Dossier Calciopoli-bis : le rôle du Milan AC (part I)
Un des grands “oubliés” du Calciopoli fut le Milan AC qui fut certes condamné en 2006 mais dont de nombreuses écoutes compromettantes furent rendues inoffensives par la désormais légendaire prescription de juillet 2011 du rapport Palazzi (le fameux Calciopoli bis).
On se souvient que le Milan AC avait terminé à la deuxième place du championnat sous enquête (2004-2005) à sept points de la Juve. En Mai 2006, trois journaux, l’Espresso, la Gazzetta et Repubblica bénéficièrent de fuites, aussi illégales que «sélectives», du dossier des enquêteurs. Fuites qui leur permirent de débuter une violente campagne médiatique contre la Juve et son directeur sportif Moggi. Ces journaux, et la quasi totalité de la presse sportive italienne à leur suite, ne se limitèrent pas à publier ces confidences policières, mais firent aussi pendant des semaines leurs gros titres avec toute une série d’inventions pures et simples, souvent reprises par le procureur, mais dont dont le procès de Naples a démontré depuis l’absolue fausseté. Selon la cour de Naples (attendus de la juge Casoria), il n’y eu aucun «trucage de match en faveur de la Juve», aucun « enfermement d’un arbitre (Paparesta) par Moggi dans son vestiaire», aucun «trucage des tirages aux sorts des arbitres», aucune «tentative de corruption d’arbitre», aucune «rencontre secrète entre Moggi et l’arbitre Nucini» (le fameux «cheval de Troie» de l’Inter), ni aucune «distribution de «cartons jaunes téléguidés» favorisant la Juve. Ce qui permet, pour le moins, de s’interroger sur la compétence des enquêteurs, si ce n’est sur leurs motifs, mais le martellement en faveur de ces accusations a été tellement important, qu’elles sont encore valables dans l’imaginaire collectif de beaucoup.
A ce stade initial, mi-2006, le Milan AC, et l’Inter, étaient supposés entièrement étrangers à ces faits, qui semblaient concerner uniquement Moggi et son «association de délinquants». Aussi bien Berlusconi que Moratti s’empressèrent d’ailleurs, avec insistance, de revendiquer dans la presse le déclassement de la Juve et l’attribution du Scudetto 2004-2005 à leurs équipes respectives. Mais très vite, la presse, Gazzetta en tête, commença à publier et à commenter des fuites concernant des contacts et des coups de téléphone entre des représentants du Milan AC et – les deux «désignateurs» arbitraux (chose permise jusqu’à un certain point) – de nombreux arbitres (chose formellement interdite par le règlement FIGC). Dans les écoutes de Galliani, on ne trouve pas grand chose de très répréhensible, contrairement à celles de Meani, (un restaurateur ancien juge de ligne, familier de Galliani et faisant office de chargé des relations du Milan AC avec le corps arbitral), hâbleur, très imprudent et…hyperactif. Dans un deuxième temps le Milan AC fut donc à son tour englué dans Calciopoli et fut condamné dans le procès sportif de 2006, bien que beaucoup moins sévèrement que la Juve. Des pénalités en points lui furent imposées (30 points au titre de la saison 2005-2006 et 8 pour la saison 2006-2007). Ces 8 points interdirent, certes, au Milan de disputer le scudetto 2006-2007 à l’Inter, mais n’empêchèrent nullement sa qualification à la Champions League (qu’il gagna brillamment). La perte financière qu’aurait entrainé une non-qualification fut évitée. Cependant l’excellente réputation auprès des sponsors du Milan AC souffrit probablement.
Galliani démissionna de son poste de président de la Ligue (qu’il occupait depuis 2001) et écopa de 5 mois de suspension, Meani de 26 mois (le tout concernant l’influence sur les désignations des juges de ligne avant Milan-Chievo de 2005) et se retrouva de plus sur le banc des accusés au procès pénal de Naples, mais l’AC Milan en tant que club ne fut pas assigné à y comparaitre au titre de sa responsabilité civile, contrairement à la Juventus (innocentée au terme du procès), Lazio et Fiorentina (tous deux condamnées). Cependant le procureur FIGC Palazzi estima par la suite (en 2011) que la condamnation sportive de Meani par le tribunal FIGC pour deux infractions à l’article 6 (fraude sportive) fut trop légère par comparaison avec celle d’autres accusés (voir page 35 de son rapport). Cette relative bienveillance du tribunal FIGC et du Ministère Public (PM) Narducci instruisant le procès pénal, était probablement due à deux raisons principales :
A) Meani n’appartenait pas officiellement au cadre du Milan. Sans être un bénévole, il n’avait cependant, en principe, aucun droit à discuter avec les arbitres d’autre chose que de courtoises banalités, comme leur accueil au stade, leur offrir une tasse de thé ou un maillot dédicacé etc…Ceci permit à Galliani de minimiser fortement sa propre responsabilité objective et celle du club, en mettant toutes les initiatives douteuses de Meani «independente scheggia impazzita» sur le compte de son besoin, d’ailleurs évident, de se rendre important. Il fut par la suite surnommé “le préservatif de Galliani”. A l’écoute de la fameuse conversation entre Galliani et Meani «Spinga, Spinga» dans laquelle le premier demande au second de «pousser à fond» pour gagner de l’influence sur certains arbitres «également dans les divisions inférieures», “So che ha parlato con l’assistente Puglisi”… “Prema per mettere nostri uomini nelle commissioni dilettanti, così abbiamo un po’ di controllo anche nelle serie inferiori”, on est cependant en droit de se demander jusqu’à quel point Meani agissait seulement de sa propre initiative et non selon les recommandations de son supérieur Galliani. Quoiqu’il en soit, le Milan AC eut la chance que cette explication soit largement acceptée par le tribunal de la FIGC en 2006.
