Le dernier cador à avoir été concerné par Calciopoli est la Lazio, l’occasion de revenir sur la consistance relative (ou tout simplement inexistante) de l’une des accusations les plus graves de ce procès, le trucage du tirage au sort des arbitres.

Le président de la Lazio Claudio Lotito (aujourd’hui nouvel homme fort du football italien) fut accusé de fraude sportive au procès de 2006 et condamné à 4 mois de suspension de ses fonctions. La Lazio écopa de 30 points de pénalité au titre du championnat 2005-2006 et de 3 points au titre du championnat 2006-2007, mais échappa à la relégation en B. Le président et son club (pour responsabilité civile) furent traduit devant le tribunal pénal de Naples et Lotito fut condamné en première instance à 15 mois de détention (avec sursis) et à une amende pour deux cas de fraude sportive, sur la base d’écoutes raisonnablement incriminantes. La responsabilité civile du club fut reconnue par les juges. Les tentatives de fraudes, non suivies d’exécutions, retenues par le tribunal pénal, concernaient les matches Chievo-Lazio et Lazio-Parma, les «désignateurs» et Lotito étant reconnus coupables (grâce également à l’aide du président de la fédération Carraro) d’avoir modifié la grille des arbitres pré-sélectionnés pour ces matches en y introduisant les arbitres Rocchi et Messina, «sympathiques» à la Lazio. La cour note cependant, comme toujours, la marginalité de cette fraude, puisque le tirage au sort des arbitres, lui, ne fut pas truqué, contrairement à l’accusation du Ministère Public (PM). Les comploteurs n’avaient par conséquent qu’une chance sur 6 ou 8 que leur arbitre favori soit désigné par le tirage au sort, quand aux arbitres de ces rencontres (Rocchi exerce encore), ils ont été acquittés depuis bien longtemps.

L’hypothèse du trucage des tirages au sort des arbitres, était d’ailleurs une idée fixe du PM Narducci, utilisée par lui une bonne dizaine de fois pour autant de matches suspects à ses yeux. Il s’agissait d’une des accusations les plus graves lancées par une certaine presse, mais se basait uniquement sur ces articles de journaux tendancieux et sur deux témoins de l’accusation qui se ridiculisèrent lamentablement à la barre, où ils furent contredits par des dizaines de personnes ayant assistés à ces tirages au sort publics: journalistes, notaires, officiels FIGC etc… Commentaire furibard de la juge Casoria concernant le témoin de l’accusation Martino Manfredi (page 92): «…Per il teste Martino Manfredi, presentato come colui che doveva far luce sulle irregolarità, il cui esame ha solo prodotto un coacervo di riposte da presa in giro, tipo il colpe di tosse del disegnatore Bergamo nel bel mezzo del sorteggio dell’arbitro Collina, non imputato, per la partita Milan-Juve…»

==> “Pour le témoin Martino Manfredi, présenté comme celui qui devait nous éclairer sur les irrégularités, mais dont l’interrogatoire a produit des réponses désordonnées et se foutant du monde, par exemple, le fait que le désigneur Bergamo tousse au beau milieu du tirage au sort de l’arbitre Collina, pas enquêté, pour le match Milan-Juve”

Témoignage du témoin de l’accusation Pirrone «.. io ho precisato che queste sono mie sensazioni, poi lei dimostra che sono sbagliate, non c’é problema….»

==> “J’ai précisé que c’étaient des sensations que j’avais, ensuite vous me démontrez qu’elles n’étaient pas vraies, aucun problème”

Dans la plupart des tirages au sort invoqués, les enquêteurs durent reconnaitre à la barre, qu’ils n’avaient procédés à aucune enquête et simplement repris des insinuations de la Gazzetta et de Repubblica sans les vérifier ! Le témoignage du Col. Auricchio fut une lamentable défaite des enquêteurs, comme le montrent ses réponses aux questions de la juge et de la défense: Auricchio Page 91-92 « Si, il sorteggio era pubblico..», «…si, , credo che oltre al giornalista che estraeva la pallina, vi erano anche altri giornalisti nel pubblico..», «…non sono stati sentiti i notai, perché eventuali dubbi il notaio li avrebbe inseriti nel verbale,..», «no, non ci sono stati accertamenti tecnici relativamente ai sorteggi..»

==> “Oui, le tirage au sort était publique”, ” oui, je crois qu’en plus du journaliste qui tirait au sort, il y avait d’autres journalistes dans le public”, “on n’a pas interrogé les notaires, parce s’il avait eu des doutes, le notaire les aurait inscrit dans son rapport”, “non, il n’y a pas eu de vérification technique relative aux tirages au sort”

Commentaire de Casoria dans le cas du chef d’accusation q) : Page 206 «L’istruttoria dibattimentale non altro ha fornito…..e la dichiarazione da parte del investigatore Auricchio di mancati accertamenti sul sorteggio, e della formazione dell’ipotesi investigativa nei termini che seguono: «abbiamo sostenuto riprendendo le principali fonti di informazione giornalistica, Gazzetta, Repubblica,…» Ironie de Casoria qui ajoute, perfide: «E pure seguita la conferma, da parte dell’investigatore (Auricchio ndr.), di non aver letto anche Tuttosport, con commento che «sarebbe stato di parte».

==> En simplifiant, enquête faite en se basant sur les principales sources d’informations journalistiques, Gazzetta et Repubblica mais pas Tuttosport car considéré partial par les enquêteurs.

La juge principale Casoria passa à plusieurs reprises un sacré savon aux enquêteurs pour leur manque de sérieux sur ce point de l’enquête. Comme par exemple: Page 90 «..Che il sorteggio non sia stato truccato, così come hanno sostenuto le difese, é emerso in maniera sufficientemente chiara al dibattimento. Incomprensibilmente il pubblico ministero (Narduci ndr.) si é ostinato a domandare ai testi di sfere che si aprivano, di sfere scolorite e di altri particolari della condizione delle sfere, se il meccanismo del sorteggio, per la partecipazione ad esso di giornalista e notaio, era tale da porre i due disegnatori, Bergamo e Pairetto, nell’impossibilità di realizzare la frode.»

==> En simplifiant, le PM s’obstinait de manière incompréhensible à essayer de prouver que les tirages étaient truqués, en parlant de boules ouvertes, ou décolorées