Le racisme en Serie A, un mal incurable ?

Par Pierrick Dujardin publié le 12 Mai 2017
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Il aura suffit d’un match pour relancer un débat décidément interminable. Lors du match Cagliari-Pescara, Sulley Muntari interpelle l’arbitre suite à des propos racistes proférés à son encontre par quelques « supporters » sardes. Si l’attitude du joueur semble légitime, celle de l’arbitre l’est moins : après avoir dit à Muntari de ne pas tenir compte des insultes, il ira même jusqu’à l’exclure quand ce dernier décidera de quitter le terrain en fin de match, choqué mais digne. Dans la foulée de ce scandale, le défenseur de la Juventus Mehdi Benatia se plaindra d’un « marocain de merde » entendu lors d’une interview sur la Rai. Ces exemples paraissent anecdotiques dans un championnat italien trop souvent pointé du doigt pour sa violence verbale. Pourtant, l’heure n’est plus à la lamentation : la question que se posent beaucoup de supporters est de savoir comment mettre fin au racisme en Serie A, plus que jamais problématique et surtout, peut-on vraiment y mettre fin ?

Le racisme dans le football, une tradition italienne ?

L’un des clichés les plus répandus au sujet des supporters italiens concerne leur xénophobie assumée. Cette idée, fausse bien entendue, souligne néanmoins l’image négative produite depuis des années par quelques supporters et certains dirigeants des instances footballistiques… De nombreux joueurs ou ex-joueurs n’ont pas hésité, à l’instar de Lilian Thuram, d’affirmer que « l’Italie est raciste ». Si les propos de Thuram semblent anachroniques, force est de constater que le racisme reste présent chez certains supporters voir joueurs ; les propos prononcés en Décembre par Senad Lulic contre Antonio Rüdiger selon lesquelles « Il y a deux ans encore, il vendait des ceintures et des chaussettes à Stuttgart » vont dans ce sens (et pourtant Lulic n’est pas italien mais la Lazio traine une réputation assez lourde depuis Di Canio). Sans rentrer dans un débat sur les mentalités italiennes, l’attitude de certains ne fait que salir l’intégrité des véritables tifosi, pour qui l’amour du maillot n’a pas de frontière. C’est un fait : ces incidents sont fréquents en Serie A. Cependant, réduire les cas de racisme à ce championnat serait nier les problèmes que d’autres championnats rencontrent et qui vont bien au delà de la frontière italienne.

Un manque de fermeté

Pour reprendre le cas Muntari, son exclusion, finalement annulée, n’y change rien. En effet, les quelques mesures prises pour lutter contre les discriminations sont inefficaces ; surtout quand la FIFA ferme les yeux en mettant fin à son groupe de travail contre le racisme ! De plus, cette lutte ne sert à rien si le juge sportif ne condamne que par intermittence, à l’image de Cagliari, non sanctionné pour le scandale Muntari. L’exemple de la Lazio, dont l’une des tribunes n’a été sanctionnée qu’à un match avec sursis pour des chants racistes à l’encontre de Rüdiger souligne ce laxisme affligeant. Si les hautes instances ne trouvent aucunes solutions, les dirigeants de club sont dépassés par la propre gestion de leurs ultras, capables d’exercer une véritable pression. Toujours d’actualité, la question du racisme constitue un enjeu majeur pour l’intégrité de la Serie A. Ce combat, certes difficile, devra être mené avec plus de rigueur ; la réputation du football italien en dépend.




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