Suso, le sauveur du Milan AC ?

Par Théo Cé publié le 25 Oct 2017

Crédits

Si la saison avait plutôt bien commencé pour le Milan AC et pour Suso, qui s’était distingué dès les premiers matchs, la défaite contre la Lazio fut le déclencheur d’un changement tactique à partir duquel l’équipe, déstabilisée, a progressivement perdu ses marques et montré de graves carences. Une défense fébrile pouvait être sauvée par une attaque prolifique : il n’en fut rien et depuis quelques matchs, malgré de légères améliorations dans le jeu, le Milan fait preuve d’une inquiétante incapacité à marquer des buts (2 seulement sur les 4 dernières journées de Serie A).

De la difficulté à jouer dans le 3-5-2

Cette inefficacité n’est pas sans lien avec le changement tactique, dont Suso fut la principale victime. Dans le 4-3-3 installé depuis 1 an, l’Espagnol était épanoui au poste d’ailier droit. Il convenait parfaitement à son profil : un ailier typiquement ibérique, technique et créatif, attiré par le ballon, plutôt que jouant dans la profondeur. Ce positionnement sur le terrain lui permettait d’exprimer au mieux ses qualités de passe, de centre et de tir. Le couloir lui allait si bien jusqu’à ce que le passage au 3-5-2 bouleverse les habitudes en phase offensive. Tout était à revoir et le poste d’ailier était abandonné. Suso fut essayé tantôt second attaquant, tantôt mezzala droite. Bien que les statistiques ne disent pas tout sur les performances d’un joueur, il n’est pas inutile d’y faire appel dans le cas présent : en Serie A, Suso a joué 3 matchs au poste d’ailier droit, 3 matchs en second attaquant. Dans le premier cas, il marqué 2 buts et offert 2 passes décisives, dans le deuxième 1 but et aucune passe décisive. En ailier, il se sent bien plus libre techniquement puisqu’il a effectué 10 dribbles en tout, tandis qu’il n’en a fait qu’un seul en second attaquant. Les deux choses étant liées, Suso subit en conséquence plus de fautes sur l’aile (9) que dans l’axe (6). Étant dans les deux cas proche du but adverse, il tente autant de tirs (10), cependant, ses passes longues sont moins précises et moins nombreuses lorsqu’il joue derrière l’attaquant (9 dont 3 ratées ; en ailier, 14 toutes réussies). Ces quelques statistiques montrent assez ce que le terrain a déjà prouvé : Suso n’est pas à l’aise dans l’axe et code promo Betclic.

La seule valeur sûre de l’attaque

N’oublions pas non plus la brève tentative en mezzala droite, pour un bout de match contre l’Inter puis l’intégralité de celui d’Europa League contre l’AEK Athènes. Malgré un bon rendement, même les esprits les moins perspicaces n’ont pas manqué de souligner le gâchis de faire jouer aussi bas un joueur aussi offensif. Il est peu probable que Montella ne l’ait sérieusement envisagé. Toutefois, toutes ces expérimentations ont fini par soulever une question pertinente : étant donné les difficultés offensives du Milan, et partant du constat que Suso est le meilleur joueur à disposition, la tactique ne devrait-elle pas être adaptée de façon à le mettre dans les meilleures conditions, plutôt que de vouloir coûte que coûte l’adapter lui, à un poste qui n’est pas le sien ? Car Suso est incontestablement la seule valeur sûre de l’attaque à l’heure actuelle : Kalinic n’est pas un top buteur, André Silva n’est pas encore prêt pour la Serie A, Cutrone est performant mais trop jeune pour se voir confier autant de responsabilités, Calhanoglu déçoit et il n’est visiblement pas prévu que Bonaventura joue ailleurs qu’au milieu de terrain. Or, dans les moments difficiles, qui plus est dans une équipe en quête de repères, il est primordial de pouvoir compter sur quelques joueurs pour porter l’équipe : les supporters milanais le savent mieux que personne, après le départ d’Ibrahimovic, chaque saison a connu son « sauveur » (El Shaarawy, Balotelli, Menez, etc.). De fait, nul mieux que Suso ne peut soutenir l’attaque milanaise : Montella semble l’avoir enfin compris en introduisant contre le Genoa un nouveau 3-4-3, repositionnant Suso sur son côté droit. Pour lui, c’est la confirmation d’un statut acquis depuis la saison dernière, celui de leader offensif.