Calciomio poursuit son tour des Français d’Italie et vous présente cette fois Souleymane Doukara. L’attaquant franco-sénégalais évolue dans la botte depuis 2008 et a rapidement grimpé les échelons avant de faire ses débuts en Serie A. Le voici désormais à l’échelon inférieur à la Juve Stabia.

Raconte-nous tes débuts dans le monde du foot et ton arrivée en Italie.

J’ai joué dans le club de ma ville à Châtillon dans les Hautes-Seines puis ensuite je suis parti en région parisienne, au Paris Université Club. De là, grâce à mon manager Malick Ba qui est malheureusement décédé l’été dernier, je suis parti en Italie. Il avait des contacts en Serie C et c’est avec son aide que j’ai débarqué en Italie à Rovigo, près de Padoue.

Quel a été ton sentiment à ton arrivée et comment s’est passée ton adaptation ?

C’était un petit peu difficile au début, c’est normal, c’est souvent le cas lorsque l’on change de pays. Puis je m’y suis fais petit à petit, je me suis adapté, en apprenant la langue. Il y avait aussi un Camerounais Daniel Maa Boumsong et beaucoup d’autres personnes m’ont aidé lors de ma première année.

Malheureusement pour ta première saison, vous êtes relégués de Lega Pro 2 à Serie D puis vous y restez les deux saisons suivantes, comment fut cette période ? As-tu pensé à rentrer en France ?

Ce n’était pas évident c’est sûr, mais j’étais encore semi professionnel et je n’avais pas envie de rentrer en France car j’avais déjà mis un pied dans le monde du football en Italie, je me suis dit « autant en profiter et aller au bout ».

Tu débarques finalement à la Vibonese en Serie C2 à l’été 2011. C’est un changement radical de Rovigo à Vibo Valentia, au fin fond de la Calabre, n’est-ce pas ?

Oui, ce fut un changement d’ambiance totale car je me suis retrouvé à passer du nord du pays au petit village typique du sud de l’Italie où il y a toujours une équipe de foot locale qui est professionnelle. J’ai passé une saison là-bas en m’adaptant très rapidement. Malheureusement, sur le plan collectif, on est relégué et cela a été une année compliquée. Mais je dois dire que sur le plan personnel cela reste un bon souvenir car je marque 13 buts en fournissant une grosse saison. C’est lors de cette année là que Catania me repère en fait…

Justement, parle nous de ton passage de la C2 à la A. Savais-tu que tu étais suivi ?

Oui, je savais que l’on me suivait depuis le mois de janvier lorsque je jouais là-bas mais je me sentais bien et je voulais finir la saison en Calabre pour essayer d’aider le club à se maintenir. Plusieurs clubs de Serie B me suivaient mais Catania, qui me suivait depuis un moment déjà, a forcément retenu mon attention puisqu’ils évoluaient en Serie A et avaient été les premiers à me suivre… Une fois arrivé en Sicile, les journaux m’annonçaient un peu partout en prêt mais je n’y prêtais pas trop attention. Je me suis concentré à fond sur Catania en effectuant une grosse préparation, l’entraineur a fait le choix de me garder et je me suis adapté petit à petit à la Serie A…

Vous réalisez une très bonne saison et, malgré le fait que tu sois le remplaçant de Bergessio, tu disputes tout de même treize matches. Pas mal pour une première saison au plus haut niveau…

Oui j’étais content, j’ai bien vécu tout cela, c’était super mais j’ai su garder la tête froide car il ne faut jamais être trop euphorique dans le milieu du foot, il faut savoir rester concentré. C’est vrai qu’on a fait une super saison en nous maintenant assez facilement, il y avait une bonne ambiance et un bon groupe. Je pense très sincèrement que la force du groupe nous a aidé à effectuer un super championnat.

Finalement l’été dernier tu décides de quitter la Serie A et Catane, sous forme de prêt, pour rejoindre la Juve Stabia (près de Naples) en Serie B. Pourquoi ce choix ?

En fait j’ai voulu relever ce défi car j’étais en manque de temps de jeu, j’avais besoin de jouer, de m’amuser sur le terrain et j’ai donc pris cette décision en accord avec les dirigeants de Catania afin de m’aguerrir et jouer davantage en Serie B.

Comment pourrait-on résumer votre saison jusqu’à présent ?

Ce n’est pas une saison très positive jusqu’ici mais notre objectif est de se maintenir, on a l’équipe pour le faire. Il reste encore des matches et, tant que mathématiquement on n’est pas condamné, on va faire le maximum pour créer l’exploit.

Comment ça se passe avec ton entraineur Braglia qui avait été écarté puis est revenu aux affaires depuis quelques semaines ?

Il y a un rapport de confiance entre nous, il dit clairement les choses en face. S’il a quelque chose à dire, il te convoque dans le vestiaire et ne passe pas par quatre chemins pour te faire des remontrances en te parlant droit dans les yeux et j’aime ça. Depuis qu’il est revenu il m’a donné plus de responsabilités, plus de confiance et j’essaie de lui rendre cela sur le terrain car c’est seulement sur le terrain que je peux lui renvoyer l’ascenseur.

Parle nous de tes points forts et points faibles, de tes modèles.

J’aime beaucoup et je m’inspire d’attaquants qui ne lâchent rien sur le terrain, agressifs dans le bon sens du terme, comme Rooney ou Ibrahimovic. Moi aussi j’essaie de tout donner, d’exploiter mes qualités de vitesse et de frappe de balle. Après, c’est vrai que j’ai encore des points faibles et des domaines dans lesquels je peux progresser et c’est ce que j’essaie de faire.

Lesquels ?

Oh ben j’adore la cuisine italienne, je suis fan des spaghetti à la bolognaise… (rires…)

Justement, de manière plus générale comment te sens-tu en Italie ? La France te manque-t-elle un peu ?

J’adore l’Italie, je m’y sens bien. J’ai déjà eu la chance de faire quelques villes du nord et du sud. C’est vrai qu’ici, dans le sud, l’ambiance est un peu plus chaude. Ce qui me fait kiffer, c’est que les gens vivent le football à fond et puis on a toujours le soleil, c’est super… Je suis vraiment bien ici, j’aimerais donc continuer ici d’autant plus que je commence à connaitre ce championnat…

Niveau sélection, tu as la double nationalité franco-sénégalaise, serais-tu tenté par l’équipe du Sénégal ?

J’aimerais beaucoup évoluer sous les couleurs du Sénégal car c’est quand même le pays de mes parents, ils seraient certainement très fiers de moi et je considèrerais cela comme un privilège.