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Dossier Calciopoli : Les conséquences

10 juillet 2011 à 12h58         Alessandro Grosso
Dossier Calciopoli : Les conséquences

Dossier Calciopoli : Les conséquences

Le procès sportif terminé, une nouvelle ère va s’ouvrir dans l’histoire du football italien, sans la Juve, avec une Inter dominatrice comme jamais dans son histoire et une Nazionale qui paye également les pots cassés.

La Juve plombée

Calciopoli a été un véritable tsunami pour le football italien, à l’époque beaucoup demandaient à ce qu’un grand ménage de printemps soit fait, cinq ans plus tard on remarque que tout le monde ou presque est toujours à sa place dans les organigrammes des clubs condamnés, excepté bien-sûr Moggi et Giraudo qui ont été éloignés de force du monde du football avec les deux “désigneurs” et les deux arbitres, Paparesta (qui a désormais le droit d’arbitrer mais ce dernier est persona non grata à l’Association italienne des arbitres) et De Santis. Tous les autres sont toujours en place, et des dirigeants tel que Galliani ont même pu travailler pour leur club même lorsqu’ils étaient interdits de le faire.

Si le Milan, la Lazio et la Fiorentina se sont remis de cette affaire plutôt tranquillement, c’est la Juve qui en a le plus pâti, Calciopoli a enlevé au club le plus titré d’Italie le passé, le présent et le futur : le passé avec les deux titres gagnés avec mérite sur le terrain en étant l’équipe la plus forte et constante de ces années (en étant en tête du championnat pendant la bagatelle de 76 journées journées consécutives). Le présent parce qu’à cause de Calciopoli, la Juve a été reléguée en Serie B ce qui a eu pour ce club coté en bourse de très fortes répercussions financières. Ainsi, elle a dû brader quelques uns de ses meilleurs joueurs tels Ibrahimovic, Zambrotta, Mutu, Emerson, Vieira, Thuram, Cannavaro qui étaient l’ossature de l’équipe de Capello qui est lui aussi parti rejoindre le Real Madrid. Le futur parce qu’il est évidemment compliqué pour la Juventus de revenir à ce même niveau. Bref, pour la Vieille Dame et ses supporters, Calciopoli a eu et aura des répercussions pendant une dizaines d’années.

Le football italien affecté (Coupes d’Europe & Nazionale)

Avec Calciopoli le football italien s’est également tiré une balle dans le pied, même si avant 2006 on remarquait une légère baisse de niveau de notre championnat (par rapport à la Premier League surtout), Calciopoli n’a fait qu’empirer la situation effaçant la Juventus du haut niveau européen. Une équipe italienne en moins à pouvoir lutter pour la titre de champion d’Europe. La Juve a été “remplacée” ces dernières années par la Roma qui a joué régulièrement la Champions League après Calciopoli, mais la Roma n’a ni la carrure de la Juve de l’époque, ni la force de prétendre aller plus loin que les quarts de finale. Pour ne pas parler des équipes comme l’Udinese ou la Fiorentina (voire le Chievo en 2006 !) pour qui la participation est déjà une victoire. C’est l’indice UEFA qui prend une claque, et c’est une des raisons pour laquelle l’Italie s’est vue dépasser par l’Allemagne au classement qui permet de déterminer le nombre de strapontins disponibles pour la Coupe aux grandes oreilles.

