Le procès Pénal de Calciopoli a débuté en 2009 et cette fois-ci c’est du sérieux. Contrairement au Procès Sportif, ce procès qui est encore en cours donne le temps aux débats. Des témoins sont entendus et questionnés par le ministère publique (représenté par Narducci) et les avocats défenseurs. Tout ceci présidé par la présidente de la cour, Teresa Casoria.

Lors de ce procès, le risque n’est pas de ne plus travailler dans le monde du football, mais d’aller directement en prison. D’autres accusés comme Giraudo ont choisi d’avoir un procès abrégé. La formule est simple : pas de place aux débats; seules les informations relatives à l’enquête des carabiniers sont examinées. Mais pourquoi Giraudo a choisi ce mode de procédé qui l’empêche de se défendre ? On dit que ce dernier a des affaires à Londres et qu’il ne veut pas être embêté avec un long procès, tout en sachant qu’il n’ira jamais en prison. En décembre 2009, Giraudo a été condamné à trois ans de prison pour fraude sportive et association de malfaiteurs. Il a fait appel. Mais pour les autres accusés, le processus du procès est classique. Depuis plus de deux ans désormais, le Procès Pénal de Calciopoli suit son cours, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a eu beaucoup de rebondissements.

Tout d’abord nous pouvons affirmer avec certitude que l’accusation n’a pas réussi à démontrer une quelconque preuve concrète qu’il existait dans le football italien une association de malfaiteurs capable d’altérer le résultat de rencontres de football de Serie A. Les témoins de l’accusation n’ont pour la plupart rapporté que des “on-dit”. Mythique – par exemple – a été le témoignage de Zdenek Zeman qui s’est dit devant les juges être une victime du système Moggi et que c’est à cause de ce dernier qu’il n’entraîne plus au haut niveau. Mais quand on lui fait remarquer que ces résultats depuis une dizaine d’années désormais sont négatifs et qu’il a été licencié dans beaucoup de ces clubs, Zeman ajoute qu’il a été licencié du Napoli à cause de Moggi, mais lorsqu’on lui demande comment l’ex Directeur Général de la Juve a pu se suppléer à Corbelli et Ferlaino les patrons du Napoli de l’époque Zeman est en grande difficulté. Bref, les déclarations de Zeman ont la même valeur que celles de supporters en train de parler du système de Moggi dans un bar autour d’une bière. D’ailleurs la plupart des témoignages à la barre seront basés sur des “sensations” voire des contradictions entre une déposition et une autre (ou mieux des témoignages de l’accusation qui se retournent contre cette même accusation !)

Lors du Procès, l’accusation a également tenté de prouver que le “système Moggi” truquait le tirage au sort des arbitres. Mais comment se passait le tirage au sort et qu’elle était le rôle de Bergamo et Pairetto ? Tout d’abord, les “désigneurs” devaient “classer” les meilleurs arbitres pour les matchs les plus importants de la journée, les meilleurs arbitres arbitraient les matchs les plus tendus et importants pour le classement, les autres, plus jeunes et qui avaient moins d’expérience arbitraient des matchs qui étaient sur le papier plus faciles à gérer. Les arbitres étaient donc divisés en deux groupes ainsi que les matchs de championnat. Venait ensuite le tirage au sort. Pairetto ou Bergamo tiraient les boules pour les matchs, un journaliste (qui était différent à chaque journée) tirait lui l’arbitre. Tout cela sous l’œil attentif d’un notaire. Si le système de Moggi voulait choisir ses propres arbitres, il devait donc corrompre 38 journalistes qui ont fait le tirage au sort ainsi que le notaire. Le problème réside dans le fait qu’aucun journaliste n’a affirmé avoir été soudoyé par Moggi ou une autre personne faisant partie de ce fameux système. Le notaire a quant à lui affirmé que tout avait été fait dans les règles de l’art. On est alors en droit de se demander – une fois de plus – comment le système Moggi pouvait truquer des matchs afin d’altérer le résultat d’une ou plusieurs rencontres.

La défense fait entre temps un travail qu’aurait dû faire les enquêteurs du Colonel Auricchio. Écouter toutes les centaines de milliers d’écoutes des dénominateurs pour voir si d’autres dirigeants entretenaient des rapports avec Bergamo et Pairetto. Après une intense recherche (qui aura coûté beaucoup d’argent au passage) on s’est aperçu que beaucoup de dirigeants d’équipes de Serie A entretenaient un rapport avec les “désigneurs”. Dans une interview en 2006, Bergamo avait d’ailleurs affirmé que tous les dirigeants de Serie A l’appelait et pas seulement Moggi, des déclarations que pratiquement personne n’a cru.