Un des grands “oubliés” du Calciopoli fut le Milan AC certes condamné en 2006 mais dont de nombreuses écoutes compromettantes furent rendues inoffensives par la désormais légendaire prescription de juillet 2011 du rapport Palazzi (le fameux Calciopoli bis).

Part I

A la manière des rencontres entre Nucini et Facchetti et le coup de fil de ce dernier à De Santis, on trouve aussi la preuve formelle qu’il y a eu contact téléphonique entre Collina et Galliani, chose qu’on ne trouve pas par exemple entre Moggi et les hommes en noir. C’est d’abord Meani qui invite le célèbre arbitre à appeler son patron, puis ce même Collina dans une autre écoute avec Meani du 9 Mai confirme qu’il y a eu contact. Rappelons que les contacts entre dirigeants et arbitres étaient formellement interdits par le code de la justice sportive, indépendamment du contenu.

Extrait rapport Palazzi toujours

prog. 5829 (del 19 aprile 2005 ore 9,38) con Collina (Meani invita Collina a chiamare Galliani)

Et donc…

Collina: No, però torno a dirti, questa è tutta roba televisiva, io dal campo tutta ‘sta roba qua non l’ho minimamente vista come non l’ha vista nessun altro, perché io devo dare atto… stamattina mi ha chiamato il tuo capo… È stato di una gentilezza assoluta, veramente…

Meani: Galliani? Ieri era incazzato nero.

[...]

Meani: Che t’ha detto ?

Collina: E’ stato carino, m’ha detto: ‘Io l’ho chiamata unicamente perché ho letto stamattina che Lei e il Milan non sarebbero più amici”…

Meani: Ma va’…

Collina: ‘Volevo dirLe che queste… mi hanno fatto incazzare queste cose…’. Guardi, io non ho dubbi di questo, né da un punto di vista personale Suo di Adriano Galliani né da un punto di vista di Ammninistratore Delegato del Milan, per cui… Lei… mi fa piacere che mi abbia chiamato. ‘Non voglio parlare della partita di ieri, assolutamente’. No, se vuole possiamo parlarne, ci mancherebbe altro. ‘No, no, non importa, non è… non volevo chiamarLa per questo‘. Ho detto: guardi, mi fa piacere, sono quindici anni che ci conosciamo, eccetera. Fra l’altro un giorno spero di poter avere il piacere che Lei mi dia del tu perché mi danno del tu tanti altri, da Giraudo ad altri che comunque sono nel calcio e mi farebbe piacere se Lei veramente… lo considererei un punto d’arrivo, gli ho detto.

Page 29-30 de son rapport de 2011.
Le procureur Palazzi rappelle en outre que, déjà lors du procès sportif de 2006, il avait été mis en évidence de nombreux contacts téléphoniques de Meani avec les deux «désignateurs» et avec 18 (!) arbitres et juges de touche concernés par des matches du Milan AC, ou de son grand rival la Juve. Contacts ayant tous pour finalité d’influencer la désignation ou la «performance» de ces personnes. Le procureur Palazzi conclut, page 35 que Meani s’en était tiré à trop bon compte en 2006 et mentionne la gravité de plusieurs des écoutes récentes supplémentaires, issue de la recherche effectuée par les avocats de Moggi et validées par le tribunal de Naples.

5. Source: Attendus du procès pénal de Naples. Pages 437-448.
La juge Casoria commente une conversation entre Meani et Nucini (arbitre):
Progr. 4201 del 07.04. 2005. Nucini-Meani (Milan). Nucini, (qui s’était déjà offert à l’Inter comme «cheval de Troie» en échange d’un job, deux ans avant cette discussion) et qui arbitrait surtout en B et C, demande l’aide de Meani pour arbitrer une partie en A. Il se plaint de n’être plus considéré pour la A. Meani essaie de lui faire dire que cet ostracisme vient de la Juve, Nucini est évasif, Meani lui raconte alors qu’il sait «de source sûre» (Casarin) que des «désignateurs» précédents étaient succubes de Moggi. Nucini revient à la charge pour un coup de pouce de Meani pour arbitrer en A et pour des billets de matches, etc…