B) Une partie seulement des écoutes téléphoniques impliquant le Milan AC, et surtout pas les plus gênantes, furent communiquées par les enquêteurs à la FIGC, en 2006. Ce ne fut que beaucoup plus tard, au procès de Naples, que les défenseurs de Moggi trouvèrent cachés dans l’énorme dossier des 160 000 écoutes de l’enquête, de nombreux cas impliquant sévèrement non seulement l’Inter mais aussi le Milan AC. Écoutes que les carabiniers eux-même avaient jugés très incriminantes et marquées des fameuses «trois moustaches rouges», signifiant un contenu juridiquement important. Ces «nouvelles» écoutes auraient très probablement valu au Milan AC et à son directeur Galliani une punition beaucoup plus sévère, si elles avaient été communiquées en temps utile à la FIGC (en 2006) comme la loi en faisait obligation au PM Narducci. Elles auraient vraisemblablement valu au club de se retrouver également sur le banc des accusés, à Naples, au côté de Moggi, de quelques uns de ses collègues, des désignateurs arbitraux et d’une flopée d’arbitres (presque tous innocentés depuis). Il n’est pas interdit de penser que l’importance politique du propriétaire du club et la position dominante de son entreprise médiatique aient été également des facteurs dans la mansuétude de la FIGC et dans le fait que le Milan AC ait pu assister en spectateur, et non pas en accusé, au procès pénal de Naples. Le Milan et ses dirigeants n’ayant pas été (contrairement à Moggi et à la Juve) le gibier à abattre pour les enquêteurs, une modeste partie des 160 000 écoutes seulement concernaient ce club, mais il y en eu tout de même un bon nombre de bien croquignolettes, tout à fait dignes des «trois moustaches rouges» attribuées par les carabiniers. En voici, ci-dessous un choix (non exhaustif):
1. Source: Attendus du procès pénal (2012). Page 452-457: La juge Casoria cite en détail une discussion du 18.04.2005 entre Meani et Collina:
A l’époque Collina est l’arbitre star du Calcio et désigné comme futur patron des arbitres pour le championnat suivant. Classé par Casoria page 460 comme «per concorde opinione dell’ambiente, ostile a Moggi,». Meani suggère avec insistance à Collina de rencontrer Galliani au domicile de l’un deux, Collina répondant que cela n’était pas une bonne idée parce que Galliani et lui-même étaient trop reconnaissables et propose plutôt une rencontre dans le restaurant de Meani, un jour de fermeture, à condition que personne ne puisse le reconnaitre dans le parking. Meani le rassure, lui affirmant que l’endroit est discret, que l’on pouvait se passer d’y manger (pas de cuisinier, pas de témoin?). Une date est fixée pour la rencontre. Hautement illégale, bien sûr.
Collina: «…forse…forse l’ideale potrebbe essere proprio la sera di chiusura del tuo locale e….», et «una volta che…una volta che io entro nel parcheggio …cioè nel tuo ristorante non ci…non ci vede nessuno, capito? …»
Meani:» E’ isolato, poi li appunto possiamo anche non mangiare, cioè non è il problema, cioè il problema è proprio,.. è proprio vedersi in un posto …»
Collina complète la phrase de Meani «…riservato».
2. La juge Casoria mentionne dans ses attendus un cas de comportement intimidant de Meani envers le cadre FIGC Mazzei (lequel était chargé de désigner les juges de lignes pour les rencontres de Serie A, sans aucun tirage au sort), en Avril 2005, après une défaite contre Parma. Il s’agit là d’une des fautes également reprochée à Moggi, mais sans preuve directe aussi évidente dans les écoutes le concernant.
“Adesso gli dici (a Bergamo et Pairetto, ndr.) di stare molto attenti, perché Galliani è furibondo”….. “Riporta da adesso in poi di non sbagliare più un cazzo perché (Galliani, ndr) è furibondo, quindi anche mercoledì cercate di mandare due intelligenti..”…. “State attenti perché è supervelenoso”.
