Toujours dans l’optique de vous faire découvrir ces joueurs français exilés en Italie, Calciomio est allé rencontrer le défenseur Tony Huston qui évolue à la Pro Vercelli, club aux sept scudetti, après avoir refusé la Juventus il y a deux ans pour rester auprès de sa petite fille. Le rendez-vous était pris au stade Silvio Piola pour retracer son parcours.

Raconte-nous un peu ta formation en France.

Et bien, j’ai commencé à l’Entente Sannois Saint-Gratien en région parisienne, les U13 et U14 avant de signer au Mans où j’arrive à l’age de 15 ans et un an après je signe mon premier contrat professionnel, j’ai également joué avec la réserve en CFA.

Parallèlement, tu fréquentes les équipes de jeunes de l’Équipe de France.

Oui, j’ai eu la chance de faire quasiment toutes les années, des U16 au U19, j’en garde de très bons souvenirs, je donnerais tout pour y retourner.

Quel est ton poste de prédilection ?

Je jouais défenseur central au Mans et arrière-droit en sélection, ce sont les postes auxquels j’évolue habituellement. J’ai des grosses qualités athlétiques, je suis rapide, c’est mon point fort sur le terrain, en revanche je ne suis pas encore au point tactiquement.

Le Mans a fait faillite aujourd’hui, ça te chagrine ?

Franchement non, pas du tout, on a ce qu’on mérite, club mal géré. C’est pas méchant hein, car y’a des gens que j’apprécie.

Dès le printemps 2011, on t’annonce déjà en Italie…à la Juve et à l’Inter !

Et oui j’aurais dû signer à la Juve, j’ai fait des essais avec les deux clubs, mais j’ai eu un événement dans ma vie qui fait que j’ai décidé de rester un an de plus en France. J’ai eu une petite fille qui est née au moment où je devais partir, je me suis dit que je ne pouvais pas être loin d’elle, j’ai donc décidé de faire un an de plus au Mans.

Le départ est ainsi reporté d’une année.

C’est ça, l’Inter et la Juve me suivaient encore, sauf que Le Mans n’a pas forcément apprécié ma décision de rester, ça c’est mal passé. J’ai fait une saison noire, j’ai pas beaucoup joué, je me suis blessé, ma côte a baissé, vous savez ça bascule vite et du coup j’ai signé au Hellas.

Justement, comment se passe les premiers contacts avec le club véronais ?

C’est grâce à mon agent italien qui vit en France et qui travaille plus ou moins dans le club, j’ai signé un contrat de quatre ans. Moi j’aimais bien l’Italie quand j’étais plus jeune, au centre tout le monde disait l’Angleterre, mais moi c’était l’Italie, maintenant j’y suis et je m’y sens bien. J’ai quand même bien parlé avec ma famille avant de prendre la décision, c’était pas facile, changement de pays tout ça, mais j’étais déterminé. Au début la barrière de la langue était compliquée à surmonter, maintenant je me débrouille bien.

La réputation des supporters du Hellas ne te faisait pas peur ?

Oui on m’en a parlé, mais étant là-bas j’ai vu comment c’était et sincèrement, bon ils sont un peu fous, mais quand t’es de leur équipe, c’est pas pareil…et puis ce qu’ils font c’est pour déstabiliser l’équipe adverse, rien de méchant selon moi.

Comment se passe la première saison avec la Primavera ?

Ce qui m’a marqué c’est la charge des entrainements, sur le plan physique, la durée etc… La saison a été compliquée, on a eu un changement de coach en milieu d’année, le premier n’était tout simplement pas assez bon, on a pris l’eau, on s’est un peu relevé par la suite mais on finit dernier, ça a été tout de même une bonne expérience. A la base je suis venu pour le groupe pro, j’ai fait toute la préparation estivale, les entrainements et le week-end j’étais reversé en Primavera.

Tu as fait également une apparition sur le banc à San Siro lors du match de coupe contre l’Inter en décembre dernier.

C’était la première fois que j’entrais dans ce stade, c’était impressionnant, avec tous les supporters, c’était magnifique.

Tu as fait la fête pour la promotion en Serie A ?

Oui un peu, même si j’ai pas eu la chance de jouer, mais je faisais partie du groupe.

Te voilà maintenant à la Pro Vercelli depuis cet été.

Disons que j’avais fait une année en Primavera, je ne pouvais pas m’attendre à un prêt dans une grosse équipe, j’ai parlé avec le directeur sportif du Hellas qui m’a conseillé et proposé à certains clubs dont la Pro Vercelli et ça s’est fait tout seul, c’est un prêt sans option d’achat et l’objectif est de retourner à Vérone.

Tu es dans un club mythique là, sept scudetti !

Et ouais, je savais pas, on m’a expliqué en arrivant ici, au delà de ça, la ville est sympa, franchement on est bien ici. Niveau concurrence, y’a quatre défenseurs centraux mais ici ils sont dans l’optique de me faire jouer sur le côté à droite, même dans un 352, sur l’aile, c’est d’ailleurs le poste que je préfère. Y’a de la concurrence comme partout, on se donne à fond et on travaille. La saison se passe bien, on est premier, j’espère gagner le championnat et pourquoi pas revenir à Vérone. Dommage que je sois blessé actuellement, j’en ai encore pour un mois d’arrêt, j’espère rejouer au plus vite.

Et alors les moustiques, tu t’y fais ? (Vercelli est entourée de rizières)

Faut vraiment le voir pour le croire, c’est incroyable ! Pourtant on m’a prévenu quand je suis arrivé ici, moi je me suis dit que ça allait être comme quand je vais en Guadeloupe, y’a deux, trois moustiques et voilà ! Mais c’est la pire ville du monde de ce point de vue là, c’est fou en été !

T’as pas le mal du pays un peu ?

Et oui…bon ce qui est bien c’est que dans cette division, toutes les cinq semaines il y a une pause et donc un week-end à disposition pour rentrer sur Paris – précisément dans le 95 – pour voir ma fille.

Socialement, comment se passe ton expérience italienne ?

Au début à Vérone c’était compliqué, la barrière de la langue m’a empêché de parler avec les gens, ici je commence à tisser des liens avec certains, même si je n’ai pas eu le chance de tomber avec d’autres français. Je bouge un peu, je vais faire les magasins à Milan, je suis pas loin non plus de Turin mais on n’a qu’un jour de repos dans la semaine et j’essaie justement de vraiment me reposer.

Alors t’as craqué pour une italienne ?

Eh non ! J’ai une copine française, c’est interdit ! J’arrive à résister pour le moment !

…tandis que beaucoup d’entre nous auraient déjà craqué, il faudra qu’il nous explique son secret ! In bocc’al lupo pour la saison !

crédits photo : Marco Lussoso-Spazio Elle (fotografo ufficiale F.C. Pro Vercelli 1892)