Entretien exclusif avec Benoit Cauet “Tu gagnes avec 15 joueurs, pas avec 35″
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On aurait presque tendance à l’oublier, mais s’il y a bien un joueur français qui a su se faire apprécier en Italie, c’est Benoit Cauet. Arrivé à l’Inter en 1997, il n’en est jamais reparti, joueur, consultant, entraineur, Calciomio est allé à la rencontre de l’ancien milieu de terrain français, accompagné de son fiston Kevin (interviewé ici) qui se dirige lui aussi vers la carrière de coach. C’est à l’Accademia Inter que le rendez-vous était fixé pour retracer le long parcours de Benoit, entrecoupé de quelques regards complices avec son fils.
On va entrer tout de suite dans le vif du sujet, été 97, tu viens de finir ta première et unique saison au PSG, comment se passe ton arrivée en Italie ?
J’ai eu pas mal de propositions, mon nom était annoncé dans des clubs très importants, j’avais la Juve, le Barca, le Real et puis mon choix s’est porté sur l’Inter parce que c’est tout simplement le club qui m’a le plus voulu.
T’avais une attirance pour le football italien ?
Comme tout gamin, Platini a été un exemple pour moi, du coup on connaissait bien la Juve, mais j’étais ouvert à tout, une expérience en Italie me plaisait. J’avais des potes sur place qui m’avaient dit de venir, tels Boghossian, Deschamps car c’était un championnat important, assurément le plus difficile.
Tu débarques donc à l’Inter et tu dois faire avec une grosse concurrence.
Oui c’était l’effectif d’un grand club avec que des internationaux, il faut batailler, faire ses preuves à l’entrainement et faut tout donner dans les matches. Faut se lancer sans arrières pensées, quand t’en arrives là, la force est de ne pas penser où tu es mais de se concentrer que sur le terrain.
Ton rapport avec ton premier coach Gigi Simoni ?
Très bon, ça c’est très bien passé, il était déjà intéressé par ma venue quand il était au Napoli, il me connaissait, le transfert s’est fait par l’intermédiaire de Mazzola alors directeur sportif, il y avait déjà les bases pour travailler avec lui, c’était important. Après il m’a mieux connu sur le terrain et a apprécié mon travail.
Ça démarre très bien la première saison, deuxième du championnat et Coupe de l’UEFA.
C’était une saison extraordinaire à tout point de vue, même si on a encore des regrets pour le scudetto car je pense que cette saison-là on avait fait quelque chose en plus, on l’aurait mérité. La coupe de l’Uefa a été un bel exploit avec des vraies batailles à chaque match, à élimination directe, des situations parfois difficiles à remonter, ça passe ou ça casse. Grosse adrénaline et puis la finale au Parc c’était fabuleux, quand on est entré sur le terrain, on avait la sensation qu’on allait gagner.
Été 98, les français Frey, Dabo, Silvestre, Camara débarquent à Milan, t’as eu un rôle de tuteur avec eux ?
Oui un peu, c’était des jeunes joueurs qui n’avaient pas tous débuté chez les pros ou à peine, j’ai essayé de les aider, à leur faire comprendre où ils étaient, à construire leur métier, j’ai essayé d’être un grand frère pour eux, pour quelques un ça a fonctionné, d’autres moins même si après ils ont tous fait de bonnes carrières.
En revanche la saison se passe mal (8ème place), pourquoi ?
Cet été là, 10 joueurs arrivent, on passe d’un effectif de 25 à 35 joueurs, l’entraineur a eu du mal à gérer tout ça, on s’est trouvé en difficulté, le championnat débute, on est bien en novembre jusqu’au licenciement de Simoni, les coachs suivants ont eu du mal. Y avait pas de ligne de conduite, ni d’ossature d’équipe. Trop de joueurs, de la difficulté à mettre tout le monde sur le terrain, beaucoup de grands joueurs importants avaient débarqué, mais quand t’as des Pirlo, Ventola, Baggio et ainsi de suite, c’est compliqué à gérer. Et pourtant en décembre, on est 3ème, demi-finaliste de la coupe contre Parma et quart de finaliste de la Champions League, proches d’objectifs qui ne se sont pas concrétisés. On gagne des titres avec 15, 16 joueurs, mais pas avec 35.
Été 99, Lippi arrive, avec le recul, on peut dire que ce n’était pas le meilleur choix, non ?
