Serie A à 18 ou 20 clubs, ça change quoi au fond ?
C’est un débat que beaucoup vous proposeront en entrée d’une bonne discussion foot sur le Calcio. La Serie A à 18 clubs ou à 20 est un sujet tendu qui a été évoqué jusque dans les plus grandes instances du foot italien. Si Tavecchio avant sa démission et dans son rôle (toujours actuel) de commissaire de la Lega Serie A était favorable à ce retour à 18 clubs, qui pourrait arriver selon une déclaration d’août, dans les trois ans, il est essentiel de faire le point pour analyser le pourquoi d’un tel retour en arrière. Ainsi les arguments de chacun doivent être confrontés afin de voir si vraiment cela pourra apporter quelque chose de positif pour le football italien, ou si tout cela n’est que business et poudre aux yeux.
La compétitivité, le mot d’ordre
Compétitivité, un mot qui revient souvent à l’ordre du jour quand on évoque la Serie A. Une phase de transition post calciopoli délicate qui a vu seulement 2 victoires en Champions League sur les 10 dernières années (Milan AC 2007 et Inter 2010). Depuis, plus rien, l’Italie descendant au 4ème rang UEFA, perdant ainsi son quatrième club en C1 il y a quelques années. Le débat est relancé, la Serie A n’est pas compétitive aux yeux des observateurs et des dirigeants suprêmes qui s’empressent de mettre sur la table une compétition à 18 clubs pour redonner un coup de neuf au Calcio. Avant de tirer toute conclusion, il apparaît nécessaire de ré-préciser le contexte actuel. L’élite du championnat italien est passé à 20 clubs à l’issue de la saison 2003-2004. C’est alors la première fois depuis 52 ans que la Serie A passe à 20 équipes. Les motivations sont alors multiples, mais parmi celles ci, les plus importantes sont en lien avec les droits TV, ces fameux revenus qui font baver tous les libéraux du foot. Le constat est alors simple, en passant de 18 clubs à 20, on passe de 36 journées à 38, les clubs jouent plus, il y a plus de transmissions, bref … plus, plus, plus. Autre argument, les relégations. Elles passent de 4 à 3 ce qui favorise les intérêts des clubs (Atalanta, Brescia et Bologna sur cette saison). Enfin, le modèle se calque sur l’Espagne et l’Angleterre, les deux monstres du foot européen.
Pourquoi faire marche arrière ?
Tout d’abord il faut faire attention aux arguments de comptoirs qui ne sont que très peu vérifiables et qui n’auraient au final que très peu d’impact sur la compétitivité globale. La question de la répartition des droits TV au final ne sera pas si chamboulée que ça si l’on retire Benevento, l’Hellas et SPAL qui sont les trois relégables actuels. Il n’est question que de quelques miettes dans un chiffre d’affaire ou un budget d’entreprise tel que celui ci peut être dans un club de foot d’envergure. Attention aussi à l’argument « en Allemagne ils sont passés devant l’Italie avec une Bundesliga à 18 ». Pour répondre à ça, il suffit de regarder actuellement les résultats européens des clubs allemands qui sont les pires depuis près de 40 ans. Une forte baisse globale de niveau qui a été observée et qui est annoncée depuis 2 ans déjà par les spécialistes du foot outre Rhin.
Il faut signaler également un point important, l’Italie est actuellement repassée devant l’Allemagne au coefficient UEFA. Enfin, les revenus de sponsors insuffisant pour les clubs et les stades vétustes et qui ne sont pas de propriété ne sont pas une conséquence de la Serie A à 20 clubs mais juste une gestion des clubs qui reste trop passive contrairement aux voisins anglais par exemple. Une fois ceci évacué, il s’agit de sortir les arguments de poids. Oui une Serie A à 18 clubs pourrait permettre à la Nazionale d’avoir plus de temps pour préparer ses échéances. Un allègement du calendrier non négligeable pour les tops clubs également qui arrivent en fin de saison sur les rotules. Enfin, retirer les « faire valoir » de fin de classement qui se font pulvériser sur chaque rencontre qu’ils disputent et qui faussent d’une certaine manière le classement global du championnat. Enfin, revenir à 4 relégables et 18 clubs permettrait des batailles de tous les instants pendant les matchs afin de préserver sa place dans l’élite. Mais ces arguments aussi solides paraissent-ils pour certains, ne sont pas infaillibles. Loin de là.
Et si la solution était ailleurs que dans les manœuvres politiciennes ?
