Plus de six ans que Laurent Lanteri évolue en Italie après un premier passage en 2006, l’attaquant français formé à l’AS Monaco nous raconte son parcours mouvementé qui l’a vu passer dans de nombreux clubs de la Botte et nous offre ainsi un joli voyage dans le football italien des divisions inférieures qui se termine à la Paganese, son club actuel.

Quel parcours as-tu effectué chez les jeunes ?

Petit j’habitais Singapour, donc j’ai commencé à jouer au foot là-bas, puis de retour en France j’ai passé deux saisons à Villefranche sur mer, je fais d’abord une année en U13 à Monaco où je suis coaché par Frederic Barilaro (actuel directeur du centre de formation monégasque ndlr), que je retrouve en CFA à mon retour dans la principauté. Entre-temps mes parents déménagent et j’ai donc joué deux ans à l’ASPTT Marseille avec Franck Borrelli comme entraineur, le frère de Luc décédé dans un accident de voiture. Et donc je reviens au centre de l’ASM en U15 deuxième année, et là je fais le parcours jusqu’à mes débuts pros.

Que tu effectues à l’époque du Monaco de Didier Deschamps.

Tout à fait, à 17 ans, je débute en championnat à Rennes et l’année suivante je participe à l’épopée en Champions League (Monaco va en finale, battu par le Porto de Mourinho ndlr). J’étais par exemple en tribunes contre le Real, j’ai fréquenté le groupe pro toute l’année cette saison là.

Tu as été convoqué dans les sélections de jeunes françaises ?

Oui, des U15 aux U20. J’ai fait notamment partie de la pré-sélection des 24 de la génération sacrée championne du Monde U17 en 2001, mais ils partent à 22. J’étais régulièrement convoqué les matches précédents, mais je n’ai pas fait le Mondial.

S’ensuit une expérience d’un an et demi à Chateauroux en Ligue 2 avant de débarquer une première fois en Italie.

La première année se passe très bien avec Victor Zvunka, moins bien avec Ollé-Nicolle. Je voulais alors rejoindre Zvunka à Geugnon, mais le club ne voulait pas m’envoyer vers leur ancien coach. Je me suis retrouvé un peu coincé et mon agent Marco Simone qui avait acheté le club de Legnano alors en Serie C2 m’a proposé d’y venir, et j’avais besoin de temps de jeu car j’avais peu joué les six premiers mois. Un ami à moi connu à Chateauroux était déjà là-bas, c’est Pedro Kamata. Et il y avait aussi Patricio D’Amico qui m’avait dit que le niveau était bon. Je pars en prêt, je marque 7 buts en 6 mois, ça se passe super bien.

D’ailleurs, en tant que Niçois, tu étais attiré par le foot italien ?

Non non, j’ai toujours été supporter de l’OM depuis tout petit même si c’est dramatique en ce moment. J’étais abonné au Vélodrome, c’était le vrai OM, celui des Papin, Waddle qui gagnait tout.

Lanteri c’est italien ça ?

Oui oui, ma famille est originaire de Ligurie.

Et l’adaptation dans le pays de tes ancêtres ?

Les premiers matches n’étaient pas évident, beaucoup de tactique, mais je marque mon premier but et près ça s’enchaine. Le club qui était mal en point se sauve finalement à trois journées de la fin.

Tu rentres donc à Monaco et là tu files à Metz encore en prêt.

Et malheureusement, j’ai une pubalgie, je dois me faire opérer et je loupe beaucoup de matches. C’est dommage, car c’était une bonne opportunité puisque le club monte en Ligue 1 cette année là.

Et donc retour à Legnano l’été 2007.

A titre définitif cette fois, je résilie mon contrat avec Monaco et je m’engage avec le club qui est monté en Serie C1. On commence mal avec un coach avec qui ça ne s’est pas bien passé, puis arrive Notaristefano et on finit en trombe, on passe de dernier à 7ème. Je resigne, mais Simone vend le club à une autre personne et là les difficultés financières arrivent, du coup je suis transféré à Novara en janvier 2009.

A Legnano, tu croises Attilio Lombardo comme coach.

Effectivement l’année où ça va mal, mais il n’y est pour rien, c’était un super entraineur et il nous a beaucoup aidé.

Et aussi un certain Chedric Seedorf…

Oui c’est son frère, mais il n’a pas beaucoup joué… il n’a même jamais joué !

Finalement tu est transféré à Novara pour des raisons économiques ?

Parce-que Legnano va mal financièrement et les joueurs cotés sont vendus, d’ailleurs le club descend à la fin de la saison. J’ai tout de même la chance de signer à Novara qui est en pleine construction à l’époque, ce n’est pas encore celui de maintenant, il vient d’être repris par le président actuel De Salvo qui a tout juste construit Novarello. Je retrouve Notaristefano que j’ai eu à Legnano, mais je me fais une triple fracture de la pommette dès le deuxième match, puis au final on loupe l’objectif de la montée. Du coup le président change tout l’été suivant, il fait venir Tesser qui lui fait venir ses joueurs de confiance. Ça s’est toujours bien passé avec lui mais je ne jouais pas beaucoup.

On t’envoie ainsi en prêt à la Cisco Roma en janvier 2010.

Oui, ils avaient une grosse équipe pour la Serie C2 et on monte tranquillement.

Et comment ça se passe quand on joue dans le troisième club de Rome ?