Calciopoli a également eu une répercussion sur la Nazionale. Certes, à la coupe du monde 2006 Calciopoli a eu – si on puis dire – un effet bénéfique pour l’équipe. Comme rapporté par Marcello Lippi, les joueurs étaient dans une bulle et voulaient prouver au monde entier que le football italien était là et bien présent. Puis la Nazionale et la Coupe du Monde étaient reléguées au second plan. Toujours dans cet état d’esprit de vindicte populaire mené par une grande partie de la presse (et donc par répercussion, par les passionnés de football), les joueurs de la Juve ont été très critiqués avant la Coupe du Monde et le sélectionneur Marcello Lippi également (beaucoup voulaient sa tête parce qu’accusé de convoquer des joueurs de la GEA où son fils Davide Lippi travaillait avec le fils de Moggi). On disait que Cannavaro (qui a eu le malheur de défendre Moggi avant la Coupe du Monde) et Buffon (accusé à l’époque d’avoir parié sur des matchs de foot italien, chose illégal pour un joueur professionnel, mais il a été démontré par la suite que Buffon ne l’a jamais fait) devaient quitter la Nazionale. Bizarrement après la victoire de l’Italie, beaucoup sont revenus sur leurs pas. Pour finir, signalons qu’en finale il y avait en tout 11 joueurs qui jouaient ou avaient joué sous les couleurs de la Juventus (12 si nous comptons Lippi). La supériorité de la Juventus et la compétence de ses dirigeants de l’époque s’est manifestée même en Coupe du Monde.

L’après Calciopoli a été compliqué pour la Nazionale, le néo-sélectionneur Donadoni se voyait “contraint” de sélectionner des joueurs évoluant en Serie B pendant un an (et le “manque” de compétitivité que cela peut inclure pour les joueurs concernés). La chute de la Juventus a eu obligatoirement de fortes répercussions sur le rendement de la Nazionale. Elle est toujours le plus grand fournisseur, mais son niveau par rapport à 2006 a baissé d’une manière drastique (une grande Juve a pratiquement toujours signifié une grande Squadra Azzurra l’histoire le démontre). L’équipe dominante de la Serie A était alors l’Inter qui alignait de temps en temps un italien sur le terrain, c’est seulement cette saison que la Nazionale peut jouir du travail des nerazzurri avec des Ranocchia, Pazzini voire Motta en sélection.

Un boulevard pour l’Inter, un pastiche de Serie A

Mais quelles sont les équipes qui ont joui de ce scandale ? L’Inter est évidemment l’équipe qui en a le plus bénéficié. Ne faisant (dans un premier temps) pas partie de cette affaire, Guido Rossi remet à l’Inter le scudetto 2005-06 qui avait été gagné sur le terrain par la Juve. Moratti appela ce premier scudetto de sa gestion “le scudetto de l’honnêteté” (nous verrons par la suite que Moratti à une drôle définition de ce mot) et les dirigeants de l’Inter le fêteront comme il se doit. Beaucoup ont dit que Guido Rossi était contraint par l’UEFA de donner ce titre à l’Inter sous peine de ne pas avoir de clubs italiens en Coupe d’Europe, ce qui est totalement faux. L’UEFA a seulement demandé à la FIGC les clubs qui selon elle étaient qualifiés pour les coupes d’Europe.

Les nerazzurri qui s’étaient déjà renforcés sans à avoir recruter de joueurs (Juve en Serie B, Milan avec 8 points de retard et dans l’incapacité de se renforcer) ont la bonne occasion d’acheter à la Vieille Dame des Top Players au rabais. La venue de Vieira et surtout d’Ibrahimovic (qui aura été le joueur le plus important des succès de cette équipe avant son départ) sera par la suite décisive pour leurs victoires, Zlatan devenant le symbole de l’Inter post Calciopoli. La concurrence éliminée (seule une Roma aux moyens financiers inexistants mais au courage et aux idées importantes résiste), l’équipe renforcée, c’est ainsi que le cycle de l’Inter prit forme. Les nerazzurri domineront de la tète et des épaules le premier championnat post-Calciopoli en explosant de nombreux records (97 points, 17 victoires consécutives,…). La Roma a elle aussi grandement bénéficié de Calciopoli qui lui a permis de gravir les échelons et se placer comme la deuxième équipe d’Italie et la grande rivale de l’Inter. Les giallorossi qui ne s’étaient pas qualifiés sur le terrain lors de la saison 2005-06, se sont vus régulièrement jouer la Champions League et lutter jusqu’à la dernière journée avec l’Inter pour le scudetto.

Alessandro Grosso

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