L’Italie et la Coupe du Monde 1982
L’Italie remporte enfin sa troisième Coupe du Monde, 44 ans après son dernier sacre. Une victoire inattendue au vu des critiques négatives de la presse et de son entrée difficile dans la compétition, mais Enzo Bearzot y a toujours cru.
L’Espagne organise sa première Coupe du Monde et elle a eu plus de dix ans pour s’y préparer puisque la décision a été prise à la fin des années 60. Un accord passé avec la RFA qui organisait l’édition de 1974 en échange. Pas moins de 17 stades ont accueilli les 52 rencontres de la compétition.
Qualifications
L’Italie sort de son Euro organisé à la maison où elle s’est classée 4ème. Un tournoi durant lequel elle n’a marqué que deux petits buts en quatre matches. Bearzot est toujours sélectionneur mais il fait de moins en moins l’unanimité auprès de l’opinion publique. Privée de Paolo Rossi suspendu suite au Totonero, la Nazionale affronte les qualifs du Mondial 82 et elle doit se méfier car on trouve la Yougoslavie, le Danemark, la Grèce et le Luxembourg (pour la troisième fois d’affilée !). Les deux premiers de chaque poule se qualifient. Les débuts sont extrêmement laborieux face au Luxembourg, une victoire 2-0 avec deux expulsés côté azzurri et un penalty loupé par Antognoni. Bearzot mise sur la génération du Mondial argentin et intègre petit à petit quelques éléments tels Collovati, Bruno Conti et Marini. Trois autres victoires de rang sur le score de 2-0 mettent définitivement l’Italie sur de bon rails à mi-parcours. Seulement la Nazionale se relâche durant la seconde partie avec une défaite au Danemark, un nul en Yougoslavie pour le dernier but de Bettega avec l’Italie et un autre contre la Grèce qui officialise la qualification, laquelle se termine par une courte victoire contre les amateurs luxembourgeois.
11.10.1980 (Luxembourg) Luxembourg-Italie 0-2 (Collovati, Bettega)
01.11.1980 (Rome) Italie-Danemark 2-0 (Graziani x2)
15.11.1980 (Torino) Italie-Yougoslavie 2-0 (Cabrini s.p, Conti)
06.12.1980 (Athènes) Grèce-Italie 0-2 (Antognoni, Scirea)
03.06.1981 (Copenhague) Danemark-Italie 3-1 (Roentved, Arnesen, Bastrup / Graziani)
17.10.1981 (Belgrade) Yougoslavie-Italie 1-1 (Vujovic / Bettega)
14.11.1981 (Turin) Italie-Grèce 1-1 (Conti / Kuis)
05.12.1981 (Naples) Italie-Luxembourg 1-0 (Conti)
Groupe 5
Phase finale
Le passage de 16 à 24 équipes change la formule du Mondial, si on garde les deux phases de poules, les deux premiers se qualifient pour la seconde phase laquelle est désormais composée de quatre groupes de trois. Là les vainqueurs gagnent leurs billets pour les demis-finale. La Nazionale se prépare en disputant trois matches amicaux, une défaite en France et en Allemagne de l’Est et un match nul en Suisse…Inutile de préciser quelles étaient les critiques de la presse. Contre la RDA Bearzot en profite pour essayer Marangon, Massaro et le tout jeune Bergomi. Ces deux derniers seront du voyage. Les polémiques ne manquent pas concernant la constitution de la liste des 23, à peine revenu de sa suspension de deux ans, Paolo Rossi part pour l’Espagne. Bearzot choisit ni plus ni moins que de se passer du romanista Roberto Pruzzo, meilleur buteur de la dernière édition de Serie A et emmène en revanche l’attaquant de Cagliari Franco Selvaggi. L’interiste Evaristo Beccalossi est également une autre illustre victime du “Vecio”.
