Doucement mais sûrement, Thomas Heurtaux s’est imposé comme titulaire dans le onze-type de l’Udinese. Arrivé l’an dernier dans le Frioul, il prend une nouvelle dimension cette saison. Le défenseur normand est revenu sur son parcours pour Calciomio.

Contrairement à d’autres joueurs français partis très tôt de l’hexagone pour rejoindre l’Italie, le public français te connait pas mal puisque tu as évolué quelques saisons dans les différents championnats professionnels français. Revenons tout de même sur tes débuts en pro puis la montée en L1 avec ton club formateur, le Stade Malherbe de Caen.

Oui, je signe pro avec Caen en 2008 puis je suis prêté dans la foulée à Cherbourg où j’effectue une bonne saison en National avant de revenir dans mon club formateur, à Caen, un an plus tard. À mon retour, l’objectif du club est de remonter en Ligue 1 et on effectue une grosse saison en dominant le championnat puis en terminant premiers. Je dois dire que c’est un grand moment du début de ma carrière.

À un an de la fin de ton contrat tu es contacté par l’Udinese, club avec lequel tu décides de t’engager. Explique nous un peu comment ce transfert s’est réalisé.

En effet, il me restait un an de contrat, je venais de réaliser une assez bonne saison malgré notre descente en Ligue 2, l’Udinese est venue me superviser à plusieurs reprises et ils ont fait rapidement part de leur intérêt. En ce qui me concerne, j’ai été séduit par le discours du président, j’avais une belle opportunité qui s’offrait à moi à l’étranger, j’ai donc choisi de la saisir.

Que connaissais-tu de l’Italie et du championnat italien avant de rejoindre le Frioul ?

Bien entendu, je connaissais le championnat et les grosses équipes comme le Milan, le Napoli, la Fiorentina, l’Inter etc… Je savais que c’était un très bon championnat et forcément je le suivais à l’époque où évoluaient en Serie A les Zidane, Desailly, Thuram et tous les anciens grands joueurs de l’équipe de France. C’est un championnat qui m’attirait, forcément.

Lors de ton arrivée, la situation n’est pas évidente car vous vous faites éliminer au tour préliminaire de la Champions League et la saison commence mal. Mais, au final, l’Udinese arrive cinquième en championnat et tu joues une vingtaine de matches toutes compétitions confondues, c’est quand même pas mal pour une première saison à l’étranger…

Oui bien sûr, pour une première année, je suis assez satisfait. Quand j’avais signé, à la base, je devais venir pour suppléer Benatia. Il n’est pas parti mais au final cela a été un mal pour un bien car c’est devenu un grand ami et j’ai pu apprendre énormément à son contact, au niveau de la langue et d’un point de vue tactique. Cela m’a forcément beaucoup aidé. Par la suite, malheureusement pour lui, il a eu pas mal de pépins physiques donc cela m’a permis de jouer. Au final, c’est vrai que je prends part à une vingtaine de matches et pour une première saison, on ne peut pas se plaindre…

Benatia a donc un peu été ton guide lors de ton arrivée au club…

Oui, à tous les niveaux. Il commençait sa troisième année au club donc il connaissait tout le monde, il connaissait bien la ville aussi. Il a pu m’aider à m’adapter, y compris au niveau tactique avec ce système à trois en défense auquel je n’étais pas du tout habitué car je n’avais eu l’occasion d’évoluer qu’avec une défense à quatre en France. Il m’a donc permis de gagner beaucoup de temps et son aide a été précieuse tout au long de cette première saison.

Justement, après cette première saison qui est plutôt satisfaisante, tu démarres la suivante de la plus belle des manières d’un point de vue personnel puisque tu marques le 1^er septembre dernier ton premier but en Serie A contre Parma…

Malheureusement, sur le plan collectif, on a eu un début de saison assez compliqué avec l’élimination de l’Europa League suivie d’une défaite à Rome face à la Lazio lors de la première journée. On avait donc besoin de lancer notre saison lors du match face à Parma la semaine d’après. Ce jour là je marque, il y a la victoire au bout et c’est ce qui rend ce souvenir si spécial. C’est vrai que j’avais aussi marqué cinq buts lors de ma dernière saison à Caen et pour un défenseur, c’est toujours un grand plaisir. Mais le fait d’avoir contribué directement à la victoire de l’équipe face à Parma a été une belle émotion.

Tu évolues avec l’un des plus grands buteurs de l’histoire de la Serie A, en l’occurrence Toto’ Di Natale. Au-delà des (nombreux) buts qu’il marque, qu’est-ce qu’il vous apporte ?

C’est un joueur exceptionnel, un phénomène, un fuoriclasse comme il disent ici. C’est le capitaine de notre équipe, il s’entraine avec un grand professionnalisme, il nous encourage tout le temps, surtout les jeunes, c’est un plaisir de l’avoir à nos côtés. Puis quand tu as un joueur comme cela avec toi sur le terrain, tu es toujours à fond, tu es obligé de te mettre au diapason et donner le maximum.

Il n’y a pas moins de quatorze nationalités au sein de l’effectif, comment se passe la communication sur le terrain et dans le vestiaire ?

L’idée ici, c’est d’apprendre l’italien le plus rapidement possible, on nous fait suivre des cours d’italien dès le départ car le coach veut que l’on parle italien sur le terrain. Donc on parle italien sur le terrain et également dans le vestiaire même s’il est évident que d’autres langues s’entendent ici et là. L’an dernier par exemple je parlais français avec Mehdi (Benatia), il y a aussi les Brésiliens qui parlent portugais de temps en temps entre eux. Mais tout le monde parle italien dans cette équipe et je pense que c’est une bonne chose que le club insiste là-dessus car, sinon, cela serait difficile de se comprendre sur le terrain et en dehors avec autant de nationalités.

Comment te sens-tu en dehors du terrain dans cette ville d’Udine et plus en général en Italie ?

C’est un pays merveilleux, j’ai eu l’occasion d’aller à Milan, à Rome, je dois dire que je m’y plais beaucoup. L’Udinese est vraiment un bon club, très bien structuré, on est bien encadré et on a tout pour bien travailler. La ville d’Udine est petite mais sympa, elle me fait un peu penser à Caen, de ce côté là je ne suis pas dépaysé !

De la Normandie au Frioul, il n’y a qu’un pas… En attendant, Heurtaux a marqué il y a quelques jours seulement son deuxième but de la saison contre la Fiorentina, également synonyme de victoire… Quand on vous dit qu’il est en train de prendre une autre dimension…