Oui il y a eu des difficultés avec lui, il avait ses principes et ses concepts de groupe, la première saison l’équipe se qualifie pourtant pour les préliminaires de la Champions League et fait une finale de coupe d’Italie contre la Lazio qu’on perd à la dernière minute. Une saison qui pouvait servir de support pour la suivante, mais l’été 2000 après l’Euro, plein de joueurs avaient loupé la préparation estivale, match piège contre Helsingborg que personne n’attend, pensant qu’il suffit d’aller sur le terrain pour gagner (les suédois éliminent l’Inter en préliminaires, 1-0 sur l’ensemble des deux matches, ndlr). Lippi est viré, Tardelli arrive, il est quand même champion d’Europe avec les espoirs italiens, il essaie de construire quelque chose, mais avec des bases là aussi difficiles. Y avait pourtant toujours de grands joueurs, Seedorf, Vieri, Ronaldo, on peut les mettre les uns après les autres. C’est tous des champions, mais l’amalgame ne s’est pas fait. Et puis la blessure de Ronaldo a énormément conditionné l’équipe, c’était le leader, il représentait au moins 40 %.
Et comment t’expliques les gros recrutements d’un côté et de l’autre les loupés avec Domoraud, Georgatos, Gilberto etc…
S’ils sont arrivés, c’est qu’ils avaient le potentiel, mais pour que ce dernier réussisse à s’exprimer, c’est souvent lié à l’environnement, tu rentres dans un groupe, tu te créés une identité, tu démontres tes qualités. Georgatos pendant six mois avec Lippi, tout le monde l’appelait Roberto Carlos, mais après on ne sait pas ce qui s’est passé, il a perdu confiance. Domoraud arrive de Marseille, dans un championnat très rigoureux, il a un peu souffert, il a essayé de tout donner, ça n’a pas marché. On ne peut pas tout le temps prendre des top players, inversement on peut prendre des joueurs dont on n’attend rien et qui deviennent incroyables. C’est les aléas du foot.
Comment se passe la fin de ton expérience à l’Inter que tu quittes en octobre 2001 ?
Y avait un renouvellement de l’effectif avec Hector Cuper, des joueurs comme Okan, Emre sont arrivés, les chances pour jouer étaient plus minces. Moi j’avais des opportunités pour aller dans d’autres clubs mais on ne m’avait pas laissé partir pendant l’été. Après 2,3 mois, j’avais joué seulement quelques minutes, j’ai demandé au club de partir et ils ont accepté, l’Inter était bien lancée, j’suis arrivé au Torino qui était dernier et avait besoin de joueurs d’expérience et j’ai retrouvé Mazzola comme dirigeant qui me connaissait.
Ton expérience au Torino, le dernier granata à avoir marqué lors du derby…
Ça fait déjà onze ans qu’on le répète ! (rires) Ça s’est bien passé, j’suis tombé sur Camolese, un bon coach, il y a eu deux derbies fantastiques, l’équipe a fini en Coupe Intertoto, il y avait de supers joueurs avec Lucarelli, Ferrante et d’autres qui se sont révélés aujourd’hui Calaio, Quagliarella, Tiribocchi. Un bon groupe bien encadré et un public fabuleux, c’est une expérience qui m’a enrichi encore plus.
Tu finis ta carrière italienne à Como, un promu, lors de la saison 2002-03.
C’était une expérience intéressante parce que j’avais fait un club pour tout gagner, un pour faire un bon championnat et maintenant un club qui montait et qui voulait se structurer. Bon au final on ne s’est pas sauvé, c’est la seule fois que ça m’est arrivé d’ailleurs en 19 ans chez les pros. Mais j’ai joué toute l’année, physiquement j’étais bien et j’ai vu la situation d’un club qui devait se maintenir, voir des jeunes qui montaient et devaient s’imposer en Serie A. On avait un beau groupe, dommage que Fascetti n’ait pas été là dès le début, on se serait peut-être sauvé.
Tu décides ensuite de conclure ta carrière en 2006 après un retour en France et un passage en Bulgarie et en Suisse.
En Italie, j’avais fais le tour, j’avais vécu le bon, le moins bon. Jusqu’au Toro, ma carrière est resté sur un même niveau, ensuite mes choix étaient surtout dictés par les opportunités et la motivation. Je prend ma retraite après 20 ans dans le monde du foot, faut laisser sa place aux jeunes, je pouvais encore jouer, je n’avais aucun problème physique, mais ma motivation n’était plus de jouer au foot.
Et donc tu rentres tout de suite en Italie ?
Oui l’attaché de presse de l’Inter, Paolo Vigano, me contacte et me dis que la chaine du club a besoin d’être développée, c’était important de mettre d’anciens joueurs. Je me lance dans la communication, je vais dans des programmes télé, je débute une carrière télé tout simplement, je commente les matches jusqu’en 2010 à peu près. C’était une coupure, un moment important, voir autre chose, connaitre le monde du journalisme. Je me suis aussi occupé de l’organisation du centenaire de l’Inter, j’ai vu comment ça se déroulait, ça m’a enrichit personnellement, avec une autre façon de travailler, c’était très important. Je connaissais autre chose professionnellement.
