Juventus/Bordeaux, Bordeaux/Juventus une affiche qui rappellera de grands souvenirs à tous les nostalgiques du foot des années 80. Retour sur le choc au sommet qui opposa les deux clubs en 1985.

Nous sommes en Avril 1985 et les Girondins de Bordeaux s’apprêtent à disputer leur première demi-finale de coupe européenne, la belle, la Coupe des Clubs Champions, face aux italiens de la Juventus. Bordeaux, champion de France en titre (et sur le point de s’adjuger un second championnat de rang) vit sa plus belle période, celle des années Bez. Cette rencontre entre les Girondins et les Bianconeri est un peu un match France-Italie. D’un côté, une équipe bordelaise qui rappelle grandement l’effectif qui composait la France vainqueur du Championnat d’Europe 1984 ; de l’autre une équipe bianconera comprenant de nombreux internationaux Champions du Monde en 1982 avec la Nazionale. La différence notable, c’est que le maître à jouer de la France n’est autre que le Maestro de la Juventus, Michel Platini.

Dés le match aller, la Juventus prend le devant dans la confrontation, frappant un gros coup sur la tête de leur adversaire transalpin. 3-0, ni plus ni moins, dans un Stadio Comunale tout acquis à la cause des juventini. C’est tout d’abord Boniek (28ème) qui va ouvrir le score pour la Juventus avant que Briaschi ne marque le second but (68ème), un but entaché d’une faute que l’arbitre ne voit pas. Quelques instants plus tard, c’est Platoche qui clôture la marque (71ème) réduisant à néant les espoirs des marines et blanc. A l’issue de la rencontre, la presse estimera que la défaite revenait en partie à l’entraîneur girondin, Aimé Jacquet, coupable selon elle de ne pas avoir voulu mettre en place un marquage individuel sur Platini et titrera le lendemain en Une de L’Equipe « La Juve, c’est autre chose », mettant en avant la différence de niveau entre les deux formations.

Quinze jours plus tard, le 25 Avril 1985, les bordelais, piqués au vif par les critiques de la presse, rentrent sur le terrain comme des morts de faim, jouant leur vatout. Devant un Stade Lescure qui affiche comble (40211 spectateurs, record d’affluence encore de nos jours), les joueurs au scapulaire bousculent les turinois comme jamais. Dés la 25ème minute, c’est l’attaquant allemand Dieter Müller qui ouvre le score, profitant d’un bon travail sur le côté de Bernard Lacombe. Les bordelais exercent une domination de tous les instants sur le milieu de terrain bianconero complètement dépassé, mais les joueurs de la Vieille Dame, fidèles à leur habitude, jouent à merveille en défense, sans s’affoler, à l’italienne serait-on poussé de dire. A onze minutes du terme de la rencontre, alors que tout semble indiquer une élimination girondine, Battiston récupère le ballon à trente mètres des buts transalpins et effectue une frappe fulgurante qui trompe Bodini, le gardien bianconero. A 2-0, les italiens sont au bord de la rupture et il s’en faut de peu pour que les bordelais n’égalisent : alors que nous sommes dans les arrêts de jeu, Tigana aux six mètres réussit une reprise que le gardien turinois prend en plein nez avant de frapper la barre transversale et de finir en corner. Ce sera le dernier frisson bianconero de la rencontre, Platini reconnaissant après le match que si Tigana avait raté sa reprise, le ballon serait certainement entré au fond des filets et qu’il aurait été dur pour les turinois de tenir la baraque pendant les prolongations.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=uj5vtwepm0Q[/youtube]

L’amertume est forte côté français mais les joueurs sortent la tête haute, satisfaits d’être passés tout près de l’exploit. Du côté de la Juventus, on est passé tout près de la catastrophe, celle-ci se produira le 29 Mai 1985, en finale avec le drame du Heysel que la victoire face à Liverpool (1-0) n’atténuera pas.