Côté politique sportive, il y a peu de différence quant à la psychologie des annonces et des sujets évoqués. La Serie A à 18 clubs, martelée à tout bout de champ devient peu à peu une vérité dans l’esprit populaire. Et pourtant, c’est dans des détails infiniment plus intéressants que peuvent se trouver les solutions afin de remédier à la compétitivité et aux problèmes cités ci-dessus. En effet, si le calendrier est si lourd, pourquoi ne pas enfin penser à aligner le début du championnat à celui de la France et le reculer d’une semaine ? Il y a aussi le fait de jouer à Noël comme en Premier League. La Serie A s’y met d’ailleurs cette année pour la première fois ce qui permet là aussi d’alléger le calendrier de la deuxième partie de saison où la Coupe d’Italie apparaît. Au jeu du calendrier, il faut signaler également que l’Italie n’est pas la moins bien vernie puisqu’il n’existe pas de Coupe de la Ligue comme cela peut être le cas en France ou en Angleterre par exemple. Quid de l’intérêt des matchs aller/retour en Coupe d’Italie qui n’apportent que peu de supporters dans les stades or gros chocs.
Les barrages de Serie B, ce fléau … et les équipes B alors ?
Alors comment faire pour redonner à la Serie A sa compétitivité ? Les solutions se trouvent peut être parmi les suivantes ? Compte tenu des récents résultats des promus (avec en ligne de mire Pescara l’année passée et Benevento cette saison) il est nécessaire de parler d’une chose : les barrages de Serie B. Aujourd’hui, pour être promu en Serie A, il faut se trouver dans le haut du panier bien évidemment. Plus précisément, les deux premiers sont automatiquement promus en A. En revanche pour le troisième ticket, ça se complique. Il y a barrage avec une formule inaugurée en 2013 qui divise en Italie. Avant c’était simple : s’il y avait 9 points ou moins d’écart entre le 3ème et le 4ème, il y avait barrages avec les 5ème et 6ème également (demi-finale et finale donc). Maintenant, le nombre peut être de deux clubs … comme il peut être de six ! Explications.
Avec la nouvelle formule, la règle des 9 points d’écart est toujours identique. Sauf qu’en cas de barrages, on prend tous les clubs qui finissent à 14 points ou moins du 3ème dans une limite de 6 participants. Cela aurait pu être bénéfique, seulement voilà, sur les deux dernières éditions de Serie B, il a fallu prendre 6 équipes puisqu’elles étaient à moins de 14 points du 3ème (Trapani et Frosinone). Ainsi, Pescara (4ème de saison régulière) est passé grâce aux barrages en lieu et place d’un Trapani mieux structuré, tout comme Benevento, 5ème l’année passée à 9 points de Frosinone ! Cette année Benevento est dernière de Serie A avec 0 point. Un hasard ? Certainement pas. Jamais un club 5ème de division inférieure (qui plus est à 9 points du podium!) ne devrait accéder à la promotion en A. Pour remédier à ce souci, pourquoi ne pas aller piocher du côté de la Ligue 1 et Ligue 2.
En effet, depuis l’année passée, le 18ème de Ligue 1 et le 3ème de Ligue 2 s’affrontent dans un unique barrage en match aller/retour pour déterminer qui monte (ou se maintient) et qui descend. Un système permettant de sauver des clubs qui parfois sont 18ème lors de la dernière journée et qui sont structurés pour l’élite. Ce serait une bonne manière d’éviter des Benevento bis donc. Enfin, il y’a le débat des équipes B. Pendant un temps mis sur la table, puis mis de côté, le sujet revient sur le devant de la scène avec les élections dans les instances majeures du football italien. Des équipes B qui permettraient aux joueurs de se développer et ainsi accroître un vivier national ou de formés au club. Cela permettrait aux grands clubs de ne pas mettre de côté leurs jeunes comme c’est le cas actuellement, et aux petits clubs de développer leurs ressources internes sans tenter des paris à coup de milliers ou millions d’euros sur des joueurs dont les prestations futures sont un pari (Cerci, Cassano, Muntari, Aquilani …). Des sommes d’argent qui ainsi pourraient être mieux réparties, surtout quand on sait que les budgets des petites équipes de Serie A sont les plus faibles en moyenne des 4 grands championnats européens. Alors honnêtement, à 20 ou à 18 … tant que ces 2 soucis la ne seront pas réglés, on pourra parler de compétitivité en berne pendant encore longtemps du côté de l’Italie et de la Nazionale. Faites vous votre avis !
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