Pour conclure, de nombreuses autres équipes furent impliquées de près et de loin et surtout après coup dans cette affaire. Enfin, le procès en appel commençait aujourd’hui.

Le procureur FIGC Palazzi ne fut pas très pressé de prendre acte des nouvelles informations en provenance du tribunal de Naples à partir du printemps 2010. Alors qu’en 2006 son dossier fut ficelé en quelques semaines et la Juve expédiée en B par express, il lui fallu onze mois pour réagir, et ce uniquement parce que les avocats de la Vieille Dame lui adressèrent une mise en demeure péremptoire en Mai 2010. Il finit cependant par écrire un rapport utilisant une partie des «nouvelles» écoutes retrouvées par la défense de Moggi dans le «foutoir» des carabiniers (sauf leur respect). Mais en s’empressant de préciser que les délais de prescription étaient de toute façon dépassés et qu’aucune sanction ne pouvait plus être infligée à personne. Curieusement, pour fixer ces délais de prescription, il adopta le règlement en vigueur du code de la justice sportive au moment des faits de 2005 (délais de prescription courts) et non pas ceux en vigueur à la date de son rapport en 2011 (deux fois plus longs, qui auraient permis de sanctionner les clubs impliqués par les nouvelles écoutes) et de rendre une justice un peu plus équilibrée. Le cas de nombreux dirigeants du Calcio et de leurs équipes fut examiné. Trois catégories furent mentionnées dans son rapport.

A. Équipes et dirigeants dont la conduite ne méritait aucune sanction, par exemple ceux des dirigeants dont les communications avec les «désignateurs» étaient innocentes, épisodiques et bénignes (On rappelle que le fait de parler avec les «désignateurs» était permis par les règlements de la FIGC à condition que ce soit lors de rencontre officielles et qu’il ne s’agisse que de banalités). Les dirigeants des équipes suivantes furent trouvés dans ce cas : M. Zamparini (Palermo), R. Zanzi (Atalanta).

B. Équipes et dirigeants dont la conduite aurait mérité une sanction modérée (amendes, quelques points de pénalité en championnat) pour infraction à l’article 1 du règlement disciplinaire de la FIGC, pour «violation des principes de loyauté». Les dirigeants (et un entraineur) des équipes suivantes furent trouvés dans ce cas : M. Cellino (Cagliari), L. Spalletti (Entraineur, Udinese), S. Gasparin (Vicenza), F. Corsi ( Empoli), L. Campedelli (Chievo), R. Foschi (D.S Palermo), N. Governato (Consultant Brescia), M. Moratti (Inter)

C. Équipes et dirigeants dont la conduite aurait mérité une sanction sévère (allant jusqu’à la rétrogradation en B ou en C) pour «illecito» grave, infractions à l’article 6 du règlement de la FIGC, Les dirigeants des équipes suivantes furent trouvés dans ce cas : G. Facchetti (Inter), L. Meani (Milan), A. Spinelli (Livorno), P. Fotti (Reggina).

Tout au long de cette nouvelle série d’articles, vous avez surement eu l’impression de vivre le football italien de l’intérieur, personne n’est dupe, c’était un vrai panier de crustacés où chacun essayait gentiment de tirer la couverture vers soit. La question est, est-ce que cela a pu avoir une quelconque influence sur les résultats du championnat concerné (2004-05) voire la période durant laquelle ont exercé les Moggi, Bergamo, Mazzini et compagnia bella ? Le tribunal lui a été clair, “championnat non altéré”, et c’est le chainon manquant de ce procès, le rapport de lien à effet que les enquêteurs n’ont jamais réussi à démontrer. Concernant les familiarités entre dirigeants de clubs et représentant des institutions footballistiques, il serait hypocrite de croire que ce que l’on pourrait aisément qualifier de mauvaises habitudes aient été abandonnées (la polémique concernant la prochaine Supercoupe d’Italie en est un bel exemple), en effet, la plupart des protagonistes de ces articles sont encore en poste dans leur club mais aussi à des places stratégiques du gouvernement du calcio, Galliani, Lotito, les Della Valle, Pradéetc…seuls Moggi et Giraudo concernant les dirigeants de club ont été radiés à vie par la fédération.

Et maintenant ?

Et oui tiens, maintenant qu’est ce qui se passe ? après un faux départ en mai dernier, le procès en appel démarrait aujourd’hui, l’occasion pour tous les condamnés en première instance de renoncer à la prescription afin de pouvoir démontrer leur totale innocence, et ça en dit long. Puisque les vacances d’été approchent, on a fixé cinq séances entre fin septembre et octobre, ce qui confirme la rumeur que la sentence du procès en appel arrivera avant la fin de l’année civile. Les avocats de la défense devraient concentrer leurs efforts sur le théorème des Cartes Sim Suisses que Moggi distribuait à des arbitres selon l’accusation, ils devraient également se servir en parallèle des sentences du procès Telecom sur l’espionnage industriel ainsi qu’utiliser de nouvelles écoutes téléphoniques. Si une bonne partie de la presse italienne n’a pu faire autrement que reconnaitre les nombreuses incohérences ou erreurs de ce procès (surtout concernant l’enquête), il parait tout de même improbable que l’accusation soit défaite, rappelons que les rumeurs d’acquittement de tout ce beau monde allait bon train avant la sentence du procès en première instance, mais il n’en fut rien. Est-ce que le football et l’état italien se remettraient d’un retournement de situation qui risquerait (et qui lui a déjà) couté très cher ? Telle est la question.

Un grand merci à Pierre Galafassi pour sa précieuse collaboration.