Rodrigo Bentancur : une vague promesse venue du Boca Juniors (1/4)
Après son cycle de 9 scudetti à la suite, la Juventus, à l’instar des grands empires, semble poursuivre la traditionnelle phase de déclin qui suit les triomphes. Si cette saison, l’attaque n’est pas exempte de tout reproche, Morata et Kean étant bien trop émoussés pour faire oublier Ronaldo et ses 30 buts et plus par saison, les tifosi avaient coutume de pointer du doigt le milieu de terrain. Et dans ce milieu de terrain, un certain Rodrigo Bentancur en particulier. Dans ce dossier, Calciomio revient sur le parcours de l’emblématique joueur de la Vieille Dame, depuis ses premiers contacts avec la Juventus en 2015 jusqu’à la saison 2021 – 2022.
L’Uruguay, historique nation du football
Dans le monde du ballon rond, l’Uruguay fait un peu office de Père Fondateur. Patrie de la première coupe du monde de l’histoire en 1930, la Céleste, comme on la surnomme, arbore 4 étoiles sur son maillot, témoins de sa domination sur le football mondial aux premiers âges de ce sport. 2 mondiaux en 1930 et 1950 sans oublier les Jeux Olympiques de 1924 et 1928. Et même dans son propre continent, ce tout petit pays a souvent fait sa loi. 15 Copas América. Autant que son voisin argentin depuis la fin de cet été. Obtenir de tels résultats avec seulement 3 millions d’habitants, c’est dire à quel point l’Uruguay est un concentré de talent footballistique dont voici quelques prodiges. Deux légendes d’abord : Juan Alberto Schiaffino et Alcides Ghiggia, les deux protagonistes du mondial de 1950, buteurs lors du Maracanaço qui ont poussé au désespoir le Brésil tout entier. Les plus marseillais citeraient Enzo Francescoli (à qui Enzo Zidane doit son prénom). Et si on reste à l’ère moderne, les Napolitains ont dans leur coeur une place spéciale pour Edinson Cavani, les Intéristes pour Alvaro Recoba et Diego Forlan tandis que les juventini auraient presque pu avoir une tendresse pour le « Pistolero » aux tendances cannibales : Luis Suarez (à une question de grammaire italienne près). A l’exception de ces étoiles, les Uruguayens sont essentiellement connus pour leur jeu rugueux, limite brutal (voire carrément violent à l’occasion) et leur instinct guerrier, la « garra charrua » (charrua du nom de ce farouche peuple indien d’irréductibles résistants). Il n’y a pas de secret de toute façon. Pour triompher quand on est petit, il faut forcément être teigneux. Et parmi ces teigneux, on compte Rodrigo Bentancur (qui n’est d’ailleurs pas spécialement petit avec ses 1m87).
Rodrigo Bentancur, un lot de la dot pour le départ de Tevez
Le 27 juin 2015, parmi les juventini, il y a comme un air de veillée funèbre. A la fois liée au chagrin de la défaite en Champions League contre un Barça stellaire, à un fond de rancoeur impuissante pour ce pénalty non sifflé sur Pogba et au départ de Carlos Tevez, le meilleur buteur des bianconeri. C’est à peine si, dans la mélancolie qui les gagne, certains daignent noter les contreparties techniques du retour aux sources de l’Apache à son Boca Juniors chéri. Marotta, alors directeur sportif de la Juventus, récupère Guido Nahuel Vadala, jeune ailier de 18 ans et s’octroie les droits d’achat de trois talents du milieu de terrain du Boca : Bentancur Colman (pour 9,4 millions d’Euros), 18 ans au moment de l’opération, Franco Sebastian Cristaldo (pour 8,2 millions), et Adrian Andres Cubas (pour 6,9 millions). Toutes ces manoeuvres sont aux yeux de tous, les classiques opérations avec de jeunes pousses qu’on attend de voir germer et qui finissent généralement comme monnaie d’échange pour générer quelques plus-values et nourrir les budgets faramineux que le football de haut niveau exige.
Un digne représentant du peuple charrua
Et les espoirs portés par le joueur se confirment. Dans l’antre de la Bombonera, la jeune pousse se fortifie et impressionne même. Le 13 septembre 2015 est d’une certaine façon sa consécration. Son premier Superclasico, River Plate contre Boca Juniors. A 18 ans à peine, sur une pelouse enfiévrée par l’hystérique passion qui agite traditionnellement cette rencontre, Rodrigo joue comme un vétéran. Somptueux dans ses mouvements, avec un jeu à 2 touches, appelant la balle dans les moments les plus tendus comme seuls savent le faire les grands joueurs. Sa prestation offre au Boca une domination implacable sur le milieu de terrain qui se concrétisera par un avantage mérité. Une victoire qui mènera au titre de champion d’Argentine. Les connaisseurs ne s’y trompent pas. A la fin de l’année 2015, il est élu par le quotidien Clarín comme la révélation de l’année. Et le 21 avril 2017, Marotta le juge mûr pour le grand saut et investit la somme convenue en 2015. Dans l’indifférence générale, le jeune Rodrigo pose à 20 ans ses affaires à la Continassa.
A lire :
- Rodrigo Bentancur : une vague promesse venue du Boca Juniors (1 – 4)
- A paraître – Rodrigo Bentancur : « uno da Juve » (2 – 4)
- A paraître – Rodrigo Bentancur : le temps de la déception (3 – 4)
- A paraître – Rodrigo Bentancur : un joueur retrouvé ou à écarter? (4 – 4)
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