Mardi soir, on apprenait que Gianni Petrucci, président du CONI (Comité Olympique National Italien) avait convoqué la presse pour une conférence au salon d’honneur de cette institution, on pouvait d’ores et déjà anticipé le thème principal de sa prise de parole, le Calciopoli et les tensions générées depuis un certain temps par les nouveaux évènements remontés à la surface. Ce sujet est désormais sur toutes les langues surtout après les dernières sentences du procès pénal de Naples et les actions légales de la Juventus qui suivirent l’acquittement du club.

Le numéro un du CONI n’y est pas allé de main morte et même s’il n’a pas cité explicitement la Juventus et Agnelli dans son discours, il s’en est pris implicitement au club bianconero pour son recours à toutes les institutions sportives et administratives dans le but de reprendre ce qui lui revenait de droit après avoir été blanchi dans le procès pénal de Naples, il n’a pas été très tendre utilisant des mots et expressions tels que “fourbes”, “arrogants”, “manque d’éthique et de respect des règles” ou encore “ceux qui se croient intelligents” en référence à Agnelli qui ne démord pas et entend user de toutes les “armes” permises légalement pour défendre les droits de son club. Selon Petrucci, le football et celui de l’élite en particulier souffre des trop grandes tensions qui y existent depuis un moment, des tensions auxquelles il a donné le nom de “dopage légal” à cause de toutes les affaires portées aux tribunaux pour un oui ou pour un non selon lui. Il critique la grande présence désormais des avocats dans le milieu avançant que les pages des journaux sont plus remplies d’infos d’aspect juridique plutôt que sportif. Petrucci s’est aussi rangé sans grande surprise du côté de la FIGC et de son président Abete estimant qu’il faisait son travail comme il se doit mais qu’il était critiqué parce qu’il ne “montre pas les muscles, il n’agresse pas alors que le héros d’aujourd’hui est l’agresseur”.

Andrea Agnelli a été très attentif au discours de Petrucci et se sentant bien évidemment visé, il a convoqué la presse à Vinovo juste après pour la fin d’après midi. Ceux qui s’attendaient à la troisième guerre mondiale vu les paroles de Petrucci ont été très déçus car le Président bianconero a fait preuve d’un calme déconcertant et a placé ce qu’il avait à dire de façon magistrale se permettant même – et permettez-nous l’expression – de placer le cul à Petrucci entre deux chaises avec son calme et sa proposition de se réunir autour d’une “table politique” pour régler le différent si ce dernier ainsi que les différents partis concernés donnaient leur aval. Agnelli a tout simplement été digne du prix “Sport et Politesse” remporté récemment donnant une leçon d’éthique, de clarté et d’éducation sportive à qui doit gouverner le sport en Italie.

Très sereinement, le dernier des Agnelli a expliqué au cours de la conférence les démarches légales du club qui respectent le parcours juridique tracé par les lois du pays appuyant sur le fait que les déclarations de “non compétence” présumée de la FIGC, TNAS et UEFA ont été ce qui a poussé le club à aller voir ailleurs et par conséquent à sortir du domaine de la justice sportive et recourir à celle ordinaire administrative, avec les dossiers déposés auprès du TAR et de la Cours des Comptes ainsi que celui remis au Préfet de Rome. La réponse du fils d’Umberto Agnelli s’articulait sur ce qui suit:

1. La Juve a respecté les règles.
2. La Juve accueille l’appel de Petrucci sans se cacher et répliquer férocement mais elle veut de la clarté et une reconstitution des faits.
3. La Juve avait demandé à la FIGC de clarifier les choses.
4. Palazzi a attendu la prescription de l’Inter (et du Milan) pour dire qu’ils violaient des règles bien plus graves (art. 1 et art. 6) que celles retenues contre Moggi (art. 1 seulement).
5. A ce point la Juve a demandé au Conseil Fédéral de décider en conséquence, mais ce dernier a refusé.
6. La Juve a demandé après au TNAS et à l’UEFA de vérifier la décision de la FIGC mais eux aussi se sont éclipsés.
7. Entre-temps la Juve a été déclarée étrangère aux faits par le tribunal ordinaire de Naples dans un procès qui est encore seulement au premier degré.
8. Seulement après la Juve a décidé de se défendre auprès des tribunaux administratifs qui décideront de décider, fini les tribunaux sportifs.

Tout de suite après la fin de la conférence d’Agnelli, Gianni Petrucci a déclaré avoir été content du ton du Président bianconero et a accepté la proposition de la “table politique” proposée, une table qui réunirait le CONI, la FIGC, la Juve et les clubs prescrits (l’Inter et le Milan ont accepté la proposition à travers des déclarations de Moratti et Galliani) et à ce moment là, enfin quelqu’un pourra peut être nous éclairer sur ce qui s’est passé de 2005 à aujourd’hui. Agnelli l’a répété une centaine de fois devant tout le monde qu’il voulait qu’on lui explique et qu’on explique à toute l’Italie:

- Comment a t-il été possible de conduire un aussi grand procès en seulement 20 jours.
- Comment a t-il été possible qu’on enquête seulement et uniquement sur un seul club.
- Comment a t-il été possible qu’on confie le tout à un Commissaire Spécial ex-membre directeur de l’Inter.
- Comment a t-il été possible d’appliquer une condamnation (Serie B et 2 scudetti retirés) non prévue dans le règlement.
- Comment a t-il été possible que le club se retrouve menacé de radiation par des institutions si ce dernier faisait recours au TAR en 2006.
- Comment a t-il été possible de retirer à la Juve un scudetto (2006) pour des faits datant de la saison précédente.
- Comment a t-il été possible de donner ce scudetto à une autre équipe et ne pas le révoquer simplement, en plus sans aucun document officiel attestant de l’attribution du titre.
- Comment a t-il été possible de ne pas retenir des preuves contre l’Inter pour plusieurs années et attendre 14 mois et la prescription avant de répondre.
- Comment a t-il été possible de juger et condamner l’Inter, en la définissant prescrite avant même de l’entendre.
- Comment a t-il été possible de se déclarer incompétents sur une “non décision” d’un Commissaire qui avait les pouvoirs du Conseil Fédéral.

Voici les questions qu’Agnelli a posé implicitement parfois mais de façon ferme et claire tout en gardant son calme et sa sérénité dans une intervention digne de ses prédécesseurs de la famille. Voyons maintenant si ces personnes qui demandent le calme et le retour de la tranquillité dans ce sport sauront faire face à lui et à toutes les personnes qui ne demandent que ça depuis des années qu’on leur réponde de façon claire et nette. La rivalité saine ne peut être retrouvée qu’à travers la clarification de tout ça, se voiler la face et faire l’autruche comme le font les personnes au pouvoir depuis un certain temps ne fait qu’accentuer les tensions, à bon entendeur…