Trequartista ? Verratti n’en est pas un

Par Vincent Molina publié le 03 Avr 2017

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Il a énormément de talent mais il s’amoindrit très largement lorsque qu’il ne joue pas à son poste naturel, dans le coeur du milieu de terrain, au centre névralgique du jeu, là où toute son intelligence et son talent s’exprime. L’une des caractéristiques spécifiques d’un milieu offensif c’est de souvent finir les actions par une frappe ou une passe décisive. Les meilleurs à ce poste ont des lignes de stats bien remplies, ce qui n’est pas le cas du petit italien. Même si ceux cités en intro chercheront avant tout à faire la passe décisive qui va considérablement augmenter les chances de conclure l’action, ils n’hésiteront pas pour autant à frapper au but si l’occasion se présente. C’est l’une des principales différences avec Verratti, qui lui tire très peu et par conséquent ne marque quasiment jamais.

Des stats qui en disent long

Lors de la saison 2010/2011, Mezut Özil finit la saison au Real Madrid avec un total de 6 buts et 17 passes décisives et la saison dernière avec Arsenal il cumule 6 buts et 19 passes décisives, c’est colossal. James Rodriguez lors de sa saison à Monaco et sa première au Real Madrid arrive sur l’ensemble des deux saisons à 22 buts et 25 passes. Même son de cloche pour David Silva, qui lorsque Manchester City a été champion en 2012 avait comme statistiques finales: 6 buts et 15 passes décisives et en 2015 12 buts et 7 passes. Enfin, pour le coéquiper argentin du PSG, là aussi c’est flagrant; 13 buts et 6 passes lors de sa première saison et 5 buts et 12 passes lors de la saison 2014/2015. Ces milieux offensifs ont toutes les qualités pour jouer à ce poste, notamment la finition. Verratti ne l’a pas cela se ressent dans ses stats: 5 buts en 161 matchs avec le PSG et 27 passes décisives, qui viennent en grande partie de son jeu long exceptionnel.

Positionnement trop haut

Marco aime toucher le ballon, le faire vivre, communier avec lui, et ce placement le lui empêche. Il est trop haut sur le terrain et ne peut pas “s’amuser” avec la balle comme il aime tant le faire et le fait si bien. Si Verratti est bien meilleur plus bas sur le terrain c’est parce qu’il a également des qualités défensives, de l’agressivité notamment (trop à ses débuts avec Paris où il enchaînait les avertissements), qui lui permettent de récupérer des ballons, de mettre la pression sur le porteur de balle, d’intercepter les passes. Il aime être bas pour partir de loin, il dribble très souvent devant sa surface de réparation pour relancer du mieux possible et ne pas perdre le ballon de suite, et il le fait très bien. Cela lui permet aussi de lancer une contre attaque ou de se projeter pour éliminer les milieux adverses et créer le surnombre pour après distiller la passe qui va faire la différence.

Le maitre et l’élève

Verratti: mezz’ala ou/et regista

Quel meilleur poste pour lui que d’être au coeur du jeu, de pouvoir redescendre entre ses deux défenseurs pour donner une solution ou changer le jeu, faire un décalage qui va faire remonter tout le bloc. Il a cette vista, cette technique que peu de joueurs ont. S’il a souvent été considéré comme le successeur du maître Pirlo, c’est notamment pour sa technique qui se rapproche grandement de la perfection mais aussi de son jeu long. Il n’a aucun problème pour lancer parfaitement les attaquants en profondeur, que ce soit par une passe à ras de terre dont il a le secret ou bien par une ouverture aérienne qui lobe la défense adverse (Ibra le remercie encore pour toutes ses ouvertures). C’est notamment cette caractéristique qui lui permet de faire des passes décisives tout en étant relativement bas. Si Verratti est beaucoup plus performant à ce poste de mezz’ala voire à celui de regista, c’est aussi parce qu’il peut donner le rythme au match. Enfin, Marco Verratti est un joueur qui casse les lignes, que ce soit avec son jeu vertical et ses passes millimétrées qui transpercent les milieux et les defenses, ou que ce soit par ses dribbles magiques dans le petit périmètre, il peut d’un instant à l’autre créer le surnombre pour son équipe et la panique en face. Le faire jouer trequartista c’est gâcher son talent. Le coeur du jeu c’est son jardin, et Verratti dans son jardin c’est un génie, un artiste qui s’épanouit et qui nous épanouit, alors pourquoi l’en priver ?