6. Source: Attendus du procès pénal de Naples.
La juge Casoria fait référence au fameux enregistrement Meani-De Santis du 29 Avril 2005, à la veille de Fiorentina-Milan, dans lequel Meani demande instamment et avec menace de sanction par «notre presse», à De Santis de ne pas donner de carton jaune à Nesta, déjà «diffidato» (ayant atteint la limite du nombre de cartons jaunes avant suspension, ndlr), afin qu’il puisse jouer le match suivant contre la Juve pour le titre. De Santis s’y vante alors d’avoir «cartonné» deux joueurs «diffidati» de la Juve pendant le match précédant la rencontre Juventus-Inter 0-1,( Appiah et Ibrahimovic, le 20.04.2005.), mais ne précise pas l’identité de l’instigateur éventuel. La phrase de «De Santis «Porta un po di roba» permet même de soupçonner fortement une corruption pécuniaire. Cet enregistrement est probablement l’un des plus graves de Calciopoli, car suggérant clairement un cas unique de corruption d’arbitre destinée à influencer le résultat d’un match. L’enregistrement fut «oublié» par les enquêteurs, re-découverts par la défense en 2010, et avalisé par le tribunal pénal de Naples.

«Meani: No perché,.. perché ti spiego domani,.. domani, dov’è per te la madre… sai, io ti dico le cose da fratello, per dire no,.. sai il rapporto che abbiamo, dov’è la madre di tutte le battaglie.

De Santis: Sì.

Meani: Noi domani abbiamo Nesta che è diffidato.

De Santis: Eh, oh…

Meani: Eh bravo, io…

De Santis: Non facesse lo scemo perché io, dopo quello che ho fatto a Torino, non posso fa’ diversamente, eh…

Meani: Certo, certo io non dico…

De Santis: Fa lo scemo, eh…

Meani: Lui non deve fare lo scemo.

De Santis: Eh…

Meani: Per , dico, non inventare un c.. perché senno ti vien fuori un disastro. Niente, infatti, lui non deve fare lo scemo… ehm (inc.)

De Santis: Anche perché oh, oh, io a Torino alla fine gli ho ammonito, c’hanno due diffidati e alla fine tutti e due glieli ho presi eh…(Appiah et Ibrahimovic, ndr)

Meani: Eh certo.

De Santis: Eh…

Meani: Ma sai, sai per il problema, la sostanziale differenza è che tu.., qui domenica c’è la partita con la Juventus, è quello lì…. il problema, il problema grave capito? Quindi se salta fuori che che tu mi fai,.. se tu mi fai un’ammonizione diciamo.. evitabile….. i nostri giornalisti… tutto l’ambiente è li che ti aspetta, che se viene fuori una cosina su Nesta ti ammazza

De Santis: Oh va bene, ci vediamo domani allora.

Meani: Ci vediamo domani, in bocca al lupo.

De Santis: Porta un po’ di roba, va’.»

C’est d’ailleurs suite à l’arbitrage de ce Fiorentina-Milan (et sans carton à Nesta) que la Juve avait imposé le fameux «silenzio stampa» pour protester. Après cette rencontre,  s’en suit un nouveau coup de fil entre Meani et De Santis, dissimulé lui aussi aux juges FIGC en 2006 et plus tard à la Cour de Naples et redécouvertes par la défense. Du point de vue des enquêteurs on comprend assez facilement le pourquoi de cet «oubli»: cet enregistrement aurait ridiculisé la thèse officielle de l’accusation selon laquelle l’arbitre De Santis est le principal complice de Moggi puisqu’il se “vante” d’avoir forcé la Juve à boycotter la presse à cause de son arbitrage, Meani s’étonne en effet que ce même De Santis ait la réputation d’être juventino.

