C’est au tour de Kevin Vinetot de raconter son parcours en Italie. Le défenseur central français est arrivé dans la Botte durant l’été 2008 en provenance de Guingamp. Giulianova, Crotone et Lecce sont les trois clubs qu’il a fréquenté jusqu’à maintenant, tandis que le Genoa détient la moitié de son contrat.

Quelle est ta formation en France ?

J’ai commencé à jouer au football dans ma ville natale de Villers-le Bel-dans le 95 et à 13 ans j’ai participé à une détection pour Guingamp en région parisienne, j’ai été pris et j’ai ainsi intégré leur centre de formation. J’ai joué avec la réserve en CFA de 2006 à 2008 mais je n’ai jamais fait mes débuts avec les pros qui jouaient en Ligue 2, juste quelques entrainements.

Comment tu débarques en Italie ?

Ayant passé toute ma formation à Guingamp où j’étais dans mon petit confort, je n’étais pas trop habitué à faire des essais, je ne connaissais pas non plus le fonctionnement avec les agents. Guingamp ne me proposait pas de contrat pro, mais moi je ne voulais pas jouer en amateurs. En fait j’ai entendu que des anciens coéquipiers partaient faire des essais en Italie et j’ai embarqué avec eux. On arrive à Giulianova, dans les Abruzzes, qui évolue en Serie C2, on fait les essais et on signe.

Qui étaient les autres français ?

Mes coéquipiers Ranguin et Traoré, mais ce dernier étant extra-communautaire, il n’a pas pu signer et plus tard Sheezao nous rejoint, on était quatre en tout.

Le foot italien t’attirait plus jeune ?

Non pas spécialement, je voyais de temps en temps les matches à l’Équipe du dimanche, mais je n’étais pas plus attiré que ça.

Il parait pourtant que tu es un sympathisant du Milan…

Oui oui, c’est un des clubs les plus importants au monde, qui a tout gagné.

Et que tu t’inspires de Thiago Silva.

Non non, je n’ai pas de modèle en particulier mais une fois on m’a demandé qui était le meilleur défenseur central au monde et j’ai répondu Thiago Silva, car y’a pas à discuter.

Revenons à ton arrivée en Italie, comment ça se passe ?

Au début ce n’était pas facile pour communiquer, la langue je ne la connaissais pas, bon j’étais avec deux autres français donc je n’étais pas seul. L’intégration s’est faite grâce au terrain, c’est ça qui aide avec les entrainements, on entend toujours les mêmes mots et puis au niveau des langues je suis débrouillard. J’utilisais le français et je connaissais déjà l’espagnol.

Tu notes une différence entre la CFA et la Serie C2, tous deux quatrième niveau national de chaque pays ?

Oui la C2 c’est vraiment plus difficile, déjà c’est une division pro, parce qu’en CFA ce sont beaucoup de jeunes et des gens expérimentés mais amateurs. Mais en Italie, ils ont vraiment du ballon, niveau tactique et physique, c’était plus relevé.

Qu’est ce que tu apprends le plus niveau foot lors de tes premiers mois ?

La tactique, tu notes tout de suite la différence, un pas à droite, à gauche, ils sont super précis, le placement, le marquage.

Tu effectues de très bons débuts avec une accession à la clé et tu es même déjà pisté par des gros clubs dès ta première saison.

Oui j’ai joué tous les matches. Pour les rumeurs, c’est ce que disaient les journaux, il y avait des agents qui m’appelaient, moi je n’en avais pas, donc les clubs ne pouvaient pas passer par moi mais par Giulianova qui essayait d’en profiter un peu pour demander un prix élevé pour un joueur qui n’avait encore rien prouvé.

Finalement tu restes à Giulianova en Serie C1, saison qui se termine par une relégation.

C’est à ce moment-là je rencontre mon agent actuel et je suis déjà plus au courant des sollicitations. En janvier, je suis prêt pour un départ, finalement je reste jusqu’à la fin de la saison et je signe un contrat avec Crotone en Serie B. Selon mon agent, c’était le club où j’aurais eu le plus de possibilités de m’épanouir, en plus un coéquipier franco-italien, Francesco Migliore, signait également là-bas donc ça m’allait très bien.

