C’est aujourd’hui que Samuel Eto’o devrait faire ses débuts avec son nouveau club l’Anzhi Makhachkala. Lui qui a donc quitté l’Inter à quelques jours de la fin du mercato pour s’exiler en Russie. L’Inter perd là son meilleur élément.

Il y a deux ans, c’était un des plus grands coups du mercato, Samuel Eto’o rejoignait l’Inter avec un gros paquet d’argent en échange de Zlatan Ibrahimovic. Eto’o n’était alors qu’un attaquant de pointe, un attaquant qui sortait d’une saison où il avait conquis le triplé avec le Barça et inscrit 34 buts. C’est pourtant un Eto’o avec un tout autre visage que l’on retrouve à l’Inter, un joueur qui évolue presque dans l’ombre, souvent à la construction, rarement à la finition, le camerounais s’expatrie de plus en plus sur les flancs et réalise un travail défensif que personne n’aurait jamais pu imaginer. Son dévouement pour l’équipe est total et il est un des grands artisans du triplé de l’Inter malgré un bilan personnel mitigé (16 buts en 48 matchs). La saison suivante est paradoxale, l’Inter joue moins bien mais Eto’o explose, même s’il continue à jouer pour l’équipe et se retrouve souvent sur les flancs, le Roi Lion inscrit 37 buts en 53 rencontres, frôlant le record de Giuseppe Meazza. Il devient le seul joueur clé de l’Inter et prouve sa bonne intégration au club en se montrant proche de piliers du vestiaire comme Stankovic ou Materazzi.

Eto’o quitte donc l’Inter au top de sa carrière, un choix pour le moins étonnant tout comme celui de la direction de se séparer d’un de ses meilleurs éléments pour un prix dérisoire. 25M€ pour un attaquant de ce niveau si bien intégré dans l’équipe est un prix très démocratique comparé aux sommes affolantes du mercato actuel. Eto’o touche lui le jackpot, il sera rémunéré 20M€/saison (devenant le joueur le mieux payé au monde loin devant ses confrères), reçoit un jet privé pour tous ses déplacements et un logement de 800m², de quoi faire rêver pas mal de monde. Dommage que la première déclaration du camerounais à l’aéroport de Moscou ait été “Je ne viens pas ici pour l’argent”. Sportivement, Anzhi est un club en pleine évolution dans un championnat qui grandit jour après jour (le club se trouve actuellement dans la zone Europa League à 9 journées du terme de la saison), l’enterrement n’est donc pas total pour le camerounais que l’on devrait retrouver sur les scènes européennes dès la saison prochaine.

Malgré tout, à 30 ans Eto’o est bien conscient qu’il ne jouera plus jamais les premiers rôles en Europe, sa motivation est donc bel et bien extra sportive et décevante pour un des meilleurs attaquants du monde. Une des raisons qui aurait pu faire pencher son choix est sa situation délicate avec son équipe nationale. Eto’o a toujours été dévoué pour son pays, il a toujours défendu le maillot camerounais à 200% et a toujours été fier d’être un grand ambassadeur pour le Cameroun. Il a mis sa carrière en jeu à de nombreuses reprises pour aller défendre sa sélection notamment en jouant une coupe d’Afrique avec un pied blessé. Pourtant, le camerounais n’est pas prophète dans son pays, pire encore il est détesté par une partie de la population, les récents événements ont été de trop pour Eto’o qui a rendu son brassard de capitaine. Sa carrière internationale ne pouvant plus être améliorée (difficile de faire mieux quand on joue avec Webo), et sa carrière européenne réussie depuis longtemps ont sans doute été déterminants dans le choix du joueur de jouer à un niveau moins relevé.

Les choix du club eux sont beaucoup plus flous et inexplicables, il semble clair que l’Inter aurait pu retenir le joueur sans trop de problèmes, dans ce cas pourquoi avoir laissé partir Eto’o à un tel prix? Une des thèses les plus avancées est celle du fair play financier, il est vrai que le camerounais avait le plus gros salaire du club mais ça ne suffit pas pour justifier son départ. Son ou ses remplaçants ne seront pas payés en cacahuètes, de plus le club a toujours une liste de joueurs indésirables ou de niveau moindre qu’il aurait pu brader pour arriver au même résultat. On peut fustiger aussi le timing de l’opération, Eto’o a été vendu à sept jours de la clôture du mercato. Sportivement en tout cas, l’Inter enregistre une énorme perte puisque le joueur est tout simplement irremplaçable, quel que soit celui qui le remplacera, il ne pourra évidemment jamais apporter autant que le Roi Lion et l’Inter risque de s’en mordre les doigts.