Calciopoli : rappel des faits avant l’analyse des attendus
La rédaction de Calciomio continue de vous informer concernant l’actualité de Calciopoli. Une affaire qui a chamboulé l’histoire de la Serie A il y a bientôt six ans maintenant et qui a connu moult rebondissements et révélations. Il s’agit maintenant de se pencher sur les attendus de la sentence du procès civil de novembre dernier.
Comme d’habitude, Calciomio se concentre sur la Juventus (et donc parallèlement sur son ancien directeur général Luciano Moggi), non pas par désintérêt pour les autres clubs concernés dans cette affaire (la Lazio, le Milan et la Fiorentina notamment), mais parce que la Juventus fut l’équipe au centre de ce procès et celle qui subit la condamnation la plus lourde il y a six ans. La seule qui perdit également des titres et qui sont aujourd’hui au centre de nombreuses discussions. Il s’agit là d’un travail d’investigation très sérieux et très documenté concernant une page importante de l’histoire du football italien, et non d’une prise de position partiale et subjective en faveur de la Juventus.
Un petit retour en arrière pour rafraichir les mémoires. En 2006, la Juventus fut accusée de comportement ‘illicite structurel’ dans le championnat 2004-2005. Une tempête médiatique, orchestrée par deux journaux (dont la Gazzetta dello Sport, journal le plus lu en Italie), mais suivie avec jubilation par la quasi-totalité de la presse italienne, alimentée par des fuites illégales, systématiques et orientées du dossier judiciaire et des manipulations d’information qui monta toute l’opinion contre la Juve. Le procès sportif fut très expéditif et (comme c’est l’usage) non contradictoire, les avocats de la Juve, n’ayant pas le dossier de l’enquête en main (l’aurait-ils eu, qu’ils n’auraient de toute façon pas eu le temps, en trois jours, de l’étudier) n’avaient aucun moyen réel de se défendre.
Sur la base du dossier présenté par le procureur sportif Palazzi, le juge FIGC considérant que :
- bien qu’aucune preuve d’illicite (article 6, seul passible de punition grave), n’ait été apportée, le directeur sportif Moggi, et donc la Juve, s’étaient rendus coupables d’un nombre de comportements contraires à la loyauté sportive (infractions à l’article 1), que la cour de la FIGC considérait équivalents à un «article 6 », car permettant la suspicion d’une volonté de Moggi de manipuler le championnat.
- condamna la Juve et Moggi (entre autres).
Cette assimilation de plusieurs «articles 1» à un «article 6 structurel», n’était pas prévue par le règlement de la FIGC, la Juve étant la première (et la seule) équipe à en «bénéficier».
Elle fut condamnée à la Serie B avec neuf points de pénalité. On lui enleva deux scudetti (2004-2005 et 2005-2006), en attribuant le premier à l’Inter (troisième à 15 points cette année-là), première équipe non concernée par ce procès. Le Milan AC (second), la Lazio et la Fiorentina subirent des peines plus légères, quelques points de pénalité, sans rétrogradation en Serie B. Moggi fut suspendu, en deux temps, d’abord pour cinq ans, puis à vie. Pour des raisons financières et parce que certains joueurs ne voulaient pas la suivre en Serie B, la Juve fut obligée de vendre, dans l’urgence et à perte, une demi-douzaine de ses meilleurs joueurs, dont Ibrahimovic et Vieira à l’Inter. Dans un premier temps, la nouvelle direction de la Juve voulut contester la décision de la FIGC devant un tribunal civil compétent (le TAR du Latium), mais dut y renoncer, selon son président d’alors, Cobolli Gigli, pour trois raisons principales :
- Le recours en dehors des instances sportives d’appel est interdit par les règlements de la FIGC et eu entrainé une ultérieure aggravation des sanctions. La Serie C ou même la radiation devenaient alors possibles.
- Les pressions et intimidations de la FIGC, ses promesses de réductions de pénalité de points.
- La jurisprudence ne permettait pas d’être assuré d’un succès devant le TAR.
