L’ostracisme selon Zeman (Part I)
Comme depuis presque sept ans maintenant, le procès du Calciopoli rythme la vie du football italien. Procès sportif d’abord, puis ordinaire ensuite que nous avons déjà traité via des dossiers les plus complets possibles (et dans la limite de nos moyens et notre temps à disposition). Nouvelle étape donc.
Souvenez-vous, il y a trois mois, Antonio Giraudo avait été condamné en appel lors du procès version “abrégé” et comme nous vous l’annoncions, ce sont les rendus de cette sentence (comme pour celles de Moggi ou du Calcioscommesse) qui nous apprennent bien des choses. Et bien, elles sont tombées hier, ou plutôt elles ont été ébruitées dans la presse italienne, juste quelque passages (soigneusement choisis ?) ici et là. La première impression est qu’on abandonne (enfin) la piste des faveurs arbitrales, pas le choix de toute manière puisque les arbitres concernant ce procès version abrégée ont tous été acquittés. On se tourne donc vers une sanction entièrement justifiée par l’instauration d’un “système”. Cependant, une chose frappe aux yeux à la lecture de ces extraits
“…l’allontanamento dal gruppo di potere che aveva consentito la riconferma di Carraro; la deferenza manifestatagli in numerose occasioni dallo stesso Mazzini, da Lanese e dal designatore Bergamo ( rilevante è la conversazione di questi con la Fazi a proposito della sua dedizione ai vertici juventini che avevano riposto in lui una fiducia ripagata nei fatti); l’ostracismo subito da Zeman ,anche per suo volere ; la diretta ingerenza nella vicenda di salvataggio della Fiorentina; l’incisività dell’apporto per la nomina dei designatori”.
L’idée ici n’est pas de se concentrer sur un seul détail pour se détourner du reste, la fameuse tactique de la diversion. Non non. Ces quelques mots sont bien plus importants qu’on pourrait le croire puisqu’ils ont été écrits par des juges qui s’occupent d’une affaire importante avec prison ferme à la clé. Alors “l’ostracisme subi par Zeman”, ceci fait référence au désormais ex-entraineur de la Roma et sa prétendu mise au ban du monde du foot par le système Moggi, “système” qui est bien entendu l’objet de ce procès. Nous procéderons en deux parties. Premièrement, nous vous référerons les propos de Zeman, appelé à témoigner dans ce même procès, pas celui de Giraudo, celui de Moggi (mais les deux sont liés, l’un a juste choisi la formule “express”). C’était le 20 Novembre 2009, Calciomio existait depuis 18 mois et avait une position claire sur le thème : silence radio ou presque, pas de prise positon sans en savoir plus et bien maitriser le sujet. Par ailleurs, Zeman n’était pas juste venu pour parler de cet ostracisme, il est avant tout convoqué pour deux matches qui concernaient son équipe de l’époque, Lecce et sur lesquels les enquêteurs avaient des suspicions (ne le concernant pas directement cependant).
Les propos originaux sont disponibles ici et ici, veuillez-nous excuser les sources qui peuvent paraitre peu objectives, mais a part des organes (sites/blogs/chaines youtube) juventini, personne malheureusement ne se bouscule au portillon pour retranscrire ce procès. Nous allons donc vous traduire les passages les plus importants, extrêmement intéressants puisque c’est l’intéressé lui-même qui parle de l’ostracisme qu’il subit, et ce que auquel le juge a fait référence dans les rendus de la sentence de Giraudo
“J’ai entrainé en paix jusqu’en 1998, où on ne me dérangeait pas, j’étais considéré parmi les meilleurs entraineurs d’Europe, pas seulement en Italie mais aussi en Europe. Après 1998 j’étais à la Roma, j’ai arrêté d’entrainer (en 1999 en réalité, ndlr) à cause de mes déclarations sur les pharmacies, sur les choses économiques du football et donc par la suite je suis allé à Naples (en 2000 ndlr). Après 6,7 matches, j’ai été licencié, mais la déclaration de Ferlaino (co-président du Napoli à l’époque ndlr) lors de cette période était ‘ils ont mis Zeman pour le ruiner’ puis j’avais aussi des contacts avec différentes équipes, puis on a découvert que Moggi ne voulait pas que des équipes m’engagent, Bologna, Palermo etc…et donc, je n’ai pas trouvé le club que je voulais” Zeman affirme donc qu’il a eu des soucis à cause de ses déclarations de l’époque sur le doping dont il précise “la Juventus a connu un long procès, puis ils ont été prescrits, comme toujours” que certains clubs subissaient la pression de Moggi ou Giraudo dont Lecce via le vice-président de l’époque Moroni (concernant ce passage, Zeman peine à être précis, il semblerait que Moroni lui ait dit que Giraudo lui ait reproché de l’avoir engagé) et confirme que “je suis allé à Naples avec la permission de Moggi, c’est ce que je pense. J’ai été licencié à la 6ème, 7ème journée, après un nul à Perugia qui avait gagné le match d’avant justement contre la Juventus. On faisait un grand match, on gagnait 1-0, on a sifflé un penalty contre nous inexistant et j’ai été viré à la télé par Corbelli (autre co-président aussi du Napoli, qui était un ‘aigle à deux têtes’ à cette époque). On y reviendra plus tard.
