Sélectionneur de la Nazionale : un combat de tous les instants
Pas de miracle pour Roberto Donadoni
En 2006, le bergamasque avait la lourde tâche de succéder à Lippi et à sa Nazionale championne du monde. Donadoni n’était entraineur que depuis cinq petites années et ce avec des clubs modestes (Calcio Lecco, Livourne, Genoa puis retour à Livourne). Un statut d’entraîneur inexpérimenté qui sème le doute chez les supporters de la Nazionale. Pour sa première les hommes de Donadoni s‘inclinent en amical face à la Croatie (0-2), mais jusqu’ici, une Nazionale qui perd lors de ses matchs amicaux de rentrée, cela n‘a rien d’insolite d’autant plus que les néo-champions du monde sont restés à la maison pour ce match. Alors que le groupe de la Nazionale pour les qualifications de l’Euro 2008 est relevé et que l’Italie retrouve le vice-champion du monde Français dans son groupe, la Nazionale ne trouve rien de mieux que de faire un match nul contre la Lituanie (1-1). Les Azzurri s’inclineront ensuite contre une France (1-3) au combien revancharde. Une contre-performance en forme de réveil puisque la Nazionale s’imposera par la suite contre l’Ukraine et la Géorgie, l’Ecosse et les Îles Féroé par deux fois. Les hommes de Donadoni font finalement un match nul contre la France à domicile et terminent en tête de leur groupe.
Donadoni retrouve un brin de crédit et tout porte à croire que notre Nazionale championne du Monde est revenue sur les bons rails. A l’Euro, l’Italie hérite d’un groupe particulièrement compliqué avec la Roumanie, les Pays-Bas et de nouveau la France. Le capitaine et ballon d’or azzurro , Fabio Cannavaro, se blesse et l’ambiance au sein du groupe est mauvaise. La Nazionale se fait d’abord manger par les Pays-Bas (0-3), ne peut faire mieux qu’un triste match nul contre la Roumanie (1-1) avant de battre de nouveau la France (2-0). L’Italie disparaîtra de l’Euro au stade précoce des quarts de finale face à l’Espagne aux tirs aux buts 0-0 (4 – 2 tab). Un bilan moyen pour des champions du monde en titre et fatal à Roberto Donadoni qui est remplacé par Marcello Lippi de retours aux affaires…
Même le roi Lippi a connu les critiques
On ne change pas une équipe qui gagne, alors pourquoi devrait-on se passer d’un sélectionneur qui a déjà vaincu ? Voilà la question que s’est sans doute posée la Fédération italienne. Une idée qui n’a sans doute pas rencontré beaucoup d’opposition tant Marcelo Lippi faisait l’unanimité. Avant sa prise de fonction à la tête de la Nazionale, Lippi est considéré comme un des plus grands techniciens de l’histoire grâce à ses nombreux succès dans le championnat italien et en coupe d’Europe. Lors de la coupe du monde en Allemagne, il avait su bonifier la génération dorée qui lui avait été confiée. Cette Nazionale était une dream-team constituée de joueurs au sommet de leur carrière (Totti, Del Piero, Pirlo, Canavaro, Toni…) et la pâte de Lippi a permis de faire cheminer cet effectif doré vers la quatrième étoile tant espérée. L’exemple du retour (désastreux) de Lippi en 2010 montre qu’avoir un sélectionneur expérimenté ne garantit en rien quelconque succès ni les critiques (reproches acides sur les capacités de l’homme à se remettre en cause après son succès de 2006). Affaibli par les blessures des cadres, des champions du monde qui ont pris de l’âge, la désillusion s’avère totale et l’Italie est honteusement éliminée dès le premier tour. Et Lippi ? On ne lui en tiendra pas rigueur, mais l’exemple montre que même un sélectionneur champion du monde n’est pas à l’abri.
Arrigo Sacchi : point de cerise à quatre étoiles malgré de grands succès avec le Milan AC
L’homme a gravi tous les échelons pour atteindre la Nazionale depuis ses débuts à Rimini, en Serie C1, jusqu’au Milan AC. Avec le club lombard, la méthode Sacchi fait mouche et son équipe ravit tous les amoureux du ballon rond en Europe grâce à un style de jeu aussi spectaculaire qu’efficace. Avant d’entrainer la Nazionale, le bilan de Sacchi parle de lui-même : champion d’Italie, Supercoupe d’Italie, deux coupes des clubs champions, deux Supercoupe d’Europe et deux coupes intercontinentales (1989, 1990). Sacchi a prouvé avec le club Lombard qu’il était un meneur d’hommes et un fin stratège. C’est tout naturellement que la fédération lui confie les clés de la Nazionale en 1991. Le nouveau sélectionneur, dont on attend monts et merveilles, déçoit tout d’abord et ne parvient pas à se qualifier pour l’Euro 1992. Mais Sacchi continue son travail de sape et son équipe atteint la finale de la coupe du monde 1994. L’Italie s’inclinera aux tirs au but face au Brésil. La suite fut moins glorieuse et Sacchi perd ses soutiens après l’élimination de la Nazionale dès le premier tour de l’Euro 1996.
Enzo Bearzot : un exploit inattendu et des points communs avec un certain Ventura.
Je suis un sélectionneur dont le dernier club entrainé avant ma prise de fonction se nomme le Torino. Je possède un palmarès d’entraineur de club relativement modeste. Mon tout est un sélectionneur italien dont la prise de fonction fut une petite surprise. C’est bien d’Enzo Bearzot dont nous parlons et non de Giampiero Ventura. La Nazionale termine quatrième de la coupe du monde 1978 mais ne peut faire mieux qu’une quatrième place pour l’Euro 1980 pourtant organisé à domicile. Il n’en fallait normalement pas plus pour se voir notifier une fin de collaboration. Et pourtant, malgré les critiques (justifiées) à l’approche de la coupe du monde 1982, Enzo Bearzot ne se décourage pas et change son approche de la compétition. Il rompt toute forme de communication entre ses joueurs et les médias (le silenzio stampa). Et pour ne rien arranger avec l’ambiance morose qui règne autour de la Nazionale, l’Italie démarre avec trois matches nuls en phase de poules face aux modestes sélections polonaise, péruvienne et camerounaise. La suite fut aussi inattendue que glorieuse. Les Azzurri connaissent leurs qualités et leurs limites et s’appuient sur un jeu défensif et des contre-attaques efficaces qui leurs permettront de devenir champions du monde en battant l’Argentine (2-1), le Brésil (3-2), la Pologne (2-0) et la RFA en finale (3-1).
Il n’existe donc pas de parcours idéal ni d’homme providentiel pour accrocher une nouvelle étoile au maillot azzurro. A l’heure où Ventura est sous le feu des critiques, à lui de s’appuyer sur ces antécédents et d’ajouter un nouveau point commun avec son lointain ancêtre du Toro. La course à cette cinquième étoile est semée d’embuches mais peut s’avérer aussi surprenante que glorieuse. Le cas d’Enzo Bearzot en est le parfait exemple.
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