A ces (bonnes) raisons s’ajoutèrent les notoires pressions d’un membre très influent du groupe propriétaire de la Juve (Monsieur de Montezemolo), plus tard remercié publiquement par Blatter et par un ministre italien en exercice, pour son «action modératrice». En conséquence, l’avocat de la Juve reçut mandat d’accepter la punition infligée par la FIGC « pourvu qu’elle soit juste et égale pour tous les clubs impliqués ». Cela ne permit pas d’éviter la Serie B mais seulement de réduire la pénalité en points de 21 à 9. Un marché de dupes que les tifosi de la Juve reprochent toujours amèrement aux dirigeants de 2006-2010 et que les tifosi des autres équipes confondent allègrement avec une reconnaissance de culpabilité. Un procès pénal à l’encontre de Moggi et de ses présumés complices fut entamé à Naples. Un Moggi très batailleur obtint que ses avocats puissent disposer de l’ensemble du dossier informatique des écoutes téléphoniques de l’enquête. (170 000 écoutes ainsi que les annotations correspondantes des carabiniers quant à leur importance et gravité: les fameuses trois-, deux- ou une «moustaches», rouges ou jaunes).
Les enquêteurs ayant tardé à transférer les dossiers et n’ayant pas fourni (pourquoi?) leurs instruments informatiques d’analyse aux avocats, ceux-ci se retrouvèrent en 2009 devant un travail titanesque (toujours en cours d’ailleurs). A partir d’Avril 2010 les avocats purent cependant déposer au tribunal de Naples un nombre grandissant d’écoutes prouvant que les enquêteurs avaient mené de 2004 à 2005 une enquête de parti pris, omettant d’informer les juges de la FIGC d’abord, puis ceux de la cour de Naples ensuite, d’un nombre important de preuves à charge d’autres clubs ou de membres de la FIGC et de preuves à décharge des accusés. Ils purent montrer que dans au moins un cas une écoute téléphonique fut manipulée pour en inverser le sens (dans le cas d’une accusation portée contre le président de la Fiorentina).
Les témoins de l’accusation convoqués à Naples n’ayant guère répondu aux attentes du procureur non plus (Nucini, Martino, le colonel Auricchio chef des enquêteurs, le carabinier Di Laroni et Baldini, furent particulièrement nuls), une partie croissante de la presse italienne décida qu’il était peut être temps de retourner sa veste et de s’indigner vertueusement des erreurs du jugement de 2006. Même le procureur de la FIGC Stefano Palazzi, au vu des documents fournis par le greffe de Naples, (mais prenant le temps d’attendre plus d’un an que les infractions soient prescrites), se sentit obligé de publier, mi-2011, un rapport accusant plusieurs équipes dont l’Inter et le Milan AC de nombreux manquements à l’éthique sportive (article 1) et d’un certain nombre d’actes illicites (article 6), ces derniers passibles de peines au moins équivalentes à celles infligées en 2006 à la Juve.
Les avocats de la Juve, profitant du remarquable travail de ceux de Moggi, entamèrent dès Avril 2010 une série de recours, d’abord devant les instances juridiques sportives demandant l’équité de jugement entre les équipes du Calcio, puis ces instances s’étant curieusement déclarées «incompétentes», devant les instances civiles et (vraisemblablement bientôt-) pénales demandant le retour des scudetti ainsi que l’indemnisation des énormes pertes financières subies. En 2011, même le procureur Narducci, en charge du dossier de Naples, ne semblait plus guère croire en ses propres thèses accusatoires. Il fit trois (!!) tentatives pour décharger du procès le juge principal Casoria. Tentatives dilatoires, appuyées par les deux assesseurs du juge. Les tentatives ayant été déboutées, le procureur choisit, mi-2011, de quitter son poste pour une fonction civile au sein de la mairie de Naples où l’ex-chef des carabiniers de l’enquête de 2006, le Col. Auricchio, le rejoignit.
C’est donc avec une très grande confiance que les avocats de Moggi, tous les juventini et bon nombre de journalistes attendaient le verdict de Novembre 2011. Ce fut à leur grande consternation et incompréhension, un verdict de culpabilité pour Moggi et une partie de ses co-accusés, que la présidente et ses deux assesseurs rendirent. Par contre la Juventus fut blanchie par la cour, ce qui ne pouvait que susciter des questions sur la logique du jugement. Apparemment, la cour estimait que la Juve n’avait pas participé aux irrégularités de Moggi, ni n’en avait profité. D’où le grand intérêt pour les attendus du jugement, signés par la juge Casoria, rendus publics la semaine passé. Attendus dilués dans 561 pages écrites en italien juridique.
Pierre Galafassi
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