Serie A et Girl Power. Parole à Clara et Joseph.

Par calciomio publié le 13 Avr 2017
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Joseph : éducation et football

Qu’on se le dise, je viens d’une famille italienne classique, avec ses joies, ses peines et surtout ses clichés. L’exubérance, les pâtes, l’esprit de famille, tout ça a fait partie de mon enfance, de mon éducation. Et le football a toujours fait partie intégrante de mon quotidien. Déjà parce que mon père, tout comme moi, a hérité de son père à lui de l’amour du football italien. Mais surtout, il a été la pierre angulaire de la passion familiale de la Serie A, celui qui a fait aimer ce sport si particulier à mes sœurs et à ma mère. On entend souvent cette phrase un peu bateau, parfois drôle, « les femmes n’y connaissent rien, qu’elles laissent les hommes entre eux », et bien je peux vous garantir du contraire. Il n’y a pas plus équitable qu’un homme et une femme dans ce domaine. J’ai souvent été subjugué par des propos criants de vérité de la part de femmes sur le sujet. Tactique, décision arbitrale, moi qui me considère parfois, en toute modestie, comme un « initié » dans ce sport, j’ai été bluffé et remis à ma place par des déductions logiques, inspirées et irréfutables de la part de femmes, l’une de mes sœurs en tête de file. Il faut se rendre à l’évidence messieurs, si elles s’y mettent vraiment, même dans ce sport rempli de testostérone, elles nous surpasseront.

 Joseph : Une ferveur inégalable

C’est bien connu, les italiennes sont connues pour leur côté excentrique, fougueux, et démesuré. Et lorsqu’elles regardent un match, tout cela devient une vérité aussi drôle, parfois agaçante, mais tellement spontanée qu’on ne peut qu’être admiratif. J’ai le souvenir d’un match, le quart de finale de l’Euro 2012, Italie-Angleterre. On était une dizaine chez moi, avec au passage plus de femmes que d’hommes. L’ambiance était surréaliste, pendant que les hommes restaient muets et concentrés devant ce match très stressant, ces chères demoiselles hurlaient à s’en déchirer la voix, insultant n’importe quel joueur de la Squadra osant rater un geste devant leurs yeux. Ce match est un exemple parmi tant d’autres, mais néanmoins, il est une preuve que le football est unificateur. Au coup d’envoi du match, on se fiche de qui connait le mieux l’équipe, la tactique, l’histoire, il ne reste plus que des amis, une famille, qui peu importe leur sexe, vibrent ensemble pour le club ou le pays cher à leurs cœurs, et là-dessus, mesdames, fortes de votre simplicité, de votre honnêteté, je ne peux que m’incliner devant vous.

Ecrit par Joseph Cocilovo – Rédacteur Calciomio

Clara : le carnet d’une supportrice

Difficile de ne pas aimer le football quand on baigne dedans depuis toute jeune. Ma première fois au Delle Alpi ? Dans le ventre de ma mère. La deuxième ? Quelques années plus tard. Et déjà, je m’égosillais à l’hymne repris en cœur par tout le stade. Mon amour pour le football est né très tôt, je dirais même qu’il est né avec moi. Ma chance a été de cultiver librement cet amour en grandissant, au fil des matchs, chants et déplacements. On pourrait penser qu’aimer le football quand on est une femme, c’est compliqué. Celles qui sont dans mon cas ont déjà toutes connu ce regard interloqué de l’ami, du collègue, de l’inconnu, à qui vous annoncez sereinement que, oui, hier soir, vous avez fait un aller-retour en Italie. Et que non, ce n’était pas pour la Fashion Week de Milan. À chacun son pèlerinage. Ou encore cette réaction de totale incompréhension lorsque vous refusez poliment une invitation un soir de week-end car cela empièterait sur les 90 minutes de votre messe hebdomadaire… J’ai choisi le football comme religion, et même si je ne serais certainement pas en mesure de réciter chaque ligne de son livre sacré, ma foi en ce sport est belle et bien avérée.

Clara : la passion est universelle

Oui, j’aime le foot. Je l’aime pour ce qu’il est dans son essence même : le jeu. Je l’aime pour l’atmosphère au stade, le sentiment d’appartenance qu’il créé, les valeurs qu’il porte. J’ai mille raisons d’aimer le foot. Pour le but de la victoire à la 94ème ou l’odeur de chataignes grillées qui enrobe le Stadium les soirs de match. Pour l’enroulée de Del Piero contre l’Allemagne ou les larmes de Pirlo après la finale de Champions League perdue. J’aime tellement le football que je me suis donnée les moyens de connaître l’envers du décors en travaillant dans différentes structures reliées au ballon rond. Et je ne regrette pas une seconde car ces expériences m’ont fait réaliser à quel point la place de la femme avait évolué dans le milieu. Bien sûr, nous sommes loin de la parité parfaite. Je m’indigne encore trop souvent contre certaines paroles, banderoles ou réactions qui rabaissent honteusement les connaissances de la gente féminine en matière de football. L’Italie en ce sens, est assez particulière. Les tifose sont en nombre ; on y verra en effet bien plus de femmes que dans les stades français. De 7 à 77 ans, elles sont abonnées et crient – littéralement – leur amour pour leur équipe. Mais lorsqu’il s’agit de médias, difficile de ne pas penser que le critère du physique reste prépondérant lorsqu’un diffuseur choisit une chroniqueuse plutôt qu’un chroniqueur. Néanmoins, force est de constater que la féminisation de cet environnement très masculin a pris un réel tournant ces dernières années. À la télé, sur le terrain, dans les tribunes ou les bureaux : les femmes sont là. Et même si beaucoup s’en servent encore comme vitrine, la révolution est en marche, n’en déplaise à certains.

Ecrit par Clara Gioria – Rédactrice Calciomio 




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