Les désignateurs cèdent et désignent comme juge de touche l’ami (Casoria dixit) de Meani, Puglisi.
3. Source: Attendus du procès pénal. Pages 319-320.
La juge commente 5 écoutes compromettantes de Meani, indications à un assistant sur comment arbitrer lors d’un match du Milan, fiert” d’avoir obtenu un juge de touche précis, ou des juges amis, etc…
Progr. 5582 «…Meani da pure indicazioni (a Puglisi ,ndr) su come si dovrà comportare sul campo…».
Progr 5587 «….Meani mena vanto di essere riuscito a farsi mandare Puglisi..».
Progr. 5591 «…Meani vanta di vittoria completa, perché sul campo andranno due amici Babini e Puglisi..»
Progr. 39887 «..è di telefonata tra Bergamo e Pairetto dalla quale puo ricavarsi che Bergamo è deciso a piegarsi alle richieste di Meani…».
Prog 5656 «… telefonata tra Meani e Puglisi, nella quale Meani dà indicazioni all’assistente Puglisi di utilizzazione maliziosa della bandierina …»
4. Source Rapport du procureur FIGC Palazzi (Juin 2011). Page 32-34.
Palazzi cite et commente 9 écoutes de Meani contenant une accumulation d’infractions à l’article 6 et à l’article 1 (menaces, offre d’objet de prix, exigences de désignation d’arbitres amis, organisation de rencontre illégale avec un arbitre etc…), qui auraient couté fort cher au Milan AC si la responsabilité objective du club avait été retenue et surtout si toutes les informations avaient été utilisées par le ministère public (PM).
prog. 4256 (dell’8 aprile 2005 ore 10.05) con Rosetti (arbitre ndr.) (Meani scherzando chiede a Rosetti di espellere i giocatori del Siena che incontrerà il Milan la domenica successiva),
prog. 4557 (del 10 aprile 2005 ore 11,25) con Puglisi (juge de touche ndr.), connessa alla 4256 (Meani riferisce a Puglisi che scherzando ha detto a Rosetti di ammonire i diffidati del Siena; Puglisi vuole parlare con Galliani del suo futuro e Meani lo tranquillizza dicendo che Galliani avrebbe chiamato Lanese);
prog. 5608 (del 18 aprile 2005 ore 12.02) con Collina (Meani riferisce di aver parlato con Mazzei e di avergli chiesto gli assistenti migliori per le ultime partite);
prog. 6087 (del 20 aprile 2005 ore 16,46) con Martino (Meani dice di mandargli ancora Ambrosino; il suo interlocutore dice che gli ha parlato al raduno degli assistenti e gli ha detto che ha avuto molti complimenti da parte del Milan ed un invito a continuare così);
prog. 42302 (del 28 aprile 2005 ore 19,34) con Bergamo («désignateur» arbitral, ndr) (Meani, dapprima, sponsorizza Copelli (arbitre ndr) chiedendo a Bergamo di “non ammazzarlo….. Meani comprende che Bergamo vuole inserire in griglia per la partita con la Juventus, “Paparesta, Collina e Trefoloni” e, quindi, spiega a Bergamo “Ecco, per a Trefoloni gli fai un bel discorsetto ….. perché senno gli tagliamo la testa noi”; Bergamo lo tranquillizza “Stai tranquillo, stai tranquillo … Stai tranquillo”, ma Meani dice a Bergamo “E allora chiamalo e parlagli, perché lui…, va bene?”.
prog. 8128 (del 5 maggio 2005 ore 10,28) con Contini (i due interlocutori parlano del fatto che l’assistente Rossi di Forlì ha chiesto a Meani di lavorare al Milan);
prog. 8495 (dell’8 maggio 2005 ore 16,34) con Farneti: Meani comunica a Farneti (arbitre assistant ndr) che farà l’assistente a Milan – Juve, vantandosi di essere stato lui a dare il “benestare”. Meani aggiunge che “ti ho fatto mettere via, anche se eri già venuto, l’orologio, neh, faccio l’orologio a tutti”. Poi Farneti chiede 3 biglietti difficilissimi da trovare perché tutto esaurito ma Meani glieli promette…»
prog. 8176 (del 5 maggio 2005 ore 16,11) con Bergamo. Concordano il guardalinee della successiva Milan – Juventus. Bergamo chiede biglietti per la partita poi ricominciano a concordare il guardalinee e “ti do un dato preciso che ti serve anche per dirlo al presidente” e fanno i nomi dei guardalinee “da salvaguardare per il futuro”. Bergamo: “L’importante è condividere in partenza le cose”. Poi concordano anche il quarto uomo (le quatrième arbitre ndr.).
==> c’est à dire, juges de ligne en activité comptant sur le Milan pour se recycler après leur retraite, requête auprès des désigneurs sur la préparation mentale d’un arbitre, de nouveau la fierté d’avoir obtenu tel et tel juge de ligne pour le match du Milan.
Valentin Pauluzzi @CalcioBilly
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