C’est simple, on n’avait pas de supporters, ils étaient 30 ! Mais on avait vraiment une grosse équipe et le président avait beaucoup investi.

L’été 2011 tu es reprêté en C2 cette fois à Casale.

C’était bien parce que je ne m’éloignais pas trop de Novara, je joue tous les matches mais l’équipe n’a pas un très bon niveau, d’ailleurs, ils changent les 15 joueurs en décembre. A ce moment, le directeur sportif de Novara, Sensibile, m’appelle pour me dire que Nicola Ventola prend sa retraite et qu’ils ont besoin de quelqu’un pour faire le 4ème attaquant car Tesser ne veut pas prendre quelqu’un qu’il ne connait pas. A ce moment là, ils sont leaders en Serie B, j’ai accepté direct, ça se passe super bien parce qu’on monte et puis je fais aussi mes débuts à ce niveau.

S’ensuit un nouveau prêt, à Foggia en Serie C1.

Et la saison commence très bien pour moi, je marque trois buts et signe deux passes décisives mais je me blesse. Là-bas c’est une autre dimension, la ville vit pour le foot, le stade est digne de la Serie A, c’est incroyable. Je croise aussi deux français, Defrel actuellement à Cesena et Guillaume Gigliotti dont j’ai connu le frère David au cente de formation de Monaco.

Puis tu es échangé avec Parravicini de Siena l’été 2012.

Pour une question de bilan financier surtout et je suis prêté à Andria en C1 dans la foulée où j’effectue la plus mauvaise saison de ma carrière.

A cause de la relégation ?

Pas forcément, je n’ai pas beaucoup joué, un nouveau président arrive après ma signature, ça se passe mal avec lui, c’était un bandit et je suis écarté du groupe pro dès décembre, je passe le reste de la saison sans jouer. Je ne pouvais pas non plus retourner à Siena qui jouait le maintien en Serie A, et il faut être honnête, ils ne comptaient pas sur Lanteri pour se sauver. Je passe la deuxième partie de saison à m’entrainer, le club descend et on fait faillite. Mais ça on le savait dès que le nouveau président est arrivé, il avait fait le coup à Montichiari l’année précédente, donc on connaissait le personnage.

Cet été, tu te retrouves à la Paganese, encore en prêt, toujours en Serie C1

J’étais en retard dans la préparation à cause des incertitudes sur l’avenir économique de Siena, je me suis blessé à l’adducteur et je reprends tout doucement. Ma saison commence maintenant en fait.

C’est difficile non ?

Oui les résultats ne sont pas bons, mais on s’y attendait dans le sens où on a l’équipe la plus jeune avec pratiquement que des joueurs nés en 1994. Le président a changé pas mal de choses et va continuer.

Il n’y a pas de relégation cette année en 1^Division de Lega Pro, c’est particulier ?

Oui c’est bizarre, mais pour nous c’est mieux comme ça. Il y a pas mal d’équipes qui ont profité de cette situation, du coup beaucoup de collègues sont descendus en C2 car c’est quasiment plus relevé.

Tous tes anciens clubs sauf Novara ont fait faillite, ça t’attriste ?

Legnano c’est très triste parce que j’avais vraiment des bons rapports avec tout le monde, je suis toujours en contact avec l’ancien secrétaire du club. Ce sont des gens qui m’ont beaucoup aidé, j’étais jeune, je mangeais tout le temps avec les employés à la cantine du club. Foggia bon ils ont de nouveau une nouvelle équipe en pro, même si ce n’est pas le vrai Foggia, la Cisco Roma était à deux doigts de la Serie B mais les dirigeants ont du lâcher à cause de la crise, Casale je ne suis pas resté longtemps. A Andria, c’est particulier même si j’avais de bons rapports avec l’attaché de presse, après nous les joueurs on est resté 6 mois sans salaire, on était tous dans le même bateau.

Tu as joué et vécu dans le Nord et le Sud de l’Italie, tu as noté une si grande différence qu’on le dit ?

Oui, dans le Sud c’est beaucoup plus chaleureux, à Foggia par exemple ça allait bien au début et le public nous poussait, à l’inverse, quand ça va mal, ils sont là aussi… Dans le Nord, c’était le plus calme, mais je me suis bien trouvé partout.

Tu as encore des contacts avec Marco Simone ?

Bien sur, on s’appelle une fois par semaine, c’était plus un ami que mon agent.

Est-ce que tu reviendrais en France si tu en avais l’occasion ?

Pourquoi pas, bon ça fait longtemps que je suis parti, j’ai été beaucoup blessé, ce serait par exemple compliqué de viser la Ligue 2 mais trouver un club de National pourquoi pas. Mon contrat se finit en juin, je vais devoir trouver un club, on verra.

Petit zoom sur ta carrière, 29 buts en 150 matches en 7 saisons et demies, sans être toujours titulaire, quel bilan en tires-tu ?

Sans blessures, ça aurait pu être mieux et il y a aussi le fait qu’en France je jouais attaquant, mais en Italie, j’ai souvent joué milieu latéral dans un 442 ou ailier dans un 433. L’avantage c’est que maintenant je peux jouer un peu partout devant, mon bagage technique s’est enrichi.

Tu resterais vivre en Italie après la fin de ta carrière ?

Non je pense rentrer en France, j’aime la côte d’Azur où je suis né, c’est un coin de la France que j’aime beaucoup.