Que reste-t-il du fuoriclasse en Nazionale ?

Par Rémi Falvo publié le 26 Mar 2018
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L’Italie est la nation mère de la notion de fuori classe, ce type de joueur au-dessus des autres, qui dégage un charisme particulier sans avoir besoin de prononcer un mot. Mais aujourd’hui, mis à part Buffon (et Chiellini dans une moindre mesure), très peu d’internationaux peuvent prétendre à ce statut. Pourtant, depuis une cinquantaine d’année la squadra azzurra a toujours compté dans ses rangs des joueurs de ce calibre. La dernière équipe en date où l’on trouvait un fuori classe dans chaque ligne est celle de la coupe du monde 2006: Buffon, Cannavaro, Pirlo (pour ne citer qu’eux), et même s’ils ont eu moins d’importance que les joueurs cités précédemment, Totti et Del Piero. Et ces mêmes joueurs étaient tous également de la partie en 2010. Alors comment se fait-il qu’aujourd’hui il ne reste plus que l’immortel Buffon pour perpétrer cette tradition italienne?

L’après 2006

Après 2006, ce fût la dégringolade du niveau des clubs italiens en Europe, notamment du grand Milan. La Juventus elle, se retrouve en Serie B après le scandale du Calciopoli. Jusque là, la politique sportive des clubs Italiens n’avait pas été de privilégier l’Italien à l’étranger, mais à ce moment-là la diversité dans les équipes de Serie A bat tous les records. Cela n’appauvrit pas le niveau du championnat, mais de la Nazionale, oui. Les deux clubs censés porter l’Italie à travers l’Europe étaient les deux Milan, deux clubs ayant adopté une politique sportive ne favorisant pas l’éclosion de nouveaux fuori classe. Avec cette idéologie, qui lui est propre, l’Inter remporte la Champions League en 2010 avec aucun italien dans le onze de départ lors de la finale, mais ce type de développement a des répercutions aujourd’hui sur le niveau de la Nazionale.

Retrouver une identité

Si l’on regarde le problème sous un autre angle, l’identité italienne, ce qui a toujours fait sa force, c’est la défense. En 2006, l’équipe n’encaisse qu’un but dans le jeu durant toute la compétition : un csc de Zaccardo face aux Etats-Unis. Et que dire de l’époque des Maldini, Baresi, Nesta… Très récemment, même avec ces grands défenseurs que sont Chiellini Bonucci et Barzagli, l’Italie semblait beaucoup moins cadenassée qu’elle l’était auparavant, et c’est encore plus le cas aujourd’hui. Si le pays n’arrive pas à sortir de défenseur du calibre de ceux cités précédemment, il fait une croix sur 70% de ses chances de compter parmi lui un nouveau phénomène. Mais cela est révélateur des lacunes dans la formation italienne, qui, en voulant faire comme ailleurs, en perd son football. Un Fabio Cannavaro aujourd’hui serait probablement considéré trop petit pour évoluer en défense centrale, on en ferait un numéro 6 d’une équipe moyenne de Serie A, et on passerait sûrement à côté d’un ballon d’or. Vu la direction que prennent les choses, l’Italie ne comptera certainement plus de nouveaux fuori classe chez elle, au moins pour les deux prochaines années. Mais il faut espérer que les clubs italiens remettent en avant leurs jeunes talents, pour qu’ils puissent faire voir au monde de quoi ils sont capables. Il n’y a que de cette façon que les probabilités de ressortir un nouveau Baggio ou Baresi peuvent augmenter. L’ossature de la Juve est restée italienne, le Milan AC de Gattuso se ré-italianise aussi avec notamment la révélation Patrick Cutrone. Donc que les tifosi laissent passer l’orage, l’Italie est un pays où le soleil ne disparaît jamais bien longtemps. Patience.




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Rémi Falvo

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