Meani: «Ah , allora, solo io ormai ti voglio bene».

De Santis: «Ormai niente, hai visto? Ho fatto fa’ il silenzio stampa alla Juve, non c’era mai riuscito nessuno nella storia del calcio».

M:«Ci sei riuscito te… i corsi, i ricorsi, e poi mi dicono che sei juventino…».

D: «Ma ti rendi conto?».

M: «Sì per è una forzatura che non ha significato»

D: «Ma che scherzi, oh?» (…)

M: «Ma io, sai, comincio a pensare, lui… non voglio sapere.. tu avrai un rapporto anche magari come ce l’hai con me, ma lui sta perdendo la testa, il direttore, (Moggi ndr) eh… non deve dire certe cose perché vuol dire che stai perdendo il controllo… ho l’impressione che lui stia perdendo… è un po’come quello che sta perdendo potere e si attacca un po’ a tutto… ».

Il semble difficile de nier que le Milan AC s’en soit tiré avec une sanction relativement peu sévère au procès sportif de 2006. Le club et Galliani (jamais mis directement sur écoute par ailleurs, tandis que Meani fut mis sur écoute sur le tard), son directeur ont aussi eu de la chance de ne pas être inculpés au procès pénal de Naples où l’apparition des «nouveaux» enregistrements leur aurait probablement coûté assez cher. Pour la FIGC, les faits sont à présent prescrits, à moins de révision du procès sportif, possible d’après les statuts de la FIGC, mais que celle-ci essaiera d’éviter à tous prix. Quant à la thèse de l’exclusivité des rapports amicaux entre les désignateurs et Luciano Moggi, elle a pris l’eau depuis belle lurette, même si l’ex-dirigeant de la Juve continue d’être considéré comme le patron du football italien à l’époque. Une autre écoute assez connue, la fameuse “secondo lei io dormo” entre Meani et Galliani démontre que ce dernier (avec sa double casquette de président de la Ligue et du Milan) avait un pouvoir assez important sur les institutions, on l’entend se vanter d’avoir fait reporter la journée de championnat suite au décès du Pape Jean Paul II, Moggi en prend également pour son grade. A noter que ces écoutes n’ont pas empêché les dirigeants de Serie A de choisir Galliani comme vice-président de la Ligue en janvier dernier.

Meani “Dottore?”

Galliani “Allora abbiamo slittato, giochia­mo sabato alle 20.30, anzi alle 18 col Brescia, poi domenica andiamo a Siena“.

M. “Senza Kakà senza l’altro”.

G. “Ma secondo lei io dormo?”

M. “No”

G. “Lei pensa che io dormo, ma por­ca troia. Anche perché quel figlio di puttana di Moggi, le racconto: Mog­gi, che è un figlio di puttana, faccio sentire anche a Costacurta così si carica. Ha pure chiamato Preziosi (e gli ha detto) Adriano l’ha fatto ap­posta così recupera i sudamerica­ni, c’hanno Shevchenko che sta meglio, hanno spostato di una set­timana. Con l’Inter ce l’abbiamo già. Dopo pensiamo a quelli di Torino l’abbiamo già sistemata perché l’ac­coppiata Moggi- Capello è…?”

M. : “E’ micidiale?”

G. : “Come Capello- Sensi, via Ca­pello, Sensi è tornato amico. L’ab­biamo purgato già l’anno scorso ( la Roma di Capello perse lo sprint scudetto col Milan, ndr), lo purghia­mo anche quest’anno ( allenando la Juve, ndr). Fa niente ( ride). Capito Leonardo. E’ pieno di uccelli padu-l­i, se non tiri le corde, non capisco­no?”

M: “Anche se ho visto che nel sor­teggio gli è saltato fuori Collina ( ar­bitrerà Fiorentina- Juve 3- 3 del 10 aprile 2005, ndr): e ciò è positivo”.

G. : “Tranquillo, vigilare su tutto”.