Quelques absents de marque sont à signaler, les Pays-Bas vice-champions du monde en titre, l’Uruguay qui loupe son deuxième Mondial d’affilée et le Mexique, pourtant grand habitué de cette compétition. Le tirage au sort est plutôt clément avec la Squadra Azzurra, elle hérite certes de la Pologne, mais aussi du Pérou et du Cameroun. 7 titulaires du précédent Mondial sont reconduits, le bloc juventino composé de Zoff, (âgé de 40 ans !), Scirea, Gentile, Cabrini, Tardelli et Rossi ainsi que le fiorentino Antognoni. La tactique est la même et poste pour poste, Marini puis Oriali remplace Benetti, Collovati ==> Bellugi, Graziani (bien que présent 4 ans plus tôt) ==> Bettega et Conti ==> Causio (désormais remplaçant).
La Nazionale débute face la Pologne, une bonne première mi-temps puis rien si ce n’est une barre transversale de Tardelli et voilà donc un 0-0. La même équipe est reconduite face au Pérou et Conti ouvre la marque d’une superbe frappe en lucarne, mais l’Italie souffre en seconde période et les sud-américains égalisent finalement à la 83′, Collovatti déviant une frappe de Diaz et prenant à contrepied Dino Zoff. Un Paolo Rossi fantomatique et à court de compétition a été remplacé à la mi-temps par Causio. Après deux nuls en deux matches, la situation est particulière car les 4 matches de la poule ont tous finis sur des score de parité. Si bien qu’un nul avec un ou plusieurs buts peut suffire à l’Italie pour se qualifier puisque le critère de la meilleure attaque est pris en compte en cas de différences de but identiques.
Face à des camerounais jouant sans pression, ça sent tout de même le match piège, Conti loupe un but incroyable, seul face au gardien N’Kono lequel dévie sur la barre une tête de Collovati. A l’heure de jeu, la Squadra Azzurra de blanc vêtue ouvre la marque, Rossi adresse un centre pour Graziani qui fait parler son excellent jeu de tête et inscrit le but du 1-0. Puisque dans le même temps, la Pologne est en train d’éclater le Pérou, la qualif est en marche, seulement Mbida égalise dans la foulée ! L’Italie est toujours qualifiée grâce à sa meilleure attaque (2 buts contre 1) et c’est effectivement comme ça qu’elle passe derrière la Pologne. Le Cameroun est lui éliminé sans perdre. Après ce 1er Tour, la presse italienne s’acharne contre la Nazionale et les joueurs décrètent le silence radio suite à de nombreuses polémiques montées en épingle, Bearzot et Paolo Rossi sont les cibles numéros un et on insinue même ce dernier de fricoter avec….Cabrini ! Seul Zoff qui est tout sauf un grand bavard est autorisé à parler à la presse. De toute façon, vu le tirage de la seconde phase (Brésil et Argentine), on ne donne pas cher de la peau de azzurri.
Bearzot ne change toujours pas son onze de départ, seul Oriali a pris la place de Marini blessé, c’est d’abord l’Argentine de Maradona qui est au programme et le sélectionneur choisit de lui mettre Claudio Gentile au marquage. Ce dernier utilise tous les subterfuges possibles pour annuler le célèbre numéro 10. Ceci étant fait, Tardelli peut donc tranquillement ouvrir la marque sur un service d’Antognoni, 10 minutes plus tard Cabrini double la mise sur une passe en retrait de Conti après que Maradona ait touché le poteau sur coup-franc. Passarella réduit la marque à la 83ème minute (sur coup-franc également) mais c’est trop tard, une minute plus tard Gallejo est expulsé et ce fait de jeu clôt la rencontre. L’Italie est en bonne posture mais le Brésil bat l’Argentine 3-1 dans le second match et la troisième et dernière rencontre de cette seconde phase est finalement un vrai quart de finale. Un nul et le Brésil passe grâce à la différence de buts, pas le choix il faut s’imposer.
Et le Brésil n’est pas l’Argentine, il a là une des meilleures générations de son histoire avec le trio Socrates-Zico-Falcao et est le grand favori du Mondial. Alors que Rossi n’a toujours pas inscrit le moindre but, Bearzot continue d’insister avec lui tandis que Gentile s’occupe cette fois de Zico (et lui arrache même le maillot). Mais cette seleçao spectaculaire est prenable en défense. Cabrini centre de la gauche et Paolo Rossi marque de la tête et se débloque enfin ! Seulement sept minutes plus tard Socrates égalise. Mais l’Italie ne panique pas et Paolo Rossi profite d’une mauvaise passe de Junior pour battre une nouvelle fois Valdi Perez, 2-1 !
