Sampaoli connaît-il Dybala ?
Trois matchs, 270 minutes et un mal fou à sortir d’une poule certes relevée, mais dans laquelle l’Albiceleste faisait office de favorite. Sans jamais convaincre, sans génie et sans idée, elle termine deuxième sur le fil, grâce à l’orgueil, sans jamais donner la sensation de mettre les meilleurs éléments au bon endroit. Pour Dybala, le constat est criant et Omar Da Fonseca, lors du match face au Nigeria, lache tout haut ce que tout le monde pense tout bas : « mais Sampaoli il connaît Dybala ou bien … ? ». La question mérite d’être posée.
La logique est contrariée
Ce qui se passe dans la tête d’un sélectionneur ne regarde que ce dernier. De toute manière il serait difficile de comprendre Jorge Sampaoli lors de l’annonce des compositions d’équipes sur les trois matchs disputés par son équipe. Après une préparation discrète et une phase de qualification difficile, le système de jeu semble être toujours bancal, sans aucune certitude. L’Argentine se présente à la Coupe du Monde avec trois dispositifs différents dont aucun ne correspond mieux à l’autre. 4-2-3-1 contre l’Islande, 3-4-2-1 contre la Croatie et 4-4-1-1 face au Nigeria.
Ce qui saute au yeux de prime abord, c’est l’absence de Dybala dans chacun des dispositif. En second attaquant, en numéro 10 ou même sur un côté d’un milieu, la Joya peut apporter ce qu’aucun joueur argentin n’a semblé être capable de faire (Di Maria le premier) jusqu’à maintenant : de la folie et une imprévisibilité chronique. Le petit argentin de poche, qui a pourtant disputé une saison pleine avec la Juventus (26 buts et 5 passes décisives) semblait être arrivé à maturité pour alléger les épaules d’un Messi trop au centre de tout ce qui touche au pays en terme de ballon rond. Seulement la complémentarité des deux joueurs ne semble pas si évidente pour Sampaoli qui voit en Dybala un doublon tactique de Messi. Pourtant la donne semble claire, comme Pastore pour Neymar au PSG, Dybala n’est pas un remplaçant de Messi tout simplement parce que la Pulga n’a pas de remplaçant. En revanche, à l’instar du quintuple ballon d’or, Dybala peut revêtir plusieurs rôles avec brio. Le problème est ailleurs.
Une équipe apathique
Dans le jeu, l’Argentine manque de vitesse, de mordant. Les latéraux ne sont pas au niveau, Mascherano semble avoir pris 20 ans en 2 mois et l’attaque semble figée, statique, sans percussion, à l’image d’un Messi qui marche sur le terrain en attendant le ballon pour déclencher un coup de génie alors qu’un appel de balle en courant un peu suffit parfois. Le but marqué face au Nigeria en est l’exemple criant. Les « heatmaps » de l’Argentine révèlent ce manque de mouvement sur les trois matchs avec un ballon constamment au milieu de terrain, circulant latéralement et non verticalement. La faute à un manque de joueurs entre les lignes et au manque de montées des latéraux. Un problème qu’aurait pu résoudre Dybala qui par sa capacité à jouer derrière Higuain à la Juventus aurait pu apporter une complémentarité jamais entrevue dans l’équipe.
Trop souvent le schéma de l’Argentine s’est transformé en 4-2-4 face au Nigeria avec 4 attaquants alignés. Trois lignes coupées, impossibles à modeler pour placer une attaque face à la défense constante à 5 des Super Eagles. Si Higuain a tenté de redescendre comme avec la Juventus, ni Di Maria, ni Pavon n’auront pris les espaces laissés libres par l’avant centre, une capacité que Dybaba, lui, peut se targuer d’avoir. Non pas par talent, mais par automatismes. Oui car l’Argentine ne pourra pas se reposer sur Messi éternellement. Le génie fait parfois défaut comme face à l’Islande, mais Sampaoli devrait songer à se reposer sur ses forces vives. Un axe Dybala-Higuain n’est pas stupide, loin de là pour mener des attaques trop stériles et qui transpirent l’impuissance comme face à l’Islande avec 27 tirs (contre seulement 9 et 8 face à la Croatie et au Nigeria). Si l’exclusion d’Icardi avait été justifiée par la « tactique », qu’en est-il des trois changements de dispositifs, de joueurs, réalisés en trois matchs ? Le sélectionneur a t-il un plan de jeu clair pour mener à bien cette campagne en Russie ? On ne dirait pas. Celui qui désormais doit porter l’Argentine jusqu’en huitièmes face à la France samedi, a une nouvelle chance de montrer que l’aveuglement dont il fait preuve depuis des mois n’est pas une fin en soi, il lui suffit de suivre une lumière, un joyau nommé Dybala pour peut être retrouver la vue. En tout cas, les observateurs eux ne s’y trompent pas et savent déjà quelle tête il faut faire tomber en cas d’élimination précoce.
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