Et justement, ton rapport avec les journalistes quand t’étais joueur ?
Toujours bon, j’ai jamais été un grand bavard, ça c’est très bien passé.
Le gros regret de ta carrière, c’est l’équipe de France non ? Tu n’as jamais été appelé
S’ils m’ont appelé en tout cas, c’est qu’ils avaient pas le bon numéro ! (rires). Moi ma carrière en bleu s’arrête avec les Espoirs, mais la concurrence, c’était Deschamps, Petit, Karembeu, Makélélé… A l’époque les joueurs français étaient tous dans des grands clubs, je faisais partie de l’élite mais je n’ai pas été appelé.
Revenons à aujourd’hui, comment se passe tes premiers pas en tant qu’entraîneur ?
J’avais passé mon premier degré en France il y a 20 ans, mais j’ai tout refait ici pour me mettre à jour, j’ai passé mes diplômes en quatre ans. Je me suis lancé dans la formation à l’Accademia Inter qui est liée à l’Inter même, c’est une pré-sélection qui permet de juger si les joueurs sont aptes à intégrer le centre de formation ensuite. J’ai fait ça pendant quatre ans. C’est aussi un pré-filtrage pour les entraîneurs. On a couronné le tout avec le titre de champion d’Italie amateur avec les U14, c’était pas simple, faut gagner le championnat régional, puis national ensuite.
Maintenant, tu es à l’Inter même, quel rôle peut avoir un entraîneur des U14/U15 dans un grand club ?
Le plus important, ce sont les valeurs du club, ils sont dans un club centenaire, tout ce qui est fait est dans l’intérêt de club. Puis apprendre à respecter où tu es, où tu travailles, à te respecter toi-même et tes coéquipiers. A partir de là, il y a tout un travail physique, technique, tactique en inculquant les bases qu’ils exploiteront demain pour peut-être pratiquer le métier de footballeur. Ça c’est bien passé l’année dernière, on a été champion d’Italie, là j’suis monté avec les Allievi regionali (l’équivalent des U15, ndlr), je suis la même génération et je suis très heureux de ce que je fais.
On peut oser une comparaison entre les U15 d’aujourd’hui et ceux de ton époque ?
Il y a quelques similitudes, c’est clair que ça a changé par rapport à quand je jouait en U15, je viens d’une autre formation, en France c’est fait différemment, à 15 ans, je jouais en DH à l’ASPTT de Nantes, à 16 en D3 contre des adultes, j’étais à chaque fois surclassé. Mais mon vécu me permet d’apporter à ces joueurs-là, de leur faire comprendre ce qu’ils sont en train de vivre, que le football est un sport exceptionnel et que faire ce métier est quelque chose d’unique.
L’objectif ensuite c’est de coacher en pro ?
Oui, je me suis donné quelques années, je suis pas non plus pressé, j’ai commencé ma carrière en voulant comprendre au mieux les besoins de chaque catégorie. Demain si on me donne une catégorie supérieure, je serai très content, l’objectif c’est de continuer de progresser. Je ne ferme aucune porte, entraîner en Italie m’a donné une base de travail importante, j’ai connu plein de cultures différentes, le foot brésilien, argentin, etc… Moi je suis citoyen du monde, à partir de là, j’suis ouvert à tout.
Pour finir, ça fait 15 ans que t’es en Italie, ça se passe comment quand la Nazionale affronte la France ?
Bah j’suis pas bien (rires), parce que mon fils supporte la Squadra Azzurra, à la maison France-Italie en finale, c’était un peu la guerre…mais moi je reste supporter de la France !
Le rendez-vous est donc pris pour le prochain France-Italie !
Les questions des calcionautes
Matthieu Goujon : En jouant à l’Inter quel joueur t’as le plus surpris sur la suite de sa carrière ? Quel joueur t’a le plus déçu ?
Il y avait un joueur exceptionnel, qui n’a pas réussi sa carrière même s’il a fait de bonnes choses, il aurait pu être un des 4,5 meilleurs joueurs au monde, c’est Stéphane Dalmat. En revanche, un qui m’a surpris après, ben c’est Pirlo, si on ne l’avait pas changé de poste, il serait probablement resté un bon joueur mais pas le meilleur à son poste sur les dix dernières années.
Loïc Roussel : Quelle est l’équipe qui te faisait le plus “peur” à l’époque ?
C’est difficile, à un certain niveau ils sont tous très forts, y avait la Juve qui a fait trois finales de Champions League, le Manchester de 1999, la Lazio du doublé coupe/championnat.
Julien Ranaldi : Un favori pour le scudetto cette année ?
(Un peu fataliste) Bon ben, Roma, Juve ou le Napoli !
Valentin Pauluzzi
@CalcioBilly
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