C’est le score à la mi-temps mais les auriverde pressent et égalisent une nouvelle fois par Falcao d’un tir à l’entrée de la surface légèrement dévié par le jeune Bergomi entré en jeu à la place de Collovati blessé. 2-2 et le Brésil est de nouveau qualifié. C’est sans compter sur Paolo “Pablito” Rossi qui s’offre un légendaire triplé en déviant une action partie d’un corner. Antognoni marque même le 4-2 mais le but est annulé pour un hors-jeu inexistant. Il reste quelques minutes, la qualif est proche, Paulo Isidoro oblige Zoff à la parade de la tête, le Frioulan stoppe le ballon….sur la ligne de but ! Arrêt décisif, l’Italie a battu les deux favoris et se qualifie pour les demis !
Elle y retrouve la Pologne affrontée en poules, et on n’arrête plus Pablito Rossi, déviation renardesque sur un coup-franc d’Antognoni puis une tête sur un centre de l’intenable Conti, c’est la finale ! L’adversaire est la RFA, grosse équipe certes mais épuisée après la demi de Séville contre la France (prolongations et tirs aux buts). Bearzot remanie quelque peu l’équipe pour l’occasion et aligne le trio de “marqueurs” Bergomi, Gentile et Collovati devant Scirea, tandis qu’Oriali prend la place d’Antogonini blessé. Graziani est incertain jusqu’à la dernière minute mais est tout de même aligné, il ne joue que 7 minutes et est remplacé par Spillo Altobelli. La rencontre débute bien, Conti obtient penalty que Cabrini transforme….pas, tirant à côté. Voilà un fait de jeu qui pourrait ruiner le moral des troupes mais ça a l’effet inverse. 0-0 à la mi-temps.
Le festival se passe à la reprise, Rossi marque un but (de renard évidemment !) de la tête sur un centre de Gentile, son 6ème sur les 3 derniers matches et qui fait de lui le meilleur buteur de cette Coupe du monde. Tardelli décoche une frappe imparable en glissant et sort le cri le plus célèbre du siècle ! Ne reste plus qu’Altobelli de tripler la mise sur une contre-attaque rondement menée par Conti, la réduction du score de Breitner est anecdotique et le président italien Petrini exulte de joie en tribune officielle ! L’Italie l’emporte 3-1 et décroche sa 3ème Coupe du Monde, à 40 ans, Zoff soulève le trophée et devient le plus vieux champion du monde de l’histoire !
Les matches
1er Tour : 14.06.1982 (Vigo) Italie-Pologne 0-0
1er Tour : 18.06.1982 (Vigo) Italie-Pérou 1-1 (Conti / Collovati csc)
1er Tour : 23.06.1982 (Vigo) Italie-Cameroun 1-1 (Graziani / M’Bida)
Groupe 1
2nd Tour : 29.06.1982 (Barcelone) Italie-Argentine 2-1 (Tardelli, Cabrini / Passarella)
2nd Tour : 05.07.1982 (Barcelone) Italie-Brésil 3-2 (Rossi x3 / Socrates, Falcao)
Groupe C
Demi-finale : 08.07.1982 (Barcelone) Italie-Pologne 2-0 (Rossi X2)
Finale : 11.07.1982 (Madrid) Italie-RFA 3-1 (Rossi, Tardelli, Altobelli / Breitner)
Groupe 4
L’effectif
Gardiens : 1 Zoff (Juventus) · 12 Bordon (Inter) · 22 Galli (Fiorentina)
Défenseurs : 2 Baresi (Milan) · 3 Bergomi (Inter) · 4 Cabrini (Juventus) · 5 Collovati (Milan) · 6 Gentile (Juventus) · 7 Scirea (Juventus) · 8 Vierchowod (Fiorentina)
Milieux : 9 Antognoni (Fiorentina) · 10 Dossena (Torino) · 11 Marini (Inter) · 13 Oriali (Inter) · 14 Tardelli (Juventus) · 15 Causio (Udinese) · 16 Conti (Roma) · 17 Massaro (Fiorentina)
Attaquants : 18 Altobelli (Inter) · 19 Graziani (Fiorentina) · 20 Rossi (Juventus) · 21 Selvaggi (Cagliari)
Sélectionneur : CT: Bearzot
Bearzot convoque 10 des 22 sélectionnés du Mundial 1978, avec beaucoup moins de granata puisque Dossena est le seul survivant du Torino. La Juve est toujours la plus représentée avec 6 joueurs tous titulaires, suit l’Inter avec 5 joueurs qui hormis Bordon ont tous participé à la cause, la Fiorentina vice-championne d’Italie fournit également la Nazionale avec 5 éléments. Complètent le tableau le Milan (deux joueurs) et un joueur chacun pour la Roma, l’Udinese et Cagliari.
