Sarri regarde le monde, le monde regarde Sarri

Par Nicolas Soldano publié le 16 Sep 2017
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A titre personnel, la saison de Maurizio Sarri aura été marqué par le succès: « Allenatore dei sogni 2016 », Panchina d’oro (banc d’or 2017), prix Enzo Bearzot du meilleur entraîneur de l’année et invité par l’UEFA pour la 19ème édition du « Elite club coaches forum » réunissant les plus grands coachs de la planète. Le coach du Napoli aura fait une entrée fracassante parmi la crème des techniciens européens. Ses préceptes tactiques sont maintenant connus : jeu basé sur la verticalité après le moins de touches de balle possibles ; construction avec redoublement de passes en triangle grâce aux trois milieux de terrain ; alternance jeu de possession en faux rythme et jeu de transition explosif ; pressing haut de l’ensemble de l’équipe qui coulisse comme un seul bloc ; position haute des arrières latéraux qui prennent part aux attaques ; défense en ligne où les quatre défensifs doivent se déplacer de manière identique, voire robotique, pour alterner piège du hors jeu et couverture (la vidéo de ses entraînements où il fait jouer ses quatre défenseurs en les reliant avec une corde marine a d’ailleurs fait le tour d’internet).

Sarri recevant la distinction de « Panchina d’oro » des mains de Carlo Tavecchio, président de la FIGC

De la curiosité à l’admiration

Mais pour pouvoir se faire une place au panthéon des grands entraîneurs, il faut traditionnellement, après avoir d’abord attiré l’attention du grand public, être publiquement adoubé par ses pairs. Et pour l’instant, c’est le cas. Le légendaire Sacchi ne tarit pas d’éloges sur son travail voyant en lui un digne héritier. Pour lui « Maurizio Sarri a donné une leçon au football italien. Son Napoli est déjà dans l’histoire« . Pour Diego Simeone, qui a joué contre les partenopei cet été « le Napoli joue un grand football« , Guardiola déclare même en conférence de presse de Champions League « ‘il y a peu d’équipes en Europe qui proposent un meilleur jeu« . Ranieri lui, voit en sa présence à Naples, une bénédiction : « priez pour que Sarri reste le plus d’années possible en Serie A« . Pour Capello et Prandelli l’adjectif est le même, le football de Sarri serait « extraordinaire« . Marcelino, l’entraineur de Valence explique quant à lui dans une interview que « le jeu des équipes de Sarri est un point de repère pour la tactique que j’utilise« . Rien que ça. Et du côté des anciens joueurs, le son de cloche est le même. Le légendaire numéro 9 brésilien, Ronaldo avouait récemment « lors des derniers mois j’ai beaucoup regardé le Napoli, j’adore leur façon de jouer« . L’ancien du Milan AC et de l’AS Roma, Cafù, déclare de son côté qu’il aurait « adoré jouer dans cette équipe du Napoli« . Même Andrea Pirlo, l’ex-juventino, confesse au micro de Sky Sports que « voir jouer le Napoli est un plaisir« .

Un perfectionniste face à ses limites

Après son départ d’Empoli, Sarri a dû adapter son management pour une équipe en lice sur plusieurs compétitions. C’est donc d’abord un problème de turn-over qui a d’abord pris forme, car le natif de Campanie n’avait jamais eu l’habitude de faire souffler ses joueurs cadres, préférant s’appuyer sur un 11 type qui puisse sans cesse s’améliorer au niveau des automatismes. Sauf qu’une équipe jouant plus de 50 matchs à l’année ne peut fonctionner de cette façon et lors de sa première saison napolitaine, ses joueurs peinaient à l’approche de la dernière ligne droite. Mais Sarri semble apprendre petit à petit de ses erreurs et a donc commencé à corriger le tir la saison suivante, grâce notamment à un effectif plus fourni. Sa marge de progression semble se situer autour de deux autres points : apprendre à son équipe à savoir « gagner moche » et à connaitre différents systèmes de jeu pour pouvoir s’adapter à une rencontre. Car effectivement, quand son Napoli n’est pas flamboyant de mouvement et de création, il a du mal. Dans une saison longue, savoir gagner même dans les temps faibles est un aspect primordial d’une grande équipe. C’est en partie ce qui a coûté le titre aux azzurri la saison dernière ou il y a deux ans. Enfin, pour ce qui est du schéma tactique, c’est simple, Sarri, c’est le 4-3-3. Point final. Un système taillé sur mesure pour l’équipe, qui conditionne les positions et mouvements des joueurs, appris par cœur et récité à chaque match. Parfait pour les automatismes, bien sûr, mais parfois prévisible. Et en cours de match il faut parfois faire bouger un peu son système pour taper dans la fourmilière et donner un second souffle à son attaque. Maurizio a fini par s’y résoudre récemment et il est possible d’observer quelques essais de 4-2-3-1 en cours de match ou avec un attaquant supplémentaire pour essayer de forcer la décision quand il le faut. Face au Shakthar en milieu de semaine, le Napoli est d’ailleurs retombé dans ses travers, incapables de trouver la solution en fin de match et affrontant un bloc soudé et explosif qui lui a posé des problèmes.

De plus, même si De Laurentiis veut en faire son « Ferguson de Naples« , il devra un jour ou l’autre se poser la question de son futur, surtout si le Napoli n’arrive pas à franchir ce cap qui lui permettrait de se confronter régulièrement aux toutes meilleures équipes européennes. Car pour confirmer son statut de « nouveau fuoriclasse du tableau noir » il devra peut être un jour aller entraîner une écurie capable de remporter une C1. A moins bien évidemment que ce genre de course au palmarès ne l’intéresse pas, ne vivant, tel un Marcelo Bielsa, que pour des projets épanouissants tactiquement parlant, en faisant abstraction du reste.

Sarri sous les couleurs de l’Alessandria, d’Empoli et du Napoli




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