement manqué un virage, mais la route est longue. Pour lui, le principal défi sera bien sûr de pouvoir tirer profit d’une expérience milanaise bien décevante.
L’étrange échec d’un Mister pressé
On se demande après coup comment Vincenzo Montella a pu se déclarer « complètement surpris » à l’annonce de la nouvelle. En réalité, c’est peut-être dans cette surprise que réside la meilleure explication du revers milanais de Montella. En effet, dans chaque moment de communication significatif de l’entraîneur, chacun a pu sentir une forme de désinvolture, de détachement presque coupable. Les grands éclats de rire après de mauvais résultats en demeurent des moments particulièrement marquants. Voilà pour la face émergée de l’iceberg : un Titanic richement doté dont le chef d’orchestre continue de faire jouer ses musiciens de la même manière pendant qu’il coule. D’un point de vue plus concret, l’échec numérique de Montella reste relatif. Avec 33 victoires en 64 matches, il achève son passage à Milan avec un ratio tout juste convenable. Mais l’ampleur du recrutement estival ne pouvait pas se solder par de tels résultats. L’attente devenait impossible.
Quel bilan milanais, et pour quel avenir ?
Si Francesco Totti aime plaisanter en le désignant successeur de Giampiero Ventura à la tête d’une Nazionale meurtrie, la question reste entière. Et Montella doit maintenant faire le moins mauvais choix possible. Toute reprise d’un club en cours de saison pourrait être interprétée comme de l’impatience et de l’incapacité à tirer les conséquences. Pour autant, le natif de Campanie devra rapidement se remettre en selle ! A Catania comme à la Fiorentina, son bilan est flatteur. On ne cesse pas d’être prometteur du jour au lendemain. Il faudra que Montella se demande si l’abandon de « son » 4-3-3 au profit d’autres systèmes sans identité propre aura précipité sa chute. Au fond, on pourrait même penser que le Montella désinvolte et souriant aura échoué par manque de fermeté quant à ses propres orientations. C’est une véritable hypothèse. Pour rebondir, le technicien italien a besoin d’un solide questionnement et d’un nouveau défi.
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