Pjanic, la fausse bonne idée ?
En attendant Marchisio
Comme la poussière que l’on cache sous le tapis, le mercato bling-bling de la Juventus cet été masque un flou profond : le manque de stabilité au milieu de terrain. Un an après le départ de Vidal et Pirlo, Allegri a vu s’envoler Pogba et Pereyra vers l’Angleterre. Pire, il a dû commencer le championnat sans Marchisio et Sturaro, tous deux blessés. Une situation qu’on aurait pu qualifier de compliquée si l’on ne parlait pas de la Juve et de son effectif pléthorique. Un effectif que les dirigeants bianconeri ont cherché à compléter qualitativement jusqu’à la dernière seconde du mercato estival, en vain. Qualitativement et non quantitativement car l’arrivée programmée de Witsel aurait de fait entraîné le départ d’Hernanes. C’est donc dans un effectif diminué et sans véritable repère technique que Miralem Pjanic s’est vu confier les clés du carrosse en attendant le retour de Marchisio. Seul jalon immuable du club, le système dessiné par Conte sur le tableau Velleda du vestiaire en 2011. Rien d’autre. Un milieu central à 3, avec un regista et deux mezz’ale de couverture/projection. Deux tuttocampisti qui gèrent à la perfection toutes les phases de jeu. Deux rôles que Pjanic n’arrive visiblement pas à tenir.
Une image que l’on aimerait voir plus souvent…
Mais t’es Pja-là
Ce dernier point, qui sonne comme une critique, n’en est pas une. Non. C’est une constatation, certes un peu sèche mais motivée par ses performances transparentes à ces postes. Des expérimentations qui n’ont mené à rien.Première fausse bonne idée : remplacer Marchisio. Car il s’agit d’un des postes les plus cadrés et structurés de l’effectif bianconero. Un poste qui n’ouvre à la créativité que par le placement du joueur et sa capacité à dynamiser le jeu de l’équipe en donnant de la verticalité. Un poste qui ne s’improvise pas. Regista ça s’apprend (cf. le beau Marchisio) mais, surtout, ça se ressent. C’est se déplacer constamment, proposer des solutions à ses défenseurs et voir le jeu avant tout le monde. Avoir un coup d’avance sur tout le monde. Trop lent, manquant d’inspiration et sans les automatismes nécessaires, Pjanic n’apportait qu’une qualité technique indiscutable à un poste qui en demande beaucoup plus.
Son passage à la mezz’ala s’est avéré être la deuxième fausse bonne idée d’Allegri. Car Miralem porte deux fardeaux lourds à porter. Le premier : une étiquette de « milieu de terrain qui peut jouer partout ». Certes, il peut dépanner. A l’aise techniquement il peut, comme tous les grands joueurs, faire illusion un match ou deux à travers un éclair de génie. Une passe millimétrée ou un tir en lucarne. Deuxième fardeau : son arrivée en tant que « remplaçant naturel de Pogba ». Soyons clairs, Miralem ne partage avec Paul que la position sur la feuille de match et une certaine liberté d’action. Rien de plus. Moins tranchant physiquement, il ne peut pas interpréter ce rôle comme le faisait, à sa façon, Pogboom. Car la liberté naturelle de Pjanic l’attire vers les attaquants et les buts. Ce qui pousse les autres milieux à compenser et déséquilibrer l’équipe. Matchs après matchs, le Bosnien indique la solution à Allegri : jouer plus haut. Ce qui demanderait de revoir en profondeur le système de jeu. Pas si simple…
L’une des meilleures prestations de Pjanic cette saison, contre Sassuolo
Et maintenant ?
S’il est trop tôt pour tirer des conclusions, on peut tout de même critiquer une certaine involution générale. La Juventus n’arrive pas à se défaire d’un système rigide et mis en place pour exploiter au mieux les qualités de ses joueurs. Un système taillé pour des joueurs comme Bonucci, Pirlo, Vidal, Marchisio, Lichtsteiner, Tevez voire Pogba… mais pas Pjanic. Du moins pour l’instant. La première solution serait de faire jouer Pjanic plus haut. Un risque assumé par Allegri sur deux matchs cette saison : contre Sassuolo en Serie A et le Dinamo Zagreb en Champions League. Résultat : deux buts et une passe décisive. Une position qui le débloque lui et les attaquants. Trois buts pour Higuain et un pour Dybala sur ces deux mêmes rencontres. Une position miracle qui déséquilibre totalement le système et demande une nouvelle approche, plus directe, de la création offensive mais aussi une transition particulière et plus compliquée sur les phases défensives. Dilemme donc pour Allegri qui doit faire un choix. Car Pjanic n’est pas un joueur d’appoint. C’est un joueur central. Et miser sur lui c’est aussi construire une équipe autour de lui…
Garder 3 défenseurs et positionner Pjanic plus haut, dilemme insoluble ?
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