C’est au tour du contre-examen, plusieurs avocats s’y mettent, l’un d’eux lui demande combien de fois il a était licencié “Une seule, les autres ont tous été des licenciements procurés par d’autres choses. J’en ai connu un seul à la Lazio en 96″. Puis on revient sur son passage au Napoli, on lui demande combien de points avaient-il obtenus avant le fameux match de Perugia, réponse “peut-être quatre”, non un seul. Très logiquement, on lui fait remarquer qu’une équipe qui obtient 2 points en 6 journées (après le nul de Perugia donc) peut licencier son entraineur. L’avocat précisant d’ailleurs que le Napoli qui revenait de la Serie B, avait investi beaucoup d’argent pour faire bonne figure en A. Mais Zeman insiste “Ce n’est pas un licenciement sportif” et donc, c’est lié à Moggi “Le président Ferlaino, surement plus proche de la réalité ,l’a dit” comment l’a-t-il appris ? “en le lisant dans les journaux” Tout comme pour Moroni, ces licenciements ou menaces télécommandés sont basés sur des discussions rapportées, des articles de journaux. Les questions continuent, et très justement on demande à Zeman combien son engagement a couté au Napoli, puisque le bohème affirme qu’on l’a envoyé là-bas pour ensuite pouvoir le licencier et le griller sportivement “2,5 Milliards de lire” que Zeman tente de minimiser avec des amendes salariales reçues pour certains propos. La conclusion est donc, le Napoli aurait engagé Zeman sur ordre de Moggi pour pouvoir le flinguer, quitte à dépenser 2,5 Milliards de lires. “très peu vu ma bravoure (sic!)”. Se basant sur un témoignage du bohème lors de l’enquête du Calciopoli (en mai 2006), les avocats citent que Zeman se basaient sur des “sensations”. Des sensations, des propos lus dans les journaux plus ceux de l’ancien président de Bologna Gazzoni (tapez Gazzoni Juventus sur google pour les italianisants) survenus après le témoignage de 2006 de Zeman cependant.
Là on en vient au cœur du système. Un avocat (Prioreschi pour ne pas le nommer) lui demande quelles équipes Zeman a entrainées depuis 1998, ce dernier les citent après avoir une nouvelle fois répété “Il y a avait un véto pour pas que j’entraine, en 1998, j’étais parmi les meilleurs coaches d’Europe.” Concernant ces mêmes équipes (Fenerbahçe, Napoli, Salernitana, Lecce etc…) Zeman dit que “ce ne sont pas les bonnes pour le meilleur entraineur d’Europe”. Ce a quoi l’avocat répond d’ailleurs avec ironie “Moi aussi je voudrais bien défendre Berlusconi, moi aussi je suis le meilleur avocat parmi tous, mais je n’y arrive pas !” On revient donc sur ses licenciements successifs, il insiste “un seul normal” celui de la Lazio en 1996 (saison 1996-1997 précisément) “et trois illicites” Napoli, Salernitana, Lecce. S’ils étaient illicites, pourquoi n’a-t-il pas porté plainte ? “Je devais les subir”. S’en suit un nouveau passage sur plus de précisions concernant les raisons de son licenciement du Napoli, un reportage de la Rai signé Francesca Sanipoli, journaliste “proche du groupe de Moggi” selon Zeman qui a interviewé des supporters napolitains “proches aussi de Moggi” afin de lui faire du tort.
Le débat s’accélère, on parle de son passage à l’Étoile Rouge en 2008, a-t-il été licencié ? “Non je m’en suis allé, j’étais trop professionnel pour eux”. Concernant l’Avellino saison 2003-04 en Serie B, Zeman y entraine toute la saison, le club est relégué en C1, même discours “Non, je n’est pas été licencié, c’est la seule fois où j’ai été relégué dans ma vie, mais c’est n’est pas une relégation sur le terrain, c’est une relégation du système. Vous pouvez voir un film (Zemanlandia, ndlr) où quelqu’un dit ‘si je te licenciais, l’Avellino se sauvait”. Nous sommes après 1998, Zeman continue d’entrainer régulièrement des équipes dont Fenerbahçe “Non, je n’ai pas été viré, on voulait même me faire signer cinq ans” Zeman a en réalité démissionné (nous y reviendrons dans la seconde partie). Les avocats de la défense se demandent comment le bohème peut affirmer qu’il n’a pas entrainé après 1998, alors qu’il a signé huit contrats, mais ce dernier considère en fait que ce n’étaient pas des clubs de son standing “Moggi empêchait donc le président du Real de vous recruter ?” réponse de Zeman “il me voulait à une époque”. On repasse sur ses autres expériences, notamment à Brescia, sur lesquelles nous reviendrons, mais aussi la Salernitana où il considère que là aussi c’est le système qui l’a aussi viré “tout le monde veut gagner, mais seule la Juve gagne” affirme-t-il. Vers la fin de ce débat l’avocat de l’arbitre Racalbuto intervient pour une seule question “Combien de titres avez-vous gagné entre coupes et championnats” réponse de l’intéressé “Zéro, grâce au système”.
Voici donc la fin de cette première partie. Zdenek Zeman est convaincu qu’à partir de 1998, on a entravé sa carrière lui empêchant d’entrainer des grands clubs, devant se rabattre sur des équipes moins huppées où on s’arrangeait tout de même pour lui faire obtenir de mauvais résultats ou le faire se licencier. La deuxième partie sera dédiée à une “démonstration” statistique et logique.
Valentin Pauluzzi @CalcioBilly
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