W9 diffusera le quart de finale de l’Europa League qui oppose l’Olympique lyonnais à la Juventus. Aux commentaires, on retrouvera l’ancien international français Jean-Marc Ferreri. Un match particulier pour ce fils d’immigrés piémontais encore très attaché au pays de ses parents.

Parle nous de tes origines italiennes, d’où viens-tu ?

Et bien pour moi ce Lyon-Juventus va être vraiment un match particulier et je serai très ému au match retour à Turin car mon père était tout simplement carabinier au Stadio Comunale lors des rencontres de la Juve. Mon papa Attilio, que j’ai perdu il y a trois ans, et ma maman Margherite sont tous les deux nés à Frabosa Soprana dans la province de Cuneo, c’est dans les montagnes du Piémont. Dans les journaux à l’époque, j’étais Jean-Marc Ferreri le fils du carabinier piémontais. J’ai encore des oncles et des tantes là-bas.

Tu as bien baigné dans la culture italienne ?

Ah plus que ça même, mes parents ont immigré du côté de Roanne dans la Loire après la guerre en 1949, et à la maison on ne parlait pas français.

Durant ta carrière tu as d’ailleurs croisé plusieurs fois la route de l’Italie, notamment lors d’un France-Italie au Mondial 1986

Oui j’avais remplacé Platini dont on m’avait désigné comme son successeur, notamment à cause des origines italiennes que l’on avait en commun. C’était étrange, surtout pour la famille qui était partagée.

Tu croises aussi le Milan avec l’AJ Auxerre en 1985 et notamment un certain Maldini à son tout premier match européen, quel souvenir en gardes-tu ?

Plus que Maldini, c’était surtout la défense du Milan qui a duré pendant presque dix ans avec Tassotti et le grand Franco Baresi que je retrouve en 1993 en finale de Champions League avec l’OM. J’ai un grand souvenir de ce match car on gagne 3-1 avec notre petite équipe d’Auxerre que personne ne connaissait. Et d’ailleurs quand les Milanais avaient débarqué à Auxerre, ils croyaient que le stade était celui de l’entrainement mais Guy Roux leur a bien dit “non non, c’est là qu’on joue”. On les avait rendus fous sur le terrain, malheureusement on perd 3-0 là-bas avec une grosse erreur d’arbitrage en plus. Étant d’origine italienne, j’avais le droit à mes articles dans La Gazzetta dello Sport ! Mais le plus grand souvenir c’est surement le Napoli-Bordeaux en Coupe de l’UEFA en 1988, on perd 1-0 à domicile et on fait 0-0 là-bas au San Paolo à 10 vs 11. C’était le grand Naples de Maradona dans une ambiance incroyable.

Tu as fréquenté pas mal de ritals dans ta carrière, les Platini, Genghini, Bellone, Di Meco, ce point commun vous rapprochait-il ?

Oui il y avait la fibre bien sure mais bon à la différence de ceux que tu as cités, moi j’étais 100 % italien, j’étais le seul à avoir les deux parents nés en Italie.

As-tu eu l’opportunité de signer dans un club italien ?

Bien sûr, quand j’ai été champion d’Europe en 1984, j’avais une offre de la Sampdoria, la Juve était également intéressée. Mais bon à l’époque Guy Roux ne voulait pas me laisser partir, il a fermé toutes les portes à chaque fois. Et puis sans l’arrêt Bosman c’était plus compliqué de quitter la France. C’est un regret de ne pas avoir pu jouer dans le pays de mes ancêtres.

A l’époque où tu étais joueur, appréciais-tu particulièrement un collègue italien ?

J’aimais beaucoup Roberto Baggio et Bernard Tapie me comparait souvent à lui vu qu’on jouait au même poste. Quand je faisais des grands matches, Bernard me disait “Putain aujourd’hui tu m’as vraiment fait penser à Baggio” en revanche, quand je passais à travers, il me chambrait “bon aujourd’hui tu m’as fait penser à Roberto !”

Et aujourd’hui ?

J’aime beaucoup la technique de Pirlo, c’est un joueur merveilleux même s’il n’est plus tout jeune.

Tu es commentateur sur W9/M6 et tu as eu plusieurs fois l’occasion de suivre les matches de la Squadra Azzurra, c’était compliqué non ?

J’ai essayé d’être impartial ! En plus j’ai fait Espagne-Italie en poules à l’Euro 2012. Toute ma famille m’écoutait, faut savoir que mes sœurs sont toutes mariées à des italiens, j’ai un beau frère producteur de vin à Santenay en Bourgogne, Gino Capuano, qui est un fou de l’Italie, ils voulaient que je dise du bien de la Nazionale quand j’étais aux commentaires. C’était le cas en première mi-temps, les Italiens avaient mangé les Espagnols qui s’étaient repris en seconde période et là on m’avait dit que j’avais été trop pour l’Espagne ! J’ai fait aussi un Ecosse-Italie en qualification de l’Euro 2008, une victoire 2-1 en fin de match et un autre bon souvenir.

Peu de monde le sait, mais tu travailles également avec l’équipementier italien Acerbis

Tout à fait, c’est une entreprise lombarde mais mon fournisseur est à Turin. J’ai réussi à ramener une trentaine de clubs amateurs français et il y a mon nom brodé sur chaque article. D’ailleurs là je pourrai aller les voir à Turin et faire d’une pierre deux coups !

Parlons du match Lyon-Juventus, que fait la Vieille Dame en Europa League, sa place est en Champions League, non ?

Bah ils ont merdé avec Galatasaray, il faut faire premier ou deuxième, on savait qu’une place était “réservée” au Real. Mais ils se sont plantés les deux matches contre les Turcs, ils n’ont pas été bons et puis la rencontre là-bas a été particulière…Mais je ne suis pas non plus étonné de les voir ici, ça fait sept ans que je commente l’Europa League pour W9/M6 et j’ai eu du lourd avec les repêchés en Champions League, avec notamment Chelsea qui l’a emporté l’an passé, on a vu aussi Manchester City, Manchester United, l’Atlético Madrid…

C’est le grand favori la Juve ?

Oui il y a avait le Napoli aussi qui m’avait une énorme impression parce que je commente les matches de Marseille sur OM TV. Pour moi les deux favoris c’était ces deux-là.

En Italie on ne donne pas cher de la peau de l’OL, l’exploit est-il possible ?

Ce point de vue est logique. Mais si l’OL avait eu tous ses titulaires, l’exploit était possible sur deux matches car ils ont de bons joueurs de ballon. Sauf que là ils ont cinq blessés majeurs donc c’est vraiment compliqué.

La semaine prochaine, tu fais le match retour à Turin, qu’est ce que tu prendras au resto là-bas ?

Déjà je vais pleurer quand je vais revoir le Piémont…Quand j’étais petit j’allais voir la famille tous les étés où il y a avait notamment les cinq frères de mon père, je me régalais avec les antipasti du Piémont, donc ce sera au menu !