Equipe-type
Comme quatre ans plus tôt, Bearzot mise sur l’ossature de la Juve du Trap, avec l’immanquable Scirea en libero, mais chaque joueur avait un côté universel et était très complet. Le côté droit était plus offensif avec Bruno Conti libre d’arpenter tout le couloir, bien couvert par Gentile et Tardelli. Antognoni était le véritable créateur de l’équipe, tandis qu’une fois débloqué, plus rien ni personne ne pouvait s’opposer à l’incroyable opportunisme de Paolo Rossi.
Valentin Pauluzzi @CalcioBilly
26/06 A LA UNE Tévez-Mandzukic, destins croisés
25/06 PRESSE Les unes du 25 Juin 2015
22/06 A LA UNE L’Inter verrouille sa défense et passe à l’attaque
21/06 PRESSE Les unes du 21 Juin 2015
20/06 PRESSE Les unes du 20 Juin 2015
19/06 PRESSE Les unes du 19 Juin 2015
18/06 A LA UNE Bilan de la saison 2014-2015 : Juventus
18/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Chievo
18/06 PRESSE Les unes du 18 Juin 2015
17/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Sassuolo
17/06 Les prêts au secours des finances de l’Inter
17/06 A LA UNE Bilan de la saison 2014/2015 : Roma
17/06 PRESSE Les unes du 17 Juin 2015
16/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Atalanta
16/06 VIDEO Le dernier Italie-Portugal
16/06 L’Italie contre le Portugal pour conclure la saison
16/06 A LA UNE Bilan de la saison 2014-2015 : Lazio
16/06 PRESSE Les unes du 16 Juin 2015
15/06 Carlos Tevez élu joueur étranger de la saison !
15/06 Claudio Marchisio élu joueur italien de la saison !
15/06 Claudio Marchisio élu joueur de la saison !
15/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Torino
15/06 SONDAGE Rappel : élisez le joueur de la saison 2014-2015
15/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Palermo
15/06 PRESSE Les unes du 15 Juin 2015
14/06 La saison 2014-2015 du football italien
14/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Genoa
14/06 Sami Khedira à la Juventus, chat noir chat blanc
14/06 SONDAGE Rappel : élisez le joueur de la saison 2014-2015
14/06 A LA UNE Bilan de la saison 2014-2015 : Napoli
14/06 PRESSE Les unes du 14 Juin 2015
13/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Cagliari
13/06 SONDAGE Élisez le joueur de la saison 2014-2015
13/06 Luca Toni élu briscard de la saison !
13/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Sampdoria
13/06 Les notes de l’Italie contre la Croatie
13/06 PRESSE Les unes du 13 Juin 2015
12/06 Bilan de la saison 2014-2015 : Udinese
Articles similaires
L’Italie et la Coupe du Monde 1982
26/06 A LA UNE Tévez-Mandzukic, destins croisés
25/06 PRESSE Les unes du 25 Juin 2015
22/06 A LA UNE L’Inter verrouille sa défense et passe à l’attaque
21/06 PRESSE Les unes du 21 Juin 2015
20/06 PRESSE Les unes du 20 Juin 2015
19/06 PRESSE Les unes du 19 Juin 2015