Tu restes en tout trois ans à Crotone de 2010 à 2013, club stable avec des résultats réguliers où tu progresses tranquillement, quel souvenir en gardes-tu ?

Je me suis fait beaucoup d’amis, c’était un super groupe, la ville de Crotone n’est pas extraordinaire, il n’y a pas grand chose à faire, donc on sortait souvent manger ensemble. C’est un club où tu peux progresser tranquillement et il n’y a pas non plus une grosse pression des supporters.

Entre-temps, lors de l’été 2011, tu signes en copropriété au Genoa, quel projet ont-ils pour toi ?

Lors de ma première saison à Crotone je n’ai pas joué au début jusqu’au changement d’entraineur, donc quand le Genoa me recrute, je ne pouvais pas prétendre à intégrer une équipe de Serie A avec une demie-saison de Serie B dans les jambes. J’ai juste fait les tests physiques et médicaux et je suis revenu à Crotone pour m’améliorer et avoir du temps de jeu.

L’été dernier, tu choisis en revanche de redescendre d’un cran en acceptant un prêt en 1^ Division de Lega Pro, tu le fais parce que c’est Lecce ?

Exactement, déjà l’an dernier ils m’avaient contacté et j’étais tenté d’y aller car ils descendaient de Serie A, leur projet était de remonter le plus tôt possible, mais ils ne savaient pas encore s’ils allaient rester en Serie B (à cause de leur implication dans le calcioscommesse, ndlr), j’étais prêt à accepter mais Crotone ne voulait pas que je signe dans un club de la même division, c’était ou la A ou la Lega Pro. J’ai fait le forcing mais après ils sont redescendus d’un cran. Puis cette année, ils se sont représentés, je me suis dit pourquoi pas, ils ont un bon projet et c’est un club important.

Miccoli ne te pose pas trop de problèmes à l’entrainement ?

(rires) Non ça va, par contre on sent que c’est un joueur d’une autre catégorie.

La saison actuelle se passe bien après des débuts laborieux (Lecce est actuellement 3ème)

C’était chaud au début, toute l’équipe avait été changé hormis 2, 3 joueurs, on ne se connaissait pas trop, tactiquement ça n’allait pas non plus. Puis Lerda a remplacé Moriero, il a recadré l’équipe et apporté de nouvelles idées. On a retrouvé une solidité, on est un groupe beaucoup plus compact et on a enchainé des victoires.

La concurrence est rude…

On est quatre pour deux places, il y a une vraie concurrence, ce sont des joueurs d’expérience, Martinez a joué en Serie A et en Coupe du Monde avec le Costa Rica, Abruzzese a joué en Serie A et B. Mais voilà, ça fait partie du jeu et on se partage le temps de jeu, c’est un bon atout pour Lecce.

Ta carrière italienne se passe au bord de la mer et au soleil.

C’est vrai ! La première remarque qu’on m’a fait à Lecce, c’est que je signe dans des villes où il y a la mer, à Giulianova j’étais à deux pas, Crotone pareil, Lecce aussi. Je m’y plais bien dans le Sud de l’Italie, les gens sont cools, c’est sur que ça rien à voir avec Paris et la Bretagne, même si je ne compte pas faire ma vie ici.

Justement, tu as pensé à un retour en France ?

L’année dernière j’ai eu un contact avec Arles-Avignon, ils avaient déjà repris la préparation et moi j’étais en vacances depuis un mois. Ils voulaient que je fasse un essai, mais physiquement je n’y étais pas du tout, puis j’avais encore trois ans de contrat avec le Genoa. S’ils me prenaient en prêt pourquoi pas, mais sinon voilà, je n’étais pas sans contrat ou à la rue.

Et hors du foot ?

J’ai rencontré ma compagne à Guingamp et elle m’a rejoint en Italie quand j’ai signé à Crotone. Bon au début c’était compliqué pour elle aussi mais après elle fréquentait les autres femmes des joueurs, maintenant on a une petite